L’aéroport de Nîmes fait le pari (inédit) de la souscription sur des vols privés Nîmes-Paris

Edeis, le gestionnaire de l’aéroport de Nîmes-Garons lance une offre inédite le 5 mai : un système de souscription pour permettre l’ouverture d’une ligne Nîmes-Paris Le Bourget. Selon lui, une réponse à la crise sanitaire qui devrait séduire un public divers intéressé par cette entrée aérienne sur la région « Grande Provence ».
Cécile Chaigneau
L'aéroport de Nîmes-Garons accueille une seule compagnie aérienne, Ryanair, qui distribue quatre destinations pour quelque 235.000 à 240.000 passagers par an, mais compte aussi un pôle aéro-industriel et un pôle sécurité civile.
L'aéroport de Nîmes-Garons accueille une seule compagnie aérienne, Ryanair, qui distribue quatre destinations pour quelque 235.000 à 240.000 passagers par an, mais compte aussi un pôle aéro-industriel et un pôle sécurité civile. (Crédits : Nîmes Métropole)

C'est un pari. Et « une première dans le monde du transport aérien », affirme Edeis, le gestionnaire de l'aéroport de Nîmes-Garons (30), qui lance le 5 mai un système inédit de souscription - une forme de financement participatif - pour permettre l'ouverture de la ligne à destination de Paris-Le Bourget à compter du 2 juillet prochain, à raison d'un vol Paris-Nîmes le vendredi soir et d'un vol Nîmes-Paris le dimanche soir.

Le principe : les clients s'engagent à l'avance pour un voyage (274 euros) ou pour un abonnement de plusieurs allers-retours par an et, à partir d'un certain taux de remplissage (35 passagers minimum dans un avion de 50 places), Edeis confirmera la réalisation du vol. Les souscripteurs deviendront ainsi « membres du "club myparisnimes" et actionnaires de fait de leur propre trajet », annonce Edeis, et bénéficieront à ce titre « d'un traitement privilégié et d'un appareil dédié qui les attendra tout le week-end à l'aéroport pour un voyage "en mode cocon" ».

« Se réinventer »

Les voyages entre la capitale gardoise et Paris seront opérés par la compagnie Amelia, et se feront à bord d'un biréacteur Embraer Jet 145.

« Le Covid a renforcé une philosophie qui était déjà la nôtre : il faut repenser les infrastructures de transport pour que ça coûte le moins possible d'argent public, dans une démarche de développement durable et au service de la population, déclare en préambule Olivier Galzi, vice-président d'Edeis, à La Tribune. La crise sanitaire du Covid a foudroyé une partie de l'activité aéronautique et elle oblige à repenser cette activité. A Nîmes, la zone de chalandise naturelle s'étend sur deux régions et trois départements, comprenant la Camargue, les Alpilles, les Cévennes. On est sur l'entrée de la Grande Provence, avec un bassin économique et touristique cohérent. L'aéroport de Nîmes, plus près que ceux de Montpellier et Marseille, est un levier potentiel de développement pour le territoire. En tant que gestionnaire de l'aéroport, nous considérons que c'est notre métier d'accompagner ce développement. C'est un pari. Et les aéroports régionaux ayant été malmenés, il faut se réinventer et réfléchir à de nouvelles pistes. »

Télétravail et résidences secondaires

Le gestionnaire de l'aéroport gardois en est persuadé : il y a une clientèle preneuse de cette nouvelle offre, encore plus aujourd'hui pour répondre aux besoins émergeants de la crise. La souscription s'adresse donc aux particuliers comme aux entreprises dont les activités les conduisent à voyager régulièrement entre Paris et la « Grande Provence ». Edeis affirmant que « cette ligne aura vocation à irriguer l'économie culturelle et touristique du territoire » suivant le slogan marketé "un pied à Paris, un pied en Grande Provence"...

« Il existe aujourd'hui une nouvelle population d'entrepreneurs qui font télétravail tout en restant reliés à Paris, des ETI et PME du territoire ou des propriétaires de résidences secondaires qui prêts à payer plus cher en allant plus vite, estime Olivier Galzi. Le voyage prendra 1h10 environ, contre 3 heures en TGV.

Les pré-réservation sont ouvertes sur la plateforme partenaire d'Edeis, Jet & More. Afin d'amorcer le système, Edeis a annoncé s'engager à ce que les quatre premières rotations en juillet puissent s'effectuer quel que soit le niveau de réservation.

Si l'offre ne rencontrait pas son public, Olivier Galzi concède que Edeis pourrait ne pas poursuivre mais avant de capituler, envisagerait « d'affiner l'offre sur l'horaire, le jour, etc. »

Résilience

Grégory Merelo, le directeur de l'aéroport de Nîmes-Garon (55 salariés hors prestataires, 70 en tout), accueille l'idée favorablement : « Il faut se réinventer sur tous nos domaines. Durant la crise sanitaire, nous nous sommes adaptés, par exemple en formant des collaborateurs pour venir en soutien aux équipes de la sécurité civile, ou en proposant du stockage d'aéronefs pour Sabena-Technics pour des opérations de maintenance renforcées. Proposer de la souscription, c'est aussi être disruptif. Et aujourd'hui, on constate un vrai intérêt pour la destination sud de France grande Provence ».

L'aéroport gardois ne compte qu'une seule compagnie aérienne, Ryanair, qui distribue quatre destinations - Bruxelles-Charleroi, Londres, Fès et Marrakech - pour quelque 235.000 à 240.000 passagers par an en temps normal. Mais les vols commerciaux ne sont pas sa seule représentent que 40% de son activité, aux côtés d'un pôle aéro-industriel pour des entreprises comme Sabena-Technics ou Avdef (20%) et un pôle sécurité civile (40%).

« Cette spécificité de l'aéroport de Nîmes-Garons lui a permis une relative résilience du trafic pendant la crise sanitaire en 2020, souligne Grégory Merelo. Notamment du fait de la sécurité civile qui a joué son rôle de maillon dans la chaîne de secours, ses avions multi-rôle ayant été mobilisés pour du transport de fret médical. L'impact a néanmoins été significatif, avec environ 30% de mouvements aériens commerciaux en moins. »

Le dirigeant n'indique pas à quelle hauteur se situe la perte de chiffre d'affaires, « les comptes [n'étant] pas encore clôturés » mais concède « une perte économique significative ».

A ce jour, il se réjouit des quatre destinations que Ryanair vient de reprogrammer : « Les liaisons avec le Maroc devraient redémarrer fin mai, avec la Belgique en juin, et toutes les liaisons devraient être ouverte en juillet ».

Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 06/05/2021 à 11:06
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Heureusement qu'un débat sur la Loi "climat et résilience" vient d'être voté à l'assemblée nationale pour réduire notre impact climatique ! Au fait , à combien le BILAN CARBONE par passager embarqué dans un avion de 50 places ? Pour rappel , le mei...

à écrit le 06/05/2021 à 9:16
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Avec l'argent public tout est possible mais ça n'aide pas à avoir de bonnes idées en général.

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