Le fournisseur d'énergie Dyneff se diversifie en ouvrant la première station autoroutière hydrogène de France. Elle est mise en service début juillet sur l'A61, sur l'aire de Toulouse Sud, un axe très passant en direction de Carcassonne.
« L'ouverture de cette station participe à la stratégie de diversification d'activités engagée depuis quelques années par le groupe dans la transition vers une mobilité plus durable, plus propre, déclare Emmanuel Riu, directeur général de Dyneff. En sa qualité de fournisseur d'énergies et de services, Dyneff se doit d'être proactif sur le changement de mode de consommation de ses clients. »
Hydrogène vert local
Déjà concessionnaire de vingt stations sur les autoroutes françaises, Dyneff a fait appel à McPhy, concepteur, fabricant et intégrateur d'équipements hydrogène, pour équiper la nouvelle station dédiée à une flotte de poids lourds et bus. L'alimentation permettra d'effectuer plusieurs chargements journaliers à 350 bars.
A la différence de l'hydrogène noir, bleu, gris ou brun produit à partir de ressources fossiles (représentant 95% de la production mondiale), Dyneff indique que la station distribuera « un hydrogène vert produit localement par électrolyse de l'eau à partir d'électricité issue de sources renouvelables ». Interrogée sur ce point, Dyneff n'a pas souhaité expliciter plus avant l'origine de cet hydrogène vert...
500.000 euros d'investissement
Cette source d'énergie qui se veut propre a néanmoins pour défaut d'importantes pertes énergétiques lors de la production puis à chaque étape de la transformation. De plus, le kilo d'H2 sera vendu dans la station aux alentour de 10 euros, soit un prix de revient plus cher que les autres solutions. Alors que les poids lourds électriques effectuant de longs trajets peuvent désormais bénéficier de batteries beaucoup plus performantes et de chargeurs plus puissants, l'engouement sur l'hydrogène peut interroger. Dyneff a pourtant investi 500.000 euros dans cette station.
« Nous ne sommes clairement pas dans une stratégie de rentabilité immédiate de l'investissement, défend Emmanuel Riu. D'ailleurs, le parc roulant aujourd'hui à l'hydrogène est réduit (estimation d'une petite centaine de bus et poids lourds sur le secteur, NDLR). En revanche, cette station est une vitrine pour observer ce marché en développement, acquérir de l'expertise et affirmer notre présence en tant qu'acteur de la transition. »
Multi-énergies
Dans l'immédiat, Dyneff ne prévoit donc pas d'ouvrir de nouvelles stations. D'autres pétroliers y réfléchissent, à l'instar de Shell qui veut déployer des stations le long des corridors Ten-T (Trans European Transport Network).
Selon le plan RePowerUE visant à réduire la dépendance européenne aux hydrocarbures russes, la consommation d'hydrogène vert atteindra les 20 millions de tonnes eu Europe d'ici 2030. Mais les experts estiment que si cette transition a lieu, elle prendra plusieurs décennies et se fera par étapes...
Le groupe montpelliérain dit vouloir aujourd'hui se positionner comme un acteur multi-énergie de la mobilité, en offrant un choix complet de carburants, de combustibles et de produits complémentaires comme les panneaux photovoltaïques et les pompes à chaleur.
« Nous avons engagé de nombreux investissements sur la transformation de notre groupe en nous lançant par exemple dans les biocarburants, confirme le directeur général. Nous avons également acquis une unité de production de granulés de bois dans le centre de la France, nous sommes actionnaires de beta-énergie (chaleur bois en circuit court) et avons des projets dans l'autoconsommation photovoltaïque. »
En 2022, Dyneff (750 collaborateurs dont 300 en Occitanie) a réalisé 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !