Il y a 6 mois Georges Frêche mourrait

Interview croisée de ses deux successeurs, Christian Bourquin à la Région et Jean-Pierre Moure à l'Agglomération de Montpellier. Les deux se situent dans la « continuité ».

Objectif Languedoc-Roussillon : Est-il difficile de succéder à Georges Frêche ?

Christian Bourquin : Cela a été un tournant. Il a fallu intégrer qu'il ne serait plus là. Il a été le personnage central de ma vie, plus fort que la famille pour moi. Il m'avait confié qu'il se voyait en moi. Moi, je viens après sur des responsabilités qu'il a tenues. Mais on a su prendre les choses en main de façon propre et digne, par le vote. D'autres avaient des ambitions légitimes comme Damien Alary et Didier Codorniou... Ce sont aujourd'hui de fidèles amis. Vous savez, j'avais déjà assuré son intérim pendant six mois en 1994. Mon opération (*) m'a plus changé que cette prise de fonction. Six jours après, j'étais au bureau. Je le dois à mon mental d'acier. Mais je m'oblige à ralentir, je ne travaille plus 15 heures par jour, mais 10.
Jean-Pierre Moure : Son décès a été un tsunami. Il était mon grand-frère, me déléguait beaucoup, on fonctionnait au clin d'œil. Mais on ne succède pas à Georges Frêche. Je conduis l'Agglomération selon ma personnalité : lui tonitruant, moi dans la négociation, une main ferme dans un gant de velours. Depuis que je suis à la tête de l'Agglo, je fais mienne sa phrase : « l'épée l'emporte toujours sur le bouclier ». Il faut avoir de l'audace et deux coups d'avance pour relever les défis.

Objectif Languedoc-Roussillon : Allez-vous poursuivre ses projets ?


Christian Bourquin : Le programme de la campagne électorale n'a qu'un an. Nous l'avons élaboré ensemble. Je me place dans sa continuité. Il n'y a pas de rupture. Mais mon style apparaît. Christian Bourquin fait du Christian Bourquin. Georges Frêche énonçait sa vision des choses depuis son bureau et en assurait par écho sa présence dans la région. Moi je porte cette parole moi-même sur le terrain.
Jean-Pierre Moure : J'ai les mêmes convictions que lui sur des projets tels que le musée de l'Algérie ou la place des Grands Hommes. Je me situe dans la continuité notamment pour la culture, le sport, qui sont deux compétences essentielles pour l'Agglo. Georges Frêche a lancé des chantiers décisifs, mais il faut aller plus loin, donner un élan supplémentaire, se baser sur l'innovation, dégager des pôles de compétitivité, avoir sur ce territoire une ambition qui se justifie et arriver à fédérer le milieu économique et décisionnel pour que chacun se considère comme ambassadeur du Grand Montpellier, qui doit être le poumon de cette région.

Objectif Languedoc-Roussillon : Avez-vous pris des décisions non initiées par Georges Frêche ?


Christian Bourquin : J'ai pris de très grandes décisions depuis ces six mois. Sur le TGV, il a fallu lancer 10 M€ pour les études et combler le déficit du Département qui ne voulait pas venir. On a aussi travaillé sur le train à un euro ou le portable gratuit pour les lycéens. Sur l'université, j'ai été amené à taper du poing sur la table pour mettre fin des palabres, sinon nous n'aurions pas eu sept laboratoires d'excellence. Pour le port de Sète, j'ai fait voter 200 M€. Enfin, sur les aéroports, j'ai décidé d'attribuer la délégation de service public à Veolia.
Jean-Pierre Moure : Oui, j'ai par exemple suspendu le projet de centre d'enfouissement à Fabrègues. L'Agglo se repositionne pour trouver des solutions mutualisées dans le cadre du plan départemental des déchets. Sur l'intermodalité des transports, la vision de Georges Frêche était : les trois lignes de tramway et les trois à venir, le doublement de l'A9, la gare Odysseum-TGV, le contournement Nîmes/Montpellier. Mais il manquait 400 M€. J'ai pris l'initiative de dire on va les trouver avec la Région, les Agglomérations de Montpellier et Nîmes et le Département du Gard.

Propos recueillis par Anne-Isabelle Six

(*) opéré le 28 février 2011 d'un cancer qui a conduit à l'ablation d'un rein.

À lire également :
- Georges Frêche est mort le 24 octobre.
- Les réactions du monde économique à la mort de Georges Frêche.

Légende : Jean-Pierre Moure et Christian Bourquin inscrivent leur action dans la continuité de Georges Frêche.

Crédit photo: Christine Caville

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