Salinité des terres : la Camargue en danger

La salinisation des sols de Camargue s’accélère sous l’effet du changement climatique. Le sénateur gardois, Laurent Burgoa, a alerté le Premier ministre et réclamé un plan d’actions pour sauver ces terres.
La Camargue comprend de vastes étendues de lagunes, d'étangs saumâtres et de marais d'eau douce, qui exposent les terres cultivés à une forte salinité en raison du changement climatique.
La Camargue comprend de vastes étendues de lagunes, d'étangs saumâtres et de marais d'eau douce, qui exposent les terres cultivés à une forte salinité en raison du changement climatique. (Crédits : DR)

La Camargue est en danger. C'est le message d'alerte envoyé le 2 février dernier par Laurent Burgoa, sénateur (LR) du Gard, au Premier ministre, Jean Castex. En cause : le réchauffement climatique qui prive les filières agricoles de la ressource en eau indispensable pour éviter les remontées de sel. Viticulture, riziculture, élevage de taureaux, maraîchages, toutes ces productions risquent d'être sérieusement compromises si rien n'est fait pour éviter la salinisation.

Cette situation préoccupante est liée à la présence des lagunes littorales salées et des marais salants. Jusqu'ici, la lutte contre la salure progressive des sols sableux cultivés reposait sur deux leviers : un important réseau de canaux naturels ou artificiels (les roubines) avec des points de prélèvement d'eau douce sur le Petit Rhône, le canal du Rhône à Sète ou le Vidourle, et la pluviométrie annuelle. Tous deux permettaient des apports d'eau douce évitant les remontées de sel.

 Le réseau des canaux inopérant

Le réchauffement climatique a rebattu les cartes et mis à mal cet équilibre séculaire. La pluviométrie a fortement diminué, d'environ 150 à 200 mm par an. Depuis deux ans, il ne pleut presque plus en automne et en hiver. Or ces pluies lessivaient le sel qui remonte sous la pression de la nappe salée.

Parallèlement, certains canaux d'irrigation ont été comblés afin d'optimiser les surfaces, ce qui limite ou interdit tout apport d'eau douce. Par ailleurs, l'eau en provenance des rivières et fleuves avoisinants qui alimentent ces canaux s'est également raréfiée du fait du réchauffement climatique.

Dans un rapport réalisé en novembre 2021, la Chambre d'agriculture du Gard dresse un constat alarmant de l'impact de ces évolutions sur le vignoble des Sables : « Sur une surface de 2.800 ha plantée en vigne, environ 500 ha ont été détruits par le sel de façon durable. De plus, un bon nombre de ces vignobles ont été impactés par le gel du 7 avril 2021 : ils ont redémarré et ont été grillés par le sel pendant l'été. Dans cette situation, un redémarrage de la végétation et une production en 2022 est peu probable ».

Augmenter l'alimentation en eau douce

Christelle Aillet, maire des Saintes-Marie-de-la-Mer, est tout aussi inquiète. Dans une lettre aux pouvoirs publics, elle alerte sur les risques en matière de biodiversité : « Le stock de sel dans le système Vaccarès (étang emblématique du delta du Rhône, NDLR) a dépassé les limites acceptables et continue d'augmenter, détruisant les herbiers, les roselières et genévriers centenaires. Le sel remonte sur les canaux où s'abreuvent chevaux et taureaux, les terres agricoles se stérilisent. Les étangs et marais saturés de sel ne peuvent plus accueillir les oiseaux migrateurs, la richesse halieutique des lagunes se dégrade de façon dramatique, la diversité arboricole et les paysages commencent à changer. Il y a urgence à intervenir pour sauver cette zone humide exceptionnelle et continuer à la protéger, de la mer notamment ».

Dans sa lettre à Jean Castex, Laurent Burgoa insiste surtout sur le fait que les terres camarguaises ne sont pas suffisamment alimentées en eau fluviale, alors que celle-ci est proche et qu'elle se déverse quelques mètres plus loin, dans la Méditerranée.

« Il faudrait pouvoir pomper plus d'eau brute dans le Rhône pour mieux desservir la Camargue. Nous sommes en négociation avec CNR (Compagnie Nationale du Rhône, NDLR) et l'Agence de l'eau pour étudier les possibilités d'augmenter les prélèvements », confie le sénateur gardois.

En réponse à cette lettre, le Premier ministre a indiqué avoir transmis le dossier à Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique.

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