L'impression 3D des médicaments sera-t-elle l'avenir des laboratoires pharmaceutiques ? La toute jeune deeptech montpelliéraine MB Therapeutics (trois collaborateurs) en est convaincue et annonce, quelques jours seulement après sa création, le lancement de sa solution Med-U-Modular, une imprimante 3D de médicaments.

« Cela fait huit ans que nous menons des études à la Faculté de Pharmacie de Montpellier et au CHU de Nîmes, précise Stéphane Roulon, cofondateur de MB Therapeutics avec Ian Soulairol, pharmacien responsable de l'unité préparations contrôles et des essais cliniques à la pharmacie du CHU. Face à un manque de process automatiques pour produire des médicaments personnalisés et innovants répondant aux besoins des patients, nous nous sommes intéressés aux solutions qu'offre l'impression 3D. Avec des résultats très positifs. »

Des comprimés adaptés aux enfants

Pour certaines pathologies, l'industrie pharmaceutique ne répondant pas aux besoins des patients, les pharmaciens doivent préparer des médicaments aux dosages adaptés. Dès 2016, Stéphane Roulon, alors responsable du laboratoire impression 3D chez Sanofi, s'est intéressé à la flexibilité de fabrication de cette technologie. Une rencontre avec Ian Soulairol, confronté depuis des années aux besoins de médicaments personnalisés, les a conduit à mener un projet collaboratif dont l'ambition première est la santé des enfants.

« Gélules et comprimés ne sont pas adaptés aux enfants en termes de taille et de quantité de principes actifs (38% des enfants reçoivent au moins un médicament préparé par un pharmacien, NDLR), insiste Stéphane Roulon. D'autre part, les suspensions liquides, peu stables et contenant des excipients à effets notoires, présentent un risque d'erreur d'administration notable avec les pipettes doseuses. D'ailleurs, 40% des parents commettent des erreurs de dosage lors de l'administration des médicaments. Avec sa technologie, MB Therapeutics propose un environnement sécurisé au plus proche du patient. »

Cartouches pharmaceutiques

Pour développer sa solution Med-U Modular, la deeptech s'est rapprochée de l'expertise de Lynxter, spécialiste des imprimantes industrielles 3D à intrusion. Cette société basque est d'ailleurs l'une des rares à faire de l'impression 3D par dosage volumétrique, système qui favorise un réglage précis et indépendant du débit en fonction du matériau, garantissant ainsi une meilleure reproductibilité et une qualité constante des produits pharmaceutiques imprimés.

Pour la commercialisation de son innovation, MB Therapeutics vise les départements R&D des CHU, universités, préparateurs pharmaceutiques...

« Nous accompagnons les établissements qui souhaitent développer leur propre encre (gels/pâtes, NDLR) mais à horizon 2026, nous serons en mesure de proposer une solution globale clé en main, très simple d'utilisation, avec des cartouches pharmaceutiques contenant des principes actifs, projette le dirigeant. L'impression 3D à la demande permettant d'ajuster le dosage en fonction du patient, voire d'associer différentes molécules en un seul médicament, nous sommes convaincus qu'à l'avenir, tout pourra être personnalisable, y compris le paracétamol. »

Pallier les ruptures de stocks

Avec sa nouvelle génération de médicaments, MB Therapeutics entend jouer un rôle clé sur le marché des préparations pharmaceutiques estimé à 15 millions de dollars, avec un taux de croissance annuelle de 7%. D'autant que dans le secteur, les ruptures de stocks sont un problème majeur, compromettant l'accès aux médicaments essentiels pour de nombreux patients.

« La majorité des ruptures de stock observés sont liées à un manque de produits finis, assure Stéphane Roulon. En utilisant l'impression 3D, les préparations officinales et hospitalières peuvent limiter les tensions d'approvisionnement ou de rupture. »

MB Therapeutics, qui recrute actuellement trois ingénieurs, envisage la construction en 2026 d'une unité de production. Pour accélérer, la deeptech montpelliéraine pourrait avoir recours à une levée de fonds dès 2024.