Ingénierie écologique : Biotope met un pied en Amérique latine en ouvrant une filiale en Colombie

Leader en ingénierie écologique et environnementale sur un marché en forte croissance, l’entreprise héraultaise Biotope (450 salariés), déjà bien présente dans une douzaine de pays, ajoute un morceau de la planète Terre à son terrain de jeu. En s’implantant en Colombie, Biotope s’ouvre les portes des marchés d’Amérique latine.
Cécile Chaigneau
L'entreprise spécialisée dans l'ingénierie écologique Biotope vient d'ouvrir une filiale à Bogota, en Colombie : Frédéric Melki (président fondateur), Nicolas Roques (directeur International), et Mathilde Gizon (représentante de Biotope Colombie).
L'entreprise spécialisée dans l'ingénierie écologique Biotope vient d'ouvrir une filiale à Bogota, en Colombie : Frédéric Melki (président fondateur), Nicolas Roques (directeur International), et Mathilde Gizon (représentante de Biotope Colombie). (Crédits : Biotope)

L'entreprise héraultaise Biotope, spécialisée dans l'ingénierie écologique et environnementale, était déjà présente dans onze pays sur la planète (Belgique, Luxembourg, Allemagne, Royaume-Uni, Maroc, Guinée, Gabon, Madagascar, Chine et Etats-Unis). Depuis une semaine, la voilà aussi implantée en Amérique latine, avec une filiale qu'elle a ouverte à Bogota, en Colombie.

« La création de cette nouvelle filiale s'inscrit dans notre stratégie globale de déploiement à l'international, souligne le président de Biotope, Frédéric Melki, à La Tribune. Le marché de l'ingénierie écologique est en fort développement au niveau mondial, et de manière concomitante, toutes les banques de développement ont décidé de financer des projets uniquement si leur impact environnemental et social correspondait à des standards précis. En résumé, elles conditionnent l'obtention de prêts à des études écologiques et environnementales... Biotope n'était pas présent en Amérique latine, or c'est un territoire où nous n'arrivons pas à travailler sans implantation, notamment parce qu'il y a déjà pas mal de compétences sur place, même si elles ne sont pas très organisées. Nous avons bien une filiale sur la Caraïbe, en Guyane, mais c'est enclavé et bien trop long pour aller en Colombie. »

« La Colombie, un énorme centre de biodiversité »

Pourquoi la Colombie ? Le dirigeant explique que « ce pays est un bon candidat en raison de son économie très libérale et de sa très bonne stabilité politique », ajoutant que « la Colombie est un énorme centre de biodiversité, avec une forte appétence sur l'écotourisme, une thématique sur laquelle nous souhaitons nous développer. Comme je le disais, c'est aussi un pays dans lequel il y a beaucoup de compétences, avec de bonnes universités et donc des gens formés qui constituent un vivier intéressant pour nous. Et c'est un pays très francophile où il existe une importante communauté française, avec de grosses entreprises françaises déjà implantées ».

La filiale a vocation à employer cinq personnes à terme. Une Française a déjà été recrutée et deux offres d'emplois publiées à destination de locaux.

« Il existe quand même une dimension protectionniste en Colombie, c'est la raison pour laquelle nous avons fait entrer des investisseurs colombiens au capital de la filiale car seuls, cela aurait été plus difficile, précise Frédéric Melki. C'est un pays plutôt stratifié avec, par exemple, des réseaux individuels, comme en Chine, qu'il peut être difficile de pénétrer sans appui... Mais il y a un véritable intérêt pour nos activités. D'ici deux semaines, nous rencontrerons la ministre de l'Environnement colombienne. »

Le périmètre géographique visé par l'entreprise héraultaise s'inscrit dans les frontières de l'Amérique latine, en particulier le Pérou, l'Equateur, la Bolivie et le Chili. Comme partout ailleurs, Biotope cible les marchés publics, « les travaux liés aux politiques publiques, des sujets de conservation de la nature et de la biodiversité, des gestion de conflits homme/nature », et des marchés privés, « des études d'impact, des permis environnementaux pour l'aménagement du territoire ».

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Une stratégie d'innovation commune

Il y a tout juste un an, Biotope prenait des parts au capital du cabinet-conseil allemand BioConsult et de l'entreprise britannique HiDef Aerial Surveying dans l'objectif de constituer une force de frappe européenne, de mettre en commun leur R&D, de booster l'acquisition de données écologiques ou de développer de nouvelles technologies.

« Nous avons créé un comité d'innovation conjoint où nous mettons en commun nos savoir-faire en matière informatique, intelligence artificielle, etc., et nous avons défini une stratégie d'innovation commune, affirme aujourd'hui Frédéric Melki. Nous allons recruter une personne dédiée au financement de l'innovation et une autre qui sera hébergée chez Biotope pour travailler une échelle européenne. Des liens commerciaux s'établissent mais on n'a pas encore beaucoup avancé car chacun doit gérer de fortes croissances... »

Après un chiffre d'affaires de 32,5 millions d'euros en 2022, Biotope annonce en effet une croissance de près de 25% en 2023 et un prévisionnel qui se situe entre 38 et 40 millions d'euros (76 millions en incluant ses activités avec BioConsult et HiDef Aerial Surveying).

Biotope compte désormais vingt implantations en France métropolitaine avec l'ouverture d'une antenne à Limoges et bientôt une à Chambéry, et quatre en Outre-mer. A ses trois filiales françaises (Aquascope à Angers et Saint-Mathieu-de-Tréviers, Soltis à Voiron et Biotope Communication et Edition à Mèze) est venue s'en ajouter une quatrième : en février 2023, l'entreprise avait annoncé prendre des parts au capital de la société Nat'H (dans les Bouches-du-Rhône), qui fabrique des nichoirs en bois pour le bâti. L'occasion pour Frédéric Melki d'alerter sur l'isolation des bâtiments par l'extérieur qui, selon lui, « est une vraie menace pour les oiseaux ».

« On est obligé de faire du no-go »

L'entreprise emploie aujourd'hui 450 collaborateurs, soit 100 de plus que l'an passé, ainsi que 175 salariés dans ses filiales.

« Le seul frein à notre croissance est toujours la difficulté à recruter et c'est même de pire en pire, souligne Frédéric Melki. Il y a une forte pression sur les salaires, ce qui fait augmenter nos prix. On est obligé de faire du no-go en ne répondant pas à certaines offres, on limite notre chiffre d'affaires... »

La directrice générale de Biotope, Anne-Lise Melki, estime à une soixantaine de personnes les besoins à venir de l'entreprise d'ici la fin de l'année pour recruter ou remplacer des départs, « mais on n'y arrivera pas », regrette-t-elle. La dirigeante pointe une volumétrie insuffisante de jeunes qui sortent formés des écoles en France.

« Cette année, nous avons une cinquantaine de stagiaires et une vingtaine d'alternants, mais alors qu'on est pleine transition écologique, il faudrait multiplier par vingt le nombre de professeurs ! », lance-t-elle.

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