L’Occitanie dans le top 3 des festivals en France selon une étude nationale

Dans une étude publiée début février, Edwige Millery, chargée d'études au ministère de la Culture, et Emmanuel Négrier, directeur du Centre d'études politiques et sociales (CEPEL) de l'université de Montpellier, dressent un portrait précis de la France des festivals. Et proposent un zoom instructif sur l’Occitanie.
Portés le plus souvent par des associations les festivals sont sous pression des prix et de la mobilisation des bénévoles.
Portés le plus souvent par des associations les festivals sont sous pression des prix et de la mobilisation des bénévoles. (Crédits : Photo Désertival / Ille sur Têt)

Les festivals sont une affaire sur leur territoire. Que vous accueilliez quelques centaines de personnes autour d'un événement sur plusieurs jours ou des centaines de milliers, ils marquent de leur empreinte la zone qu'ils irriguent. Le feuilleton du festival catalan des Déferlantes en apporte une preuve tangible tant les tractations ont été intenses pour accueillir ce poids lourd de la région en froid avec la commune de Céret (Pyrénées-Orientales) qui l'avait accueilli en 2022... Pas moins de six ou sept communes ont été pressenties avant que la direction du festival annonce se replier sur Le Barcarès, qui héberge déjà une autre manifestation importante, l'Electrobeach.

Puis, fin février, c'est un autre festival important qui se met en pause, Fireland organisé depuis deux ans à Perpignan par les sapeurs-pompiers. La cause ? La difficulté à concilier l'engagement des pompiers, bénévoles sur le festival, au cœur d'une saison rendue difficile à cause de l'afflux de touristes dans le département et la sécheresse qui fait bondir le risque d'incendies. Et l'on ne parle pas de l'inflation des coûts techniques et des cachets qui font flamber les factures des organisateurs, le plus souvent sous forme associative.

Au regard de cette actualité, qui illustre deux tendances à l'œuvre, l'étude cartographique publiée début février dans la revue Culture Études (éditée par le ministère de la Culture) par Edwige Millery, chargée d'études au ministère de la Culture, et Emmanuel Négrier, directeur du centre d'études politiques et sociales (CEPEL) de l'université de Montpellier, est pleine d'enseignements.

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7.300 manifestations recensées en France

Il y a d'abord la question de la définition, ramenée à quatre critères cumulatifs*. Fort de cette définition, ils ont pu entamer leur recensement pour dénombrer 7.300 manifestations à l'échelle de la France. L'Occitanie entrant dans le Top 3 avec 12% des manifestations derrière Provence-Alpes-Côte d'Azur (13%) et Auvergne-Rhône-Alpes, 13% également. Ajoutez un quatrième larron, la région Nouvelle-Aquitaine, et vous tenez plus de la moitié des festivals qui se tiennent en France chaque année sur une zone qui ne compte que 37% de la population.

Pourtant, si l'on change de loupe et que l'on regarde, comme ils l'ont fait, en rapportant le nombre d'habitants au nombre de festivals, la carte change puisque la Corse arrive en tête avec 20 festivals pour 100.000 habitants devant la région PACA, 19 festivals pour 100.000 habitants...

Si l'explosion des festivals remonte aux années 1980, sous l'impulsion en particulier de la politique culturelle déployée par Jack Lang et la décentralisation, certains ont une longue histoire (Cannes, Arles, Avignon). Mais la moitié des manifestations qui se sont tenues en 2019 sont nées au cours de la dernière décennie. 40% des festivals sont consacrés à la musique, 22% au spectacle vivant, et 38% d'entre eux se déroulent durant la saison estivale (21 juin - 5 septembre). Ce qui incite les chercheurs à s'interroger.

« Cette géo-saisonnalité pose, aujourd'hui et encore davantage à plus long terme, la question de la soutenabilité des événements. Dans ces régions (du sud de la France, NDLR), le dérèglement climatique accentue le risque que des chaleurs trop intenses compromettent l'organisation d'événements à ces dates », écrivent Edwige Millery et Emmanuel Négrier.

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L'Hérault en tête des festivals en Occitanie

Qu'en est-il donc plus précisément en Occitanie ? Le département de l'Hérault se situe dans le peloton de tête avec 154 festivals, mais reste loin derrière les Bouches-du-Rhône (305 manifestations) ou Paris (298 manifestations). Toulouse, Montpellier et la frange côtière ont tendance à concentrer une bonne partie de l'offre mais sans assécher les arrières-pays ou les zones rurales. La saisonnalité y est par contre inversée. : en été pour les festivals des zones rurales et côtières, et en hiver pour les zones de métropoles qui accueillent plutôt des manifestations en avant ou arrière-saison.

« Mais, les logiques sont différentes, soulignent encore les chercheurs. Il y a un monde entre les gros festivals de musique actuelle et leurs problématiques de concurrence, d'exclusivité artistique, de coûts de sécurité et de menace de rachat privé, et l'effervescence généraliste et bénévole des petits événements, qui ne connaissent rien de telles contraintes mais qui en vivent d'autres comme l'essoufflement du bénévolat, l'étroitesse ou l'absence de soutien public ou la difficulté de professionnalisation. »

Dans la région, seuls Jazz in Marciac (200.000 personnes) et Les Déferlantes (104.000 personnes) se hissent dans le Top 20 établi chaque année par touslesfestivals.com. Loin des 900.000 participants du festival Interceltique de Lorient.

Les chercheurs ont retenu quatre critères : avoir connu au moins deux éditions, se dérouler dans un temps limité mais sur plus d'une journée, proposer au moins cinq représentations.

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