Chez Nicollin, les éboueurs sont sur le pont et applaudis

La collecte des ordures ménagères fait partie des missions essentielles. Le groupe Nicollin est donc mobilisé pour assurer ses missions de propreté et de ramassage des déchets. Ses agents, rassurés par des équipements de protection appropriés, se font aujourd’hui applaudir dans les rues.
Cécile Chaigneau

Le groupe Nicollin, dirigé à Montpellier (34) par Olivier et Laurent Nicollin, gère près de 6 500 employés un peu partout en France, pour un chiffre d'affaires de 370 M€ (en 2019). Il déploie son activité dans plus de 15 métiers répartis en quatre pôles : Nicollin Environnement (gestion des déchets et propreté urbaine), Nicollin Services (nettoyage industriel, sécurité, accueil...), Nicollin Eau (gestion de l'eau, assainissement), et Nicollin Events (restauration, lieux d'exception, événementiel).

Dans le contexte de crise sanitaire liée au Covid-19, la collecte des ordures ménagères fait partie des missions essentiels qui maintiennent les salariés du secteur fortement mobilisés. Chez Nicollin Environnement, l'activité s'est organisée avec les nouvelles contraintes imposées par la situation.

« Notre première action a été de mettre les agents en sécurité, déclare Olivier Nicollin, P-dg du groupe. Nous leur avons fournis des sous-gants, des produits de désinfection pour les véhicules, des gels hydroalcooliques, etc. Et ils appliquent des gestes barrière, comme par exemple des départs échelonnés toutes les 5 minutes ou le fait que tous ne passent plus par le dépôt mais rejoignent leur camion directement sur le terrain. La seule vraie difficulté a été d'avoir des masques car il y a un délai d'au moins deux semaines entre le jour de commande et la réception. »

« Leur angoisse, c'est d'attraper le virus et de le ramener chez eux »

Selon le dirigeant, chez Nicollin Environnement, « 80 à 85 % de l'activité ont été préservés, à l'exception de quelques-unes qui sont à l'arrêt, notamment en raison de la fermeture des déchetteries ». Le groupe a donc activé un peu de chômage partiel, et les effectifs sont quasiment au complet, soit environ 1 900 salariés sont sur le terrain.

Logiquement, chez Nicollin Services, Olivier Nicollin annonce « une chute d'activité de 40 % et 1 500 salariés en chômage partiel sur 4 500 », et une continuité d'activité chez Nicollin Eau. Selon le dirigeant, seuls deux salariés de Nicollin Environnement ont fait valoir un droit de retrait au début de la crise « plus par panique car on n'avait pas encore de masques ».

« Nos salariés prennent un risque qu'on ne peut pas quantifier, ajoute-t-il. Leur angoisse, c'est d'attraper le virus et de le ramener à la maison, et ça se comprend. Mais ils sont contents de pouvoir continuer à travailler, et aujourd'hui, ils sont valorisés. »

En effet, les agents chargés de la collecte des déchets ont malgré eux changé de statut. Plus exactement, c'est le regard des habitants sur leur métier qui a changé.

« On fait un travail compliqué, et d'ordinaire, c'est de l'ordre du normal pour les gens. Mais ils se sont réveillés et depuis une bonne semaine, les éboueurs se font applaudir dans les rues, il y a plein de mots sympas mis sur les poubelles », se réjouit Olivier Nicollin.

« Payer les gars à la fin du mois »

Pour l'heure, le dirigeant est prudent : « On fait attention à la mise en place de l'activité partielle, dans un souci de préservation de la trésorerie, et on espère que l'État ne mettra pas des mois à rembourser les avances de chômage partiel. On compte aussi sur les collectivités pour honorer les factures. On a cette crainte notamment du fait de l'arrêt ou du ralentissement de certains services administratifs dans les collectivités (l'entreprise dépend à hauteur de 75 % environ de la sphère publique, NDLR) ».

Le 14 février dernier, la famille Nicollin annonçait qu'elle acquérait 16 % du capital du groupe, lui en donnant la pleine propriété et se projetant « dans une logique de diversification dans les métiers du service et de croissance externe ».

Deux opérations de croissance externe dans le secteur du nettoyage sont ainsi à l'étude, mais Olivier Nicollin assure que « rien n'est concrétisé pour le moment ».

La crise sanitaire bloque-t-elle certains projets du groupe ?

« On n'a pas des projets de croissance externe tous les quatre matins, non plus, et ceux qu'on a sont reportables d'un mois ou deux, ce n'est pas la priorité, répond le P-dg. L'urgence aujourd'hui, c'est de savoir ce que ça va donner en termes de résultats intermédiaires. Et en attendant, de négocier nos plans de trésorerie pour payer les gars à la fin du mois. Dans ce secteur d'activité, on souffre moyennement, et pour le moment, on ne sait pas dire si on va bien, moins bien ou mal. »

Cécile Chaigneau

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