La Mutualité Française Occitanie inscrit les enjeux santé dans la campagne des législatives

La Mutualité Française Occitanie a organisé une rencontre sur divers enjeux de santé publique, le 31 mai, à Montpellier, après Toulouse la veille. Son ambition : prendre part aux débats en cours dans le cadre des élections législatives.
Cécile Chaigneau

La Mutualité Française Occitanie* organisait, les 30 et 31 mai, deux débats à Toulouse et à Montpellier, respectivement sur les thématiques « Quels enjeux et propositions demain pour la santé publique et la protection sociale de nos concitoyens ? » et « Du désert médical à la e-santé, quels défis en 2017 ? ».

« Ces deux matinées de débat sont le prolongement d'un dispositif mis en place par la Mutualité Française en décembre 2016 pour interpeller les candidats aux élections présidentielles sur les enjeux de santé, baptisée "Place de la santé", explique Pierre-Jean Gracia, le président de la Mutualité Française Occitanie. Nous avons souhaité un prolongement régional en Occitanie dans le cadre des élections législatives, avec comme objectif de faire remonter les préoccupations locales et de créer un dialogue avec les élus et professionnels, de rappeler ce qui marche. Nous souhaitons interpeller les candidats qui ont exprimé de l'intérêt pour la problématique santé. »

Si, à Toulouse, ce sont des personnalités politiques représentant différents partis politiques (LR, PS, PC, LREM) qui étaient invitées à débattre, à Montpellier, la Mutualité Française Occitanie avait invité les principales fédérations de santé : le docteur Maurice Bensoussan (président de l'Union Régionale Occitanie des Professionnels de Santé Médecins), Michel Thiriet (délégué régional Occitanie Fédération Hospitalière de France), le docteur Max Ponseillé (président du groupe Oc santé, membre du bureau de la FHP-LR), Camille Tricart (présidente de l'intersyndicale autonome des internes en médecine générale), et Jean-Pierre Salmon (représentant la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne en Occitanie).

La problématique des déserts médicaux

Le débat questionnait notamment la problématique des déserts médicaux.

« La situation sur le territoire de l'Occitanie est contrastée mais si on la compare au plan national, on peut se consoler », assure Michel Thiriet.

Selon Max Ponseillé, la question n'est faite que de cas particuliers, et il pointe du doigt en premier lieu le peu de « respect accordé à la médecine libérale », recommandant de commencer par « faire la promotion de la médecine libérale et de renforcer le numerus clausus »

« Le numerus clausus est un mauvais levier pour un vrai problème, répond Camille Tricart, citant une étude qui prédit des départs moins nombreux des médecins à partir de 2025. Le numerus clausus produirait des effets dans dix ans seulement, c'est donc selon nous une mesure inutile. La vraie solution pour nous se joue dès la formation des internes et une politique favorisant les stages ambulatoires, comme ça se fait dans l'Aveyron. Il faut aussi proposer une aide financière, un logement gratuit, une aide logistique, faire la promotion du territoire, et offrir un accompagnement personnalisé à l'installation. »

Confirmant l'absence d'effet à court-terme de mesures sur le numerus clausus, Jean-Pierre Salmon argue de la nécessité de motiver les jeunes médecins à s'installer dans les déserts médicaux.

« On compte 12 000 médecins libéraux en Occitanie, 6 000 généralistes et 6 000 spécialistes, rappelle Maurice Bensoussan. Il n'y a eu aucune diminution de médecins en Occitanie depuis dix ans, et une enquête a même montré que le désert médical était à Toulouse ! Donc attention aux raisonnements partiels... Il faut différentier la vraie vie des discours politiques et médiatiques. La question du nombre n'est pas la seule possible, les approches organisationnelles sont essentielles. Et attention à ne pas envisager le problème uniquement sous l'angle de la médecine générale car on a aussi besoin de médecins spécialistes. »

Les robots au service de la e-santé

Concernant la e-santé, Jean-Pierre Salmon assure que « l'Occitanie est plutôt bien dotée en projets », mais pointe des freins à la mise en œuvre de la télésanté par exemple, comme l'absence de fibre optique sur certains territoires ruraux ou une incitation financière insuffisante pour les médecins.

« Le virage numérique porte aussi sur la robotisation, les outils au service des actions d'éducation thérapeutiques ou les outils de suivi et de gestion de données, ajoute Michel Thiriet. Sur ces sujets, on n'est pas bon en France ! Il faut une politique nationale de e-santé, sinon, le risque, c'est de manquer le virage numérique en France. »

Les outils numériques, en permettant de faciliter le parcours entre patient et médecins, sont ainsi incontournables dans la mise en œuvre du virage ambulatoire. A Montpellier, la clinique Beausoleil (Languedoc Mutualité) s'appuie sur de la robotique d'assistance au service des personnes âgées dépendantes ou en situation de handicap, notamment avec son robot NAO que venait présenter le docteur Émilie Guettard, spécialiste en médecine physique et de réadaptation.

« En octobre prochain, nous lancerons une expérimentation inédite en Europe, avec un robot auprès de douze personnes âgées pilotes qui sortiront de l'hospitalisation, annonce la jeune femme. Le robot fera du rappel de prise de traitement, de l'alarme, etc. Il y a évidemment un besoin d'accompagnement à l'usage des nouvelles technologies, notamment chez les personnes âgées, c'est l'une des clefs...  Aujourd'hui, moins de 5 000 robots existent dans le monde et il y a très peu d'expérimentations. On est vraiment dans les débuts et il y aura des échecs. Mais c'est une voie à explorer, même si bien sûr, il ne faut pas déshumaniser le soin et considérer les robots comme des outils. »

* La Mutualité Française Occitanie est la représentante régionale de la Fédération nationale de la mutualité françaises (FNMF). Elle participe à l'accès aux soins sur le territoire au travers de 434 services de soins et d'accompagnement mutualistes dans la région (magasins d'optique, établissements d'hospitalisation, centres dentaires, centres médicaux polyvalents, centres infirmiers, établissements et services médico-sociaux, etc.), et fédère 179 mutuelles de santé, soit 3 millions de personnes protégées en Occitanie.

Cécile Chaigneau

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