Pourquoi la ministre Jacqueline Gourault sera en Lozère le 7 février

Le maire de Mende, Laurent Suau, et les élus de la Lozère accueilleront, le lundi 7 février, Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Ce sera une première pour elle en Lozère, et on y parlera services publics, accessibilités, désertification médicale ou projet de loi 3DS.
Cécile Chaigneau
Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, sera à Mende, en Lozère, le lundi 7 février 2022.
Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, sera à Mende, en Lozère, le lundi 7 février 2022. (Crédits : Gonzalo Fuentes)

Elle a sillonné la France en long et en large, mais elle n'est encore jamais allée en Lozère, aux dires de son cabinet, joint par La Tribune... Ce qui fait une première bonne raison à Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, pour se rendre à Mende le lundi 7 février prochain afin d'y rencontrer le maire Laurent Suau (PS) mais aussi les élus du territoire. Le maire de Mende qui, ne croyant pas à la capacité d'Anne Hidalgo à fédérer, vient d'ailleurs d'annoncer dans la presse régionale qu'il donnera son parrainage à Emmanuel Macron pour les prochaines élections présidentielles...

Si la ministre se déplace en terres lozériennes, c'est aussi parce que ce département, le moins peuplé de France (76.000 habitants), rassemble à lui seul toutes les caractéristiques d'un territoire (très) rural à la française.

« Quand on vient en Lozère, on trouve un condensé de la ruralité, et même de l'hyper ruralité, ce qui permet de voir toutes les problématiques de la ruralité française, souligne Laurent Suau, sollicité par La Tribune, ce vendredi 4 février. La ministre vient accompagnée de Joël Giraud, son secrétaire d'État en charge de la Ruralité, ce qui est doublement important pour nous et constitue un bon signal envoyé à un territoire rural. »

L'édile de la petite ville de Mende - et néanmoins préfecture de Lozère - se réjouit de cette visite ministérielle qui lui donnera l'opportunité d'un échange en tête à tête avec la ministre et qui sera l'occasion, pour lui et pour les autres élus lozériens, de mettre sur la table les points de crispation qui persiste sur ces territoires ruraux.

Hémorragie de services publics

Au programme du double déplacement ministériel : dès 8h, petit-déjeuner de travail avec les membres du Conseil municipal sur les politiques de la ruralité, puis entretien entre Joël Giraud et les élus locaux sur les enjeux de l'Agenda Rural (plan d'action en faveur des territoires ruraux, proposé par le gouvernement en septembre 2019), suivi du lancement des travaux du futur espace France Services à La Canourgue. Laurent Suau s'entretiendra avec Jacqueline Gourault en fin de matinée, juste avant une déambulation dans le centre-ville de Mende, qui sera, selon le cabinet de la ministre, « l'occasion d'annoncer la labellisation d'un futur espace France Services ».

Et justement, l'un des premiers griefs que Laurent Suau compte évoquer avec ses augustes visiteurs, c'est l'hémorragie des services publics qui prive les habitants vivant dans les zones les plus reculées.

« Ici, nous avons certaines des plus petites communes de France qui connaissent des difficultés à s'adapter aux besoins de la population en matière de services publics notamment, indique Laurent Suau. C'est un sujet éminemment central. Nous avons eu une vraie reculade avec la disparition de nombreux services publics. Heureusement, l'hémorragie est stoppée et l'an dernier, par exemple, nous avons vu avec soulagement l'arrivée d'une vingtaine de nouveaux fonctionnaires des finances publiques. La préfecture a elle aussi reçu des renforts d'effectifs, tout comme le commissariat de police de Mende ces dernières années. Et l'État s'est engagé à créer des maisons France Services : une 15e va ouvrir sur le territoire de la Lozère, à Rieutort-de-Randon (près de Mende, NDLR). C'est vraiment une réponse adaptée... Mais attention aux questions d'accessibilité : l'accessibilité du dernier kilomètre aux services publics, chez nous, c'est parfois les dix derniers kilomètres ! »

Besoin de l'État sur l'investissement

Point positif que l'élu met toutefois en avant : le chantier bien avancé de la fibre sur tout le département « qui, pour une fois, n'est pas en retard ! », souligne-t-il. D'ici 2023, tous les foyers lozériens devraient avoir accès à la fibre, ce qui constitue un véritable atout en termes d'attractivité territoriale et d'accès aux services pour tous.

« Les collectivités locales se sont par ailleurs engagées à mettre en place des conseillers numériques pour que la génération un peu "déconnectée" soit accompagnée », ajoute-t-il.

Parmi les points noirs que le maire de Mende veut mettre sur la table de la ministre et de son secrétaire d'État, figure aussi la nécessité du soutien financier de l'État, aux côtés de la Région et parfois du Département, afin de permettre l'aboutissement de certains projets requérant de lourds investissements.

« L'aide de l'État, comme de la Région et du Département, sur le fonctionnement au quotidien est une chose, mais sur les investissements, c'est aussi très important car notre seule fiscalité locale ne suffit pas, appuie-t-il. On peut mener certaines actions à partir du moment où les trois sont présents. Sans oublier l'Europe pour des investissements structurants, comme le musée du Gévaudan de Mende que l'Europe a financé à hauteur de 20%. Nous, petites communes, avons besoin de cette présence de l'État. »

Une aide qui peut prendre la forme d'un Contrat de relance et de transition écologique (CRTE), ce cadre de coopération entre collectivités territoriales et État qui a vocation à accélérer les politiques environnementales territoriales. Le cabinet de Jacqueline Gourault confirme que le sujet sera sur la table.

« La ministre vient aussi pour signer trois CRRTE, des Contrat de Ruralité, de Relance et de Transition Écologique, entre l'État et trois structures de supra-Communautés de communes en Lozère, indique en effet Laurent Suau. Derrière ces contrats, c'est du concret car tous les axes d'investissement seront prioritaires pour l'État. Ils concerneront des projets autour de trois thématiques : attractivité, mobilités et développement rural. Les enjeux, c'est comment faire du développement local durable, par exemple en matière de tourisme : comment monter en gamme, comment répondre aux problématiques de l'hôtellerie sur la rénovation thermique notamment, etc. »

Désertification médicale, carte scolaire et loi 3DS

La ministre ne repartira pas sans que la question de la désertification médicale, évidemment, soit abordée : « C'est un sujet du quotidien pour moi, et c'est un des sujets des CRRTE car plusieurs collectivités prennent le dossier à bras le corps pour aller chercher de la ressource médicale, alerte Laurent Suau. Nous commençons à étudier l'hypothèse de recourir au dispositif qui permet de salarier des médecins. A Mende, nous souhaitons créer une maison de santé pluridisciplinaire, l'État et la Région Occitanie nous accompagnent. Il faut aussi parler de l'hôpital public. »

Avec une démographie stable, « à l'exception du bassin de Mende où ça progresse », l'édile veut aussi parler éduction et carte scolaire, « avec l'idée de conserver le plus d'écoles possible afin de rendre le territoire attractif ».

Enfin, l'élu prévoit aussi d'échanger sur le projet de loi 3DS (décentralisation, différenciation, déconcentration et simplification), avec ses avancées et ses insuffisances : « Il y a pas mal d'adaptations qui vont nous conforter dans notre quotidien, comme le transfert de l'eau et de l'assainissement des communes vers les communautés de communes ou la zone de revitalisation rurale, cette loi de 2005 qui comprenait des spécificités et des dispositifs fiscaux intéressants pour les territoires les plus ruraux et qui au fur et à mesure a été déshabillée... Il faudrait maintenant aller vers une nouvelle réflexion et de nouveaux dispositifs pour accompagner les territoires les plus fragiles ».

L'élu mendois a battu le rappel en vue de cette visite : compte tenu des enjeux, lundi 7 février, ils devraient être là « massivement », promet-il, pour échanger avec la ministre.

Cécile Chaigneau

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