Pénurie de l'immobilier neuf : le maire de Montpellier a-t-il rassuré les promoteurs ?

Alors que les promoteurs immobiliers alarment depuis des mois sur la crise de l’offre, notamment sur la métropole de Montpellier, le maire et président de la métropole, Michaël Delafosse, est venu les rassurer. Si les intentions sont exprimées, les promoteurs attendent toutefois, désormais, du concret.
Cécile Chaigneau
Le 24 septembre, le maire de Montpellier Michael Delafosse inaugurait le salon de l'immobilier de Montpellier, s'adressant aux promoteurs pour les rassurer sur les projets d'urbanisme.
Le 24 septembre, le maire de Montpellier Michael Delafosse inaugurait le salon de l'immobilier de Montpellier, s'adressant aux promoteurs pour les rassurer sur les projets d'urbanisme. (Crédits : Cécile Chaigneau)

« Il faut un choc de l'offre avant la fin de l'année ! »

Laurent Villaret, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Occitanie Méditerranée ne tourne pas autour du pot : alors que Michaël Delafosse, le maire de Montpellier et président de la Métropole est attendu en ouverture du salon de l'immobilier de Montpellier, du 24 au 28 septembre, le porte-parole des promoteurs immobiliers se veut plus que jamais lanceur d'alerte et attend du politique un acte clair et engageant. Et immédiat.

« La crise de l'offre immobilière ne date pas de 2020 et de la crise sanitaire mais elle est le fruit d'un cumul de trois ou quatre années, argumente-t-il. En trois ans, la moitié de la production de logements neufs a disparu sur le territoire de la Métropole de Montpellier et en 2021, on finira sur une production de 2.000 logements, là où le PLH (programme local de l'habitat, NDLR) dit qu'il en faut 5.000 ! La Métropole va notamment avoir un vrai problème de production de logements sociaux quand on sait que 70% est faite par le privé... Pourtant, nous avons d'excellents signaux de l'attractivité de Montpellier. D'où ce message à Michaël Delafosse : on attend aujourd'hui une vraie relance qui se traduirait par un choc de l'offre en secteur aménagé et sur des territoires de projets. Cela signifie libérer des zones où construire, faciliter la sortie des projets, lâcher des lots en ZAC (zones d'aménagement concerné, NDLR). »

« Il y a un cap »

Le promoteur immobilier souligne pourtant que si le salon de l'immobilier de Marseille a été annulé faute d'offre, celui de Montpellier réussit à se maintenir (avec cependant une quinzaine de promoteurs présents seulement...).

Mais un an après l'arrivée du nouveau maire et président de la Métropole, les promoteurs immobiliers attendent désormais une accélération : « En un an, une relation de travail a commencé à s'instaurer, ralentie par la restructuration des services de la Métropole par Michaël Delafosse. Aujourd'hui, cette restructuration est terminée, Michaël Delafosse veut une ville plus durable, moderne, innovante, avec une place pour l'environnement qui est centrale. Il y a un cap. Mais maintenant, il faut relancer la production. Le public et le privé ne doivent pas s'opposer, il faut travailler ensemble et vite, avant la fin de l'année ! ».

Ce que les promoteurs attendent notamment, c'est la définition et la mise en œuvre d'un process de travail entre eux et les services de la ville et de la Métropole, qui permettrait une sortie rapide des projets immobiliers. Un process où « probablement, le citoyen va prendre une place plus importante », admet Laurent Villaret, en référence aux concertations nécessaires pour faire accepter des projets immobiliers dans certaines zones.

« Nous ne sommes pas dans un schéma de conservatisme foncier »

Alors que la commission Rebsamen, chargée de "lever les freins à la construction neuve de logements" vient de rendre une première série de recommandations, essentiellement d'ordre budgétaire (compensation de l'exonération de taxe foncière pour les HLM ou réforme structurelle de la fiscalité), le maire de Montpellier veut rassurer les promoteurs immobiliers sur son engagement de maire bâtisseur. Lors de son discours d'ouverture du salon de l'immobilier, face à un parterre de professionnels de l'immobilier, il est venu redire ses ambitions et surtout sa méthode.

« J'ai confiance dans l'avenir, et les pleureurs me fatiguent, a-t-il répété à deux reprises dans son discours. Notre territoire est attractif, beaucoup de gens doivent être logés et ça ne va pas s'arrêter. Je n'ai pas la culture de l'égoïsme territorial et j'ai le souci d'accueillir des habitants sur notre territoire. Nous ne sommes pas dans un schéma de conservatisme foncier. Je suis allé me comparer : nous sommes la Métropole la plus dynamique en production de logements par rapport à Nantes, Lyon ou Toulouse. Je comprends vos inquiétudes, mais sachez qu'ailleurs c'est moins bon. »

A ce stade, les promoteurs semblent toujours sceptiques...

« Il nous faut répondre au défi des milliers de ménages éligibles au logement social qui attendent, au défi de la transition écologique, poursuit Michaël Delafosse. Il faut construire de manière exemplaire, il faut un "made in Montpellier". Je suis surpris du volontarisme des acteurs. Le beau dans la ville raconte la ville, nous devons travailler à cette exigence. Il faut travailler les espaces publics, et j'ai demandé à Ricardo Bofill (architecte espagnol du quartier montpelliérain Antigone, sous l'impulsion de Georges Frêche, NDLR) de venir s'interroger sur les futurs projets. Nous voulons une ville-parc avec de la nature dans la ville. C'est l'esprit du futur PLUI (plan local d'urbanisme intercommunal, NDLR). »

Retrouver la maîtrise du temps

L'édile, aux manettes depuis un peu plus d'un an, pointe un certain « retard » : « Pourquoi ça n'avance plus à Montpellier ? Pourquoi la ZAC Consul de mer, juste devant mon bureau, n'est-elle toujours pas finie ? Ils sont là, les projets, on a payé le tramway, les écoles... Alors ? Et Union Matériaux (vaste zone urbaine en cœur de ville, occupée par l'entreprise Union Matériaux et dont le potentiel constructif a été identifié depuis longtemps, sans que ne soit trouvée de solution pour les reloger, NDLR) ? Il y a dix ans, ça devait être bientôt réglé ! Aujourd'hui, ça doit être réglé car cette parcelle est un gisement foncier, il y a tout à proximité, des écoles, le tramway, des commerce... La FPI a d'ailleurs été très silencieuse là-dessus ! Pourquoi n'y a-t-il pas eu de DUP (déclaration d'utilité publique, permettant de réaliser une opération d'aménagement sur des terrains privés en les expropriant, NDLR) ? Je donnerai des calendriers précis sur ces sujets ».

« Je veux retrouver la maîtrise du temps. J'ai dit "Montpellier is back" : ceux qui se complaisaient dans les guerres de clocher en seront pour leur frais ! Le temps de l'apaisement est venu. N'ayons pas des discours de pleureuses, avançons », lance l'élu, qui promet bientôt des Assises du territoire.

« Les délais d'instruction suivront »

Rappelant la fusion récente de la SERM-SA3M et d'ACM Habitat sous la direction de Cédric Grail « pour aller vite », et l'arrivée d'Anne Ringlet, nouvelle directrice générale adjointe au développement urbain à la Métropole (auparavant à la Métropole de Lyon), Michaël Delafosse dit vouloir désormais « accélérer le projet urbain ».

« Il me reste 1.633 jours dans mon mandat, je veux faire, lance-t-il. La méthode ? Vous avez un projet ? Ne commencez pas par la négociation foncière, ne perdez pas ce temps ! Venez nous voir en amont pour savoir quel est le projet de la métropole. C'est une gouvernance de l'urbanisme renouvelée. Cette méthode va être rodée. Ensuite, les délais d'instruction suivront. »

L'élu promet que les projets vont arriver, « mais pas des one shot », à la Mosson, aux Cévennes, sur les ZAC République, des coteaux, de la Restanque,...

« Concernant le calendrier, nous ré-identifions aujourd'hui tous les gisements fonciers. Nous allons donner un coup d'accélérateur sur le PLUI pour qu'il soit adopté fin 2023. Nous allons retravailler sur les ZAC mais il nous faut encore un peu de temps car j'ai reçu des rapports d'étonnement... étonnants. Je préviens : nous allons de plus en plus passer en DUP, faire des fiches de lots. »

Et donc exproprier, sous-entend l'élu.

Proposer des programmes « agréant la mairie »

L'édile a-t-il su convaincre son auditoire ? Si la déclaration se veut engagée, les promoteurs continuent néanmoins d'attendre des preuves.

« Le discours de Michaël Delafosse est un discours en faveur de l'acte de bâtir, en faveur des promoteurs immobiliers, c'est un discours qui traduit la volonté du maire d'impulser la construction en termes de développement économique et résidentiel, réagit Laurent Villaret, qui s'efforce d'être positif mais rappelle les objectifs. En revanche, nous attendons une volonté forte, de la part de la Métropole, de donner un sursaut de production pour alimenter le marché avant la fin de l'année en ZAC et en territoires de projets. »

Il annonce que la FPI Occitanie Méditerranée a fait faire une étude sur les besoins en logements en région et à l'échelle du PLH de Montpellier, étude qui sera dévoilée le 12 octobre, lors du colloque de l'ABCD, club de réflexion héraultais lancé en 2017 par six organisations professionnelles du secteur du bâtiment et de l'immobilier.

« Concernant les territoires de projets, la FPI va soumettre à la métropole des propositions de projets pilotes pour trouver un processus permettant la sortie de programmes en secteur diffus, agréant la mairie du point de vue environnement résidentiel, remembrement de parcelles pour que ça gêne le moins possible les éventuels voisinages, évitant l'étalement urbain. »

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 28/12/2021 à 0:10
Signaler
Si l exonération de la taxe foncière était totalement instaurée à Montpellier sur deux, peut être que plus de particuliers investiraient dans votre ville. Avec une taxe foncière la plus chère de France, il ne faut pas que Monsieur le Maire s’étonne ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.