Au CES de Las Vegas, YellowScan se lance sur la cartographie par drone LiDAR des fonds marins et rivières

Mesurer l’érosion du trait de côte, cartographier des rivières non navigables pour établir un niveau de sédimentation, modéliser les inondations ou faire un suivi écologique. Autant d’enjeux qui nécessitent de cartographier ces zones aquatiques. L’entreprise héraultaise YellowScan annonce, depuis le CES 2024 de Las Vegas, le lancement de son drone LiDAR bathymétrique à cet effet.
Cécile Chaigneau
YellowScan lance le YellowScan Navigator, drone LiDAR bathymétrique permettant de cartographier les zones aquatiques.
YellowScan lance le YellowScan Navigator, drone LiDAR bathymétrique permettant de cartographier les zones aquatiques. (Crédits : YellowScan)

Les cartographies aériennes des zones terrestres ont démontré depuis longtemps leur intérêt. Avec le changement climatique, des saisons plus sèches et plus chaudes entrecoupées d'épisodes de fortes pluies et de crues, celles des fonds marins ou des rivières devient nécessaire pour surveiller, modéliser et atténuer l'érosion côtière et les risques d'inondation, mais aussi pour comprendre les habitats de la biodiversité.

C'est le pari que prend l'entreprise héraultaise YellowScan. Elle qui conçoit et développe des solutions matérielles et logicielles de cartographie par drones LiDAR (technologie de télédétection par faisceaux laser permettant de faire de la cartographie 3D) annonce, le 9 janvier depuis le CES 2024 de Las Vegas, la sortie de son nouveau système bathymétrique, le YellowScan Navigator. La technologie LiDAR permet en effet de capturer de la donnée  à travers l'air et la végétation (laser aérien) ou à travers l'eau (laser bathymétrique).

Lire aussiYellowScan investit pour sa croissance

Un segment de marché en croissance

Depuis plusieurs années, le marché des drones connaît une croissance rapide en raison de leur capacité à fournir des solutions innovantes et pratiques pour des applications variées. En 2019, un rapport de la Direction de la sécurité de l'aviation civile (DSAC) indiquait que le nombre d'exploitants professionnels (plus de 8.500 à ce moment-là) augmentait rapidement, à raison de 2.000 nouveaux acteurs par an pour des usages variés comme la photographie, la cartographie, la surveillance de sites et d'infrastructures ou le transport de colis.

Selon une analyse du marché des drones LiDAR publié en novembre 2023 par le cabinet d'études Exactitude Consultancy, « les drones LiDAR sont devenus des outils puissants pour capturer des données 3D très précises de la surface de la Terre » et ce marché « devrait croître de 21% de 2023 à 2030 pour atteindre plus de 733.52 millions de dollars (contre 193.16 millions de dollars en 2023) », avec une croissance notable en Amérique du Nord qui pèse pour 40% du marché mondial. L'étude indique que « les principaux acteurs du marché des drones LiDAR comprennent Systèmes Lidar Phoenix, Leica Geosystems AG, Teledyne Imaging, Topodrone, PolyExplore Inc., Microdrones, UMS Skeldar, Yellowscan, OnyxScan, RIEGL Laser Measurement Systems GmbH ».

Lire aussiQuand les militaires draguent les drones civils

« Un besoin non satisfait »

Créée en 2012 et basée à Saint-Clément-de-Rivière, près de Montpellier, YellowScan emploie 60 salariés et fournit ses équipements principalement aux cabinets de géomètres-topographes, mais aussi à sa maison-mère, L'Avion Jaune, spécialisée dans les services d'imagerie aérienne destinés à la topographie. Les applications sont multiples : archéologie, génie civil, recherche environnementale, exploitations forestières, mines et carrières, suivi de chantier mais aussi « dans les énergies renouvelables, sur le volet construction, pour établir des cartes du terrain, définir les meilleurs emplacements d'implantation, faire le suivi des lignes à haute tension », indique Tristan Allouis, directeur technique de YellowScan.

Le YellowScan Navigator propose donc désormais de cartographier la topographie sous-marine, dans les rivières, les étangs et les zones côtières.

« Il s'agit d'un besoin non satisfait sur le marché de la cartographie, affirme Tristan Allouis à La Tribune, alors que s'ouvre ce matin du 9 janvier, les portes du CES, grande messe mondiale de l'innovation. Jusqu'à présent, YellowScan ne touchait pas à l'eau et sur le marché, il existe très peu de capteurs qui permettent de faire ça avec un drone. Nous avons conçu le capteur de A à Z, ce qui représente un investissement important d'environ 1,2 million d'euros au total, soutenu par un projet FEDER de la Région Occitanie. C'est un projet pivot pour l'entreprise... La maîtrise de la conception du matériel nous a permis de développer des algorithmes de traitement avancés et de pousser les performances du système à la pointe de la technologie. »

Lire aussiDrone Geofencing lève 1,4 million d'euros pour booster son gestionnaire de flottes de drones

Trait de côte et sédimentation des rivières

Le YellowScan Navigator est une solution LiDAR bathymétrique innovante : équipé d'un scanner laser développé en interne au cours des cinq dernières années, il est conçu pour cartographier les fonds marins à une profondeur comprise entre 0 et 3 mètres, et jusqu'à 18 mètres dans des conditions d'eaux parfaitement claires. Il peut voler jusqu'à 100 mètres au-dessus de la surface de l'eau et fournit des mesures « avec une précision de 3 centimètres », promet l'entreprise héraultaise. Une caméra intégrée permet d'assurer la colorisation des données en couleurs réelles.

« Cette solution va permettre aux utilisateurs de cartographier des zones non accessibles car non navigables, par exemple sur des rivières, sur les zones côtières comme en Méditerranée où on trouve des zones entre zéro et cinq mètres de profondeurs pour lesquelles il n'y a pas de techniques permettant d'acquérir des données, explique le dirigeant. Cela permettra de mieux renseigner l'érosion du trait de côte ou le niveau de sédimentation des rivières, de préciser les tirants d'eau dans les ports, de faire du suivi écologique pour les chercheurs. Sur les rivières en particulier, le YellowScan Navigatorpermettra de faire le suivi de la dynamique du cours d'eau, de modéliser les inondations, de qualifier les prévisions des conséquences de lâcher d'eau sur un barrage. »

A Montpellier, une autre entreprise, Water Robotics, spécialisée dans l'acquisition et le traitement des données en milieu aquatique, a conçu une solution pour scanner des milieux aquatiques et littoraux, qui regroupe un module logiciel et un système de navigation permettant de piloter plusieurs drones-bateaux capables d'embarquer de nombreux types de capteurs et autres sondes multi-paramètres. Elle prépare la sortie d'un drone sous-marin qui pourra descendre à 100 mètres de profondeur.

Lire aussiComment Water Robotics, « Robocop de la police de l'eau », allie drones aquatiques et IA

Fabriquer ses propres capteurs

Le prototype a déjà été largement testé et a réalisé quelque 350 vols, « notamment au Japon », précise Tristan Allouis, qui annonce que des recrutements ont déjà été faits et d'autres interviendront prochainement pour la commercialisation, la production et le suivi clientèle.

Car si ce nouvel équipement signe un pivot pour l'entreprise, c'est que YellowScan se lance désormais dans la fabrication de ses capteurs.

« Jusqu'à présent, nous achetions les éléments, notamment les scanners laser, et nous étions intégrateur système, déclare Tristan Allouis. C'est une première étape. L'objectif est de fabriquer nos propres systèmes pour notre segment de produits haut de gamme - nous resterons intégrateur système sur quelques produits sur lesquels on ne serait pas compétitifs - et de devenir un acteur mondial reconnu sur le domaine de système LiDAR. »

YellowScan, qui détient une filiale à Salt Lake City et une autre à Tokyo, distribue ses produits dans une trentaine de pays dans le monde, via une quinzaine de revendeurs et réalise ainsi 90% de son chiffre d'affaires (non communiqué) à l'export. Tristan Allouis annonce « une croissance de 40% par an ».

Lire aussiDrones : la startup havraise Drone XTR emporte le marché de la surveillance des aéroports

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 14/01/2024 à 13:40
Signaler
bonjour, le radar lidar sous eau est indispensable pour les secours car 1metre d'eau ou 6 mètres est différent, tous les véhicules blindés ont le problème, tous les bateaux, vous traversez une flaque, manque de pot un trou , votre véhicule est hs

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.