Départementales (2/2) : incertitude dans les Pyrénées-Orientales, la gauche donnée gagnante dans l’Aude

ELECTIONS DEPARTEMENTALES (2/2) - Dans les Pyrénées-Orientales, l’incertitude plane sur le résultat des élections départementales, pourtant acquises à la gauche depuis 1998. Dans l’Aude, terre de forte tradition socialiste, on peut s’attendre à une victoire de la gauche même si le Rassemblement National devrait secouer quelque peu les habitudes.
Les élections départementales se dérouleront en même temps que les élections régionales, les 20 et 27 juin 2021.
Les élections départementales se dérouleront en même temps que les élections régionales, les 20 et 27 juin 2021. (Crédits : DR)

Pyrénées-Orientales : le RN surfe sur la victoire d'Aliot aux municipales

« Personne n'est capable, à l'instant où je vous parle, de livrer un pronostic fiable sur le résultat des élections départementales dans les Pyrénées-Orientales », confie un observateur avisé de la vie politique locale.

Pour la première fois depuis 1998, la gauche (PS-PC) est sérieusement mise sur la sellette. Signe du malaise, celle-ci tente de jouer la carte de la sécurité : la présidente sortante PS Hermeline Malherbe a choisi de quitter son canton actuel de Perpignan VI pour se présenter sur celui des Aspres, traditionnellement acquis au PS. De même, la majorité sortante mise sur les valeurs sûres plutôt que sur la nouveauté : deux-tiers de ses conseillers sortants brigueront un nouveau mandat.

Face à elle, le RN représente désormais un réel adversaire : le parti, porté par la victoire de Louis Aliot aux dernières municipales à Perpignan, présente une liste menée par Alain Cavalière, ancien président du Tribunal de commerce. Celui-ci a réussi à rassembler des candidats sur les 17 cantons et affirme clairement sa volonté de l'emporter. Si la quasi-totalité de ceux-ci sont inconnus du grand public, le RN affiche une « belle prise » en la personne de Gilles Foxonet, maire de Baixas, qui était pressenti pour être investi par Les Républicains.

Quant à la droite traditionnelle, menée par le sénateur LR Jean Sol, elle était donnée gagnante il y a encore quelques mois, mais ce pronostic est aujourd'hui mis à mal. Elle n'a pas su faire alliance avec les Marcheurs et ainsi bénéficier de l'aura du premier ministre... Jean Castex, ancien maire de Prades, avait pourtant mené les candidats UMP aux précédentes élections de 2015. Pour ces élections 2021, il manque aux Républicains des candidats sur quatre cantons. Ceux-ci ne pourront pas non plus compter sur la popularité locale du maire du Barcarès Alain Ferrand, un temps envisagé comme une option, puis officiellement désavoué par Les Républicains en raison de ses démêlés avec la justice (mis en examen le 6 mai 2021 pour extorsion de fonds en bande organisée, concussion et destruction de preuves, et interdit de territoire dans les Pyrénées-Orientales depuis).

Il est tout à fait envisageable qu'on ne connaisse pas l'identité du futur président ou de la future présidente du Département au soir du 27 juin... Et que le « troisième tour », entre conseillers élus, s'annonce âpre.

L'Aude acquise à la gauche, mais...

Dans l'Aude, terre historiquement constituée d'un électorat de gauche issu du monde coopératif viticole, on peut supposer que la gauche restera au pouvoir au soir du 27 juin. En 2015, un seul canton lui avait échappé, celui de Corbières Méditerranée. La démission d'André Viola (PS) de la présidence du Département l'an dernier et son remplacement par Hélène Sandragné, ne devrait pas y changer grand-chose. Pour autant, l'équilibre politique local n'est pas si établi qu'il n'y paraît.

En témoigne l'alliance politique qui s'est nouée avant même le premier tour entre les partenaires de gauche, autour d'une liste commune « Unis pour l'Aude » (PS, PCF, Europe-Ecologie les Verts, Parti Radical de Gauche, Génération.s de Benoît Hamon et Nouvelle Donne), quand, en 2015, EELV et le PCF avaient présenté des candidats sur de nombreux cantons.

« Faut-il qu'ils ne soient pas sereins pour s'entendre dès le premier tour », a récemment lâché le responsable départemental du RN Christophe Barthès.

Car c'est du côté de l'extrême-droite que vient le danger pour la gauche audoise... Le RN a fait alliance avec la Droite Populaire, l'Avenir Français et les Localistes, et nourrit des ambitions poussées par ses bons résultats au premier tour des Départementales de 2015 : il avait alors obtenu 33% des voix et s'était ainsi qualifié dans 18 des 19 canton.

C'est d'abord sur le littoral audois que peut compter le RN, secteur géographique plus acquis à ses idées que les terres viticoles socialistes, que la Haute-Vallée de l'Aude écologiste, ou que les zones urbaines, Carcassonne, Narbonne et Lézignan-Corbières dirigées par des maires de droite.

Mais la grande inconnue de ces élections reste l'abstention, qui s'annonce importante et qui ne profite généralement pas aux sortants.

« Il y a (...) une farouche détermination à aller chercher les abstentionnistes et expliquer l'intérêt de notre projet pour être de nouveau à la tête du Département dimanche prochain », a d'ailleurs déclaré le président socialiste de Carcassonne Agglo, Régis Blanquet, lors d'un point presse au cours duquel il a affirmé son soutien aux candidats de la majorité départementale*.

Signe que ces élections départementales ne seront peut-être pas une simple formalité dans l'Aude.

Retrouvez ici le 1e volet sur les élections départementales et les enjeux dans les départements de l'Hérault, du Gard et de la Lozère.

* L'Indépendant du 15 juin 2021.

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