Futur agriparc des Bouisses : le maire de Montpellier donne carte (presque) blanche aux citoyens

Sanctuariser un agriparc de 100 ha aux portes de quartiers populaires à l’ouest de la ville, dédié à la nature, à des activités agricoles et aux loisirs. Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, active cette promesse de campagne qui passera par les voies de la concertation citoyenne. Le 16 novembre, il en a présenté les modalités jusqu’en mars 2022. Les premiers aménagements de l’agriparc des Bouisses devraient être livrés fin 2025, en même temps que la 5e ligne de tramway qui le desservira.
Cécile Chaigneau
A l'ouest de la ville de Montpellier, le futur agriparc des Bouisses (100 ha d'espaces naturels et agricoles) fait l'objet d'une concertation citoyenne pour son aménagement.
A l'ouest de la ville de Montpellier, le futur agriparc des Bouisses (100 ha d'espaces naturels et agricoles) fait l'objet d'une concertation citoyenne pour son aménagement. (Crédits : Ville Montpellier Frederic Damerdji)

C'est dans l'air du temps. Et c'était une promesse de campagne de Michaël Delafosse. Le maire de Montpellier officialise, le 16 novembre, le lancement d'une concertation citoyenne sur la sanctuarisation et l'aménagement d'un agriparc de 100 ha dans le quartier des Bouisses, à l'ouest de la ville, près des quartiers populaires, afin de compléter la ceinture verte de la ville.

L'élu promet une fabrique de ce morceau de ville selon un changement de paradigme, « en rupture avec la logique de grignotage des espaces verts et d'étalement urbain qui prévalait jusqu'alors »... Un processus qu'il dit « à l'envers » de ce qui se fait habituellement : une page urbanistique laissée presque blanche par la collectivité, qui s'écrira en fonction des résultats de cette concertation citoyenne et d'un dialogue compétitif (contrairement à un concours qui impose un cahier des charges précis). Le processus de dialogue compétitif, lancé en juillet 2021, a retenu trois équipes candidates d'urbanistes-architectes-paysagistes-écologues* (sur une quinzaine d'offres reçues).

« Dans le PLU, qui date de 2004, il était prévu une urbanisation de cette zone, que nous avons décidé de préserver, rappelle le maire de Montpellier. Nous pensons que c'est l'endroit pour une approche nouvelle. Nous ne raisonnons pas comme d'habitude, on ne veut pas donner d'orientation. Les paysagistes-urbanistes ont été étonnés car nous ne donnons pas de superficie à urbaniser ! Le seul chiffre que l'on donne, c'est que l'agriparc fasse 100 ha minimum (sur les 140 ha du périmètre d'étude, NDLR). Et on verra ce qui est acceptable à l'issue de la concertation et du dialogue compétitif. »

"Le jardin des Montpelliérains qui n'en ont pas"

Si la page est presque blanche, il y a quand même quelques grandes orientations, données par la Ville...

« La ville a grandi trop vite et a mangé beaucoup de terres agricoles et naturelles, et l'objectif aujourd'hui est de la rendre plus résiliente et plus verte, souligne Coralie Mantion, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole, déléguée à l'aménagement durable du territoire, à l'urbanisme et à la maîtrise foncière. Les grandes orientations sont de sanctuariser les espaces naturels et agricoles, d'encourager la souveraineté alimentaire en favorisant l'installation d'agriculteurs, d'offrir de nouvelles formes d'habitat en lien avec la nature et de proposer un vaste lieu de promenade et de loisirs à tous les Montpelliérains et à tous les habitants de la métropole, notamment grâce à la desserte de la ligne 5 du tramway... L'agriparc des Bouisses sera un des plus grands parcs de Montpellier, ce sera le jardin des Montpelliérains qui n'en ont pas. »

Depuis juin 2020, ce sont onze projets qui sont soumis à la concertation via la plateforme en ligne www.participer.monptellier.fr. Et Michaël Delafosse a prévenu : les candidats du dialogue compétitif seront notamment évalués sur leur capacité à prendre en considération les propositions des habitants dans leur projet.

Pour cette démarche de concertation, la Ville se fait accompagner par un prestataire reconnu, Res Publica, familier des concertations sur les projets agricoles et périurbains, et qui a notamment été coordonnateur du dispositif présentiel du Grand Débat National, co-concepteur et animateur de la Convention citoyenne pour le climat, et accompagne Paris 2024 jusqu'aux Jeux Olympiques.

La concertation démarrera le 20 novembre, par deux balades exploratoires avec les services de la Ville, les élus, suivies d'un atelier citoyen participatif.

Pas d'habitat pavillonnaire

Concernant « les nouvelles formes d'habitat » évoquées par l'équipe municipale, celle-ci annonce la création de logements « de manière parcimonieuse »...

« Le tissu pavillonnaire n'a pas vocation à s'imposer ici, lâche Michaël Delafosse, qui ne s'exprime guère sur la typologie de ce futur habitat possible. Nous croyons au bois, au matériaux biosourcés. C'est un moment où la profession doit être innovante. Nous les challengeons et nous invitons les architectes à avoir un trait novateur. »

Le maire indique que le travail des équipes dans le cadre du dialogue compétitif sera intégré au futur plan local d'urbanisme intercommunal Climat (PLUi) en cours d'élaboration et qui devrait être prêt fin 2023, selon l'élu. Il est possible que le projet ne convienne pas à tous les copropriétaires du périmètre d'étude, dont certains avaient peut-être des ambitions de valorisation plus fructueuses... Michaël Delafosse ne répond pas à la question du nombre de ces copropriétaires concernés par le futur agriparc des Bouisses, mais ses équipes indique que seuls 5 et 10 ha (sur les 140) appartiennent à la ville ou à la Métropole.

« Cette zone était en AU (à urbaniser, NDLR) mais comme il y a mise en œuvre d'un périmètre d'étude, nous pouvons bloquer tout permis de construire dans les cinq ans qui viennent, précise l'édile. Nous avons gelé le AU et cette zone peut passer en A ou N (agricole ou naturelle, NDLR) . »

L'étude sur le périmètre des 140 ha permettra aussi de voir quelles terres agricoles sont déjà exploitées et de définir le potentiel agricole.

Livraison fin 2025

L'opération dispose d'un budget de 6 millions d'euros, inscrit dans le plan pluriannuel d'investissement, indique Michaël Delafosse.

« Ce budget pourra être réévalué, précise Coralie Mantion. Il n'y a pas vocation à aménager les 100 ha de suite et on ne va pas toucher à tout, on mettra en valeur ce qui existe déjà. »

Sur le calendrier, la concertation citoyenne durera jusqu'en février 2022, avec constitution d'un groupe citoyen en décembre 2021 et une formalisation de la contribution des citoyens en mars 2022. La Ville procédera à une restitution de la concertation et présentera le projet lauréat en septembre 2022, pour une livraison d'une première phase d'aménagements d'espaces publics en lien avec la mise en service de la ligne 5 du tramway fin 2025.

* Les trois groupements en lice : le groupement Agence Follea Gautier/Atelier Philippe Madec/Naturae/Ceresco SAS/Artelia ; le groupement Projet Base/Antoine Musard/Egis Ville et Transport/EODD Ingénieurs Conseil/Terra Innova/Véronique Mure/TerreAuCiel ; le groupement Caudex SAS/Fabriques/Estran Production/Soberco Environnement/Verdi Ingénierie/Sol&Co.

Cécile Chaigneau

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