« Le marché du photovoltaïque en autoconsommation dans les entreprises va doubler en 2023 » (B. Declas, EDF ENR)

Le groupe Sanofi vient de mettre en service un parc photovoltaïque en autoconsommation sur son site de Montpellier. Une première pour le groupe en France. Et l’illustration d’un marché « qui commence vraiment à frémir dans les entreprises », observe Benjamin Declas, le P-dg de EDF ENR, qui a réalisé l’installation pour le groupe pharmaceutique. Compte tenu du contexte énergétique mondial actuel, le dirigeant estime que ce segment de marché va doubler en 2023.
Cécile Chaigneau
Le site montpelliérain de Sanofi est désormais équipé de 3,3 hectares d'ombrières de panneaux photovoltaïques qui couvriront 17,5% des besoins en électricité du site.
Le site montpelliérain de Sanofi est désormais équipé de 3,3 hectares d'ombrières de panneaux photovoltaïques qui couvriront 17,5% des besoins en électricité du site. (Crédits : Sanofi)

3,3 hectares d'ombrières et 40 bornes de recharge de véhicules électriques. Le site montpelliérain du groupe pharmaceutique Sanofi, dédié à la R&D, vient de mettre en service son parc photovoltaïque en autoconsommation, confié à EDF ENR et livré en février dernier.

« Le parc se compose de deux lots : des ombrières qui fourniront 60% de la puissance installées, soit 2,6 MW, et une centrale photovoltaïque au sol de 1,2 MW dont la construction démarrera à la fin de l'année pour une mise en service début 2024, explique Benjamin Declas, P-dg d'EDF ENR (filiale du groupe EDF et spécialiste des solutions de production solaire décentralisées en autoconsommation), en déplacement à Montpellier le 7 avril, à l'occasion de l'inauguration du parc photovoltaïque. Sa particularité est d'être 100% en autoconsommation. Avec une production électrique annuelle de 5.490 MWh, soit l'équivalent de la consommation d'une ville de 4.000 habitants, il couvrira 17,5% des besoins en électricité annuels du site... Quant aux bornes de recharge, il est prévu à terme de monter leur nombre à 80, et un jour, elles pourront fonctionner en V2G (vehicle-to-grid, bornes de charge bi-directionnelles intelligentes, faisant des batteries des véhicules électriques des solutions de stockage d'énergie, NDLR). »

Près de 1.000 salariés travaillent sur le site, « dont les besoins en électricité sont équivalents à ceux d'une ville de 26.000 habitants, 72% étant consommés par le biotraitement d'air, lié au process imposé dans nos laboratoires de recherche et nos salles blanches », précise Christophe Allione, responsable ingénierie et maintenance du site chez Sanofi.

« Une accélération de nos efforts »

Le parc de production solaire s'inscrit dans un programme lancé il y a plusieurs années par Sanofi sur son site de Montpellier afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, ayant permis, selon le groupe pharmaceutique, « de réduire la consommation énergétique du site de 31,5% en huit ans ».

« Sanofi a l'ambition d'être un pionnier de l'industrie verte et s'engage vers une neutralité carbone d'ici 2030 et zéro émission nette d'ici 2045, rappelle Audrey Derveloy, la présidente de Sanofi France. Tous nos sites en France sont déjà alimentés par de l'électricité d'origine 100% renouvelable. Ce parc photovoltaïque marque une accélération de nos efforts. »

Même si le photovoltaïque se développe sur les sites Sanofi depuis une dizaine d'années (Saint-Loubès et Ambarès en Gironde, Aramon dans le Gard, ou Sisteron dans les Alpes-de-Haute-Provence), un parc en autoconsommation est une première en France pour le groupe pharmaceutique. Des centrales similaires fonctionnent en revanche déjà sur les sites de Virginia en Australie, Goa en Inde et Scoppito en Italie. D'autres installations de centrales solaires d'envergure sont prévues sur le site de Aramon en juillet 2023, d'Ambarès en 2024 et de Sisteron « dans un futur proche ».

« Nous allons équiper d'autres sites de Sanofi en autoconsommation, notamment à Neuville-sur-Saône (Auvergne-Rhône-Alpes, NDLR) où une nouvelle usine Sanofi est en construction », ajoute Benjamin Declas.

Besoin de main d'oeuvre

La filiale d'EDF aux 1.000 collaborateurs (en France métropolitaine, territoires d'outre-mer, Allemagne, Tunisie et Maroc) travaille sur deux marchés-cibles : le marché résidentiel pour les particuliers et le marché des entreprises.

« Sur le marché des particuliers, EDF ENR couvre un quart du marché, et aujourd'hui 100% des installations sont en autoconsommation, précise Benjamin Declas. En général, ils consomment entre 55 et 60% de l'électricité produite et réduisent leur facture de 30%. »

Quant au marché des entreprises, le P-dg d'EDF ENR le constate, « il commence vraiment à frémir dans les entreprises du tertiaire et industrielles » : « De nombreuses industries ont passé le pas et depuis un an, on observe le développement d'un marché de la petite puissance dans les PME-PMI. En 2022, sur les 2,3 GW de projets solaires réalisés en France, 55% l'étaient dans le résidentiel ou chez les professionnels sur des toitures ou en proximité de toiture, c'est à dire hors centrales au sol sur des modèles d'obligation d'achat par des développeurs. Chez les petites entreprises, une centaine de mégawatts s'est faite en autoconsommation. »

Le dirigeant confirme l'accélération de ce marché des entreprises en raison de la flambée des coûts de l'électricité du fait du contexte énergétique mondial : « Nous estimons que c'est un marché qui va doubler en 2023, en sachant que nous doublons déjà nos prises de commandes chaque année depuis deux ans. Le seul élément de frein que l'on voit n'est pas lié au sourcing des panneaux solaires mais à la capacité industrielle d'installation et donc aux besoins de main d'œuvre. Il y a donc un fort enjeu de formation. Chez EDF ENR, nous nous structurons, et nous serons 1.500 à la fin de l'année. Nous recrutons des ressources en développement de projet, en ingénierie et en construction, nous travaillons via des partenariats avec la filière de formation, et nous invitons les entreprises locales d'installateurs à se développer ».

Des obligations pour les bâtiments tertiaires et les parkings

En France, le marché de l'autoconsommation individuelle est encore freiné par « quelques lourdeurs administratives », souligne Benjamin Declas.

« Mais le gouvernement est en train de réfléchir comment simplifier notamment les démarches au niveau de l'urbanisme afin de réduire les délais de déploiement des projets, ajoute-t-il. Il existe aujourd'hui deux mécanismes : l'obligation légale de solariser ou de végétaliser les toitures des nouveaux bâtiments tertiaires supérieures à 500 m2, et par ailleurs, la loi d'accélération des énergies renouvelables oblige de solariser tous les parkings supérieurs à 1.500 m2 à partir de 2024 ».

Benjamin Declas annonce la réalisation par EDF ENR de 30.000 opérations sur le résidentiel et de 1.000 sur le marché professionnel en 2023, soit un total de plus de 240.000 installations en autoconsommation actives à ce jour.

« EDF ENR est capable de réaliser des plus petites aux plus grandes installations solaires. En Occitanie, nous avons par exemple équipé Thalès Alenia Space à Toulouse, où nous allons démarrer la 3e tranche du parc photovoltaïque. Au niveau national, nous allons aussi commencer les travaux d'une centrale photovoltaïque de 12 MW pour le groupe Sodebo à Saint-Georges-de Montaigu, en Vendée. »

Le marché de l'autoconsommation collective pas encore mature

Pour ce qui est de l'autoconsommation collective, le marché n'est pas encore mature en raison « de défis à relever, notamment juridiques », observe Benjamin Declas. Selon les derniers chiffres communiqués par Enedis le 4 avril dernier, à fin mars 2023, on comptait en France métropolitaine quelque 187 opérations actives pour 353 sites de productions, 11 MW de puissance totale de production installée et 2.216 consommateurs concernés. L'Occitanie est la 2e région derrière les Hauts de France, avec 28 opérations actives pour 34 sites de production (essentiellement photovoltaïque), près de 6 MW de puissance totale de production installée et 300 consommateurs concernés.

Cécile Chaigneau

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