Acte 8 des gilets jaunes : quels dégâts dans l’écusson montpelliérain ?

Les témoins parlent de « chaos » et de « scènes de guerre »… L’hyper centre de la capitale languedocienne a connu un nouvel épisode de violences, le 5 janvier, en marge de l’acte 8 du mouvement des gilets jaunes. Quelque 100 à 200 activistes étaient à l’œuvre, selon la préfecture de l'Hérault.
Cécile Chaigneau
Montpellier, comme de nombreuses les grandes villes de France, a connu des exactions en marge des manifestations des gilets jaunes le 5 janvier.
Montpellier, comme de nombreuses les grandes villes de France, a connu des exactions en marge des manifestations des gilets jaunes le 5 janvier. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)

En centre ville de Montpellier, les exactions en marge de la manifestation des gilets jaunes, « acte 8 » du mouvement, ont choqué. Au fil de la journée, selon le récit de la préfecture de l'Hérault, les événements ont dégénéré et l'écusson ainsi que les abords de la gare Saint-Roch ont été le théâtre de violences, perpétrées par des casseurs.

Dans l'écusson, des manifestants non munis de gilets jaunes ont ainsi été vus en train de dépaver une rue, et du côté de la gare Saint-Roch, « les forces de l'ordre auraient essuyé des jets d'acide », selon le maire Philippe Saurel.

Pour sa part, la préfecture de l'Hérault liste « des jets de projectile visant les forces de l'ordre aux abords de la préfecture puis au niveau de la gare Saint-Roch, un local et un véhicule de la TAM (Transports de Montpellier Méditerranée Métropole, NDLR) ainsi que des accès de la gare sévèrement dégradés, du mobilier urbain dégradé et utilisé comme projectiles visant les forces de l'ordre, des incendies de poubelles en divers points du centre-ville (place des Martyrs de la résistance, rue Foch, Observatoire), ou encore une grenade artisanale qui a justifié l'intervention du déminage sur la place des Martyrs de la Résistance ».

100 à 200 activistes, 6 interpellations, 7 blessés

Des violences que les observateurs, dont les commerçants, qualifient comme allant croissant de samedi en samedi, et qui ont été largement condamnées, notamment par le préfet Pierre Pouëssel : « Face à ces débordements, le centre de crise de la préfecture a été activé dès 8 h pour coordonner un dispositif important de sécurité publique et de secours s'appuyant sur les agents de la sécurité publique - colonne départementale d'intervention, BAC, groupes de sécurité de proximité, police secours -, des CRS, de la police aux frontières et des sapeurs-pompiers de l'Hérault ».

« Parmi les 600 manifestants, entre 100 et 200 activistes violents armés de barres de fer, de ballons d'acide, de bombes agricoles et de pavés ont agressé des agents de la TAM et de la sûreté ferroviaire et les forces de l'ordre », annonce la préfecture au lendemain des manifestations.

L'intervention des forces de l'ordre a permis de procéder à six interpellations. Les sapeurs-pompiers de l'Hérault ont éteint plusieurs incendies et pris en charge les sept personnes blessées lors de cette journée, à savoir trois manifestants et quatre fonctionnaires de police visés par des jets de projectile.

« Des faits de guérillas urbaines »

Du côté de la CCI Hérault ou de la Ville de Montpellier, pas de bilan chiffré des dégâts occasionnés à ce jour. Mais la chambre consulaire affirme que "depuis le début du mouvement, la baisse moyenne de fréquentation et de chiffre d'affaires pour ces entreprises est de 40 %".

« Les derniers débordements en marge de la manifestation des gilets Jaunes, samedi 5 janvier, en centre-ville de Montpellier, sont inacceptables. Ils continuent d'impacter, tant en terme d'image qu'économiquement, le centre-ville de Montpellier, comme le reste du territoire », déclare André Deljarry, président de la CCI Hérault, 1er vice-président de la CCI Occitanie, condamnant fermement les scènes de violence du week-end.

Après avoir twitté « Je condamne avec la plus grande fermeté les violences commises à Montpellier par des casseurs, mettant en danger les citoyens et paralysant la vie économique », Philippe Saurel déclare, le 7 janvier sur France Bleu : « Ce sont des faits de guérillas urbaines, on n'est plus dans les gilet jaunes et les revendications citoyennes, on est dans le combat de rue. Je considère que manifester oui, casser la ville non ».

« Des fêtes très bizarres cette année... »

« Nous n'avons pas chiffré les dégâts, déclare également Alain Simon, président de la Fédération des associations de commerçants, d'usagers et de consommateurs du grand Montpellier (FADUC). Il y a des problèmes à différents niveaux. Evidemment les dégâts matériels directs comme les vitrines brisées ou le matériel détérioré, mais aussi les difficultés des commerces de bouche avec des produits alimentaires qui ne peuvent être distribués. Et bien sûr, le problème des fermetures de magasins dans une période normalement plutôt animée, notamment le samedi qui est un jour d'affluence dans le cœur de ville. Les clients vont faire autrement... »

Le commerçant évoque aussi des confrères « traumatisés » et « des fêtes très bizarres cette année ». Il craint les conséquences financières d'une baisse de fréquentation des boutiques déjà réelle et qui sera peut-être accrue lors des prochains samedis.

Indemnisations

La CCI Hérault s'est penchée sur une éventuelle indemnisation des commerces qui ont souffert.

Le 8 janvier, André Deljarry sollicite le Préfet de l'Hérault afin de mettre en place "une réunion avec l'ensemble des parties prenantes de l'économie au niveau départemental pour étudier les pistes permettant de venir en aide aux entreprises directement impactées par ces mouvements".

Ainsi, la CCI Hérault propose-t-elle d'affecter une partie de la TASCOM (taxe sur les surfaces commerciales, plus d'1,2 Md € au niveau national) et de la TLPE (taxe locale sur la publicité extérieure) au soutien financier des commerces et entreprises directement impactés par les opérations des gilets jaunes, sous la forme d'un dossier d'indemnisation avec montage et instruction des dossiers par les chambres consulaires et mise en place de commissions sous l'égide de la Préfecture pour les attributions.

La chambre consulaire sollicite également "la poursuite de l'accompagnement de la fédération des banques dans le suivi bienveillant des comptes des entreprises impactées", "la poursuite de l'accompagnement des URSSAF dans l'étalement des charges des entreprises impactées", "la mise en place d'une procédure spécifique au niveau du tribunal de commerce", et "la mise en place de référents au niveau de la police pour les entreprises qui ont subi des dégradations, ainsi qu'au niveau des assurances".

Cécile Chaigneau

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