Gel dévastateur dans le vignoble de France : les viticulteurs d'Occitanie anéantis

Dans la nuit du 7 au 8 avril, une gelée de très vaste ampleur a décimé le vignoble régional, dont le cycle végétatif était déjà bien avancé. La récolte 2021 pourrait être réduite de moitié. Un coup dur pour les viticulteurs déjà malmenés par la crise sanitaire.
Le gel, qui a durement frappé le vignoble français dans la nuit du 7 au 8 avril 2021, pourrait diviser la récolte viticole du Languedoc-Roussillon par deux en 2021.
Le gel, qui a durement frappé le vignoble français dans la nuit du 7 au 8 avril 2021, pourrait diviser la récolte viticole du Languedoc-Roussillon par deux en 2021. (Crédits : DR)

« C'est un spectacle de désolation. Tout est grillé. On se croirait en plein hiver. Une gelée d'une telle ampleur, les anciens n'ont jamais vu ça ! »

Au lendemain du gel spectaculaire qui a dévasté une très grande partie du vignoble d'Occitanie, mais également la plupart des régions viticoles française, Jacques Henry, le président de la cave coopérative Clochers et Terroirs à Puilacher, dans l'Hérault, est encore sous le choc.

Dans la nuit du 7 au 8 avril, le thermomètre a chuté jusqu'à -5,5°, se maintenant à cette température négative pendant plusieurs heures. La vigne qui avait déjà bien démarré son cycle végétatif n'a pas résisté.

Les dégâts sont colossaux. Le président s'attend à une perte de 70% à l'échelle de la coopérative, une des plus grosses du département qui, l'an dernier, avait récolté 240.000 hl : « C'est catastrophique pour nos adhérents, surtout pour les plus jeunes qui viennent de s'installer, car il va quand même falloir effectuer tous les travaux d'entretien et de protection du vignoble, même si nous ne récoltons rien ».

500 millions d'euros de chiffre d'affaires partis en fumée

La coopérative héraultaise n'est malheureusement pas un cas isolé. Le gel, qui peut se montrer jaloux, n'a pas épargné grand monde cette nuit où les températures ont chuté jusqu'à - 8°.

Président de la Coopération agricole, Boris Calmette estime que la récolte viticole du Languedoc-Roussillon sera divisée par deux en 2021 : « Ce sont 5 millions d'hl et 500 millions d'euros de chiffre d'affaires qui sont partis en fumée en une nuit. Ce gel va avoir un impact économique majeur sur les exploitations et sur les caves coopératives, dont 70% des charges sont des charges fixes. Il faut s'attendre à des répercussions sur les investissements qui risquent d'être retardé. C'est l'ensemble de la filière qui va être impacté ».

La Fédération Sud des AOC a estimé les pertes sur la production d'AOC pour chaque département : 60 à 70% dans l'Hérault, 60% dans le Gard, 40 à 50% dans l'Aude et 15 à 20% pour Pyrénées-Orientales.

Des agriculteurs en grande détresse

Jérôme Despey, président de la Chambre d'agriculture de l'Hérault, qui faisait un point presse ce 9 avril, annonce que 100% du vignoble héraultais est impacté. Quelques rares zones dans le Minervois et à l'est du département n'enregistrent pas plus de 30% de dégâts, mais sur la majeure partie du vignoble, les pertes seront supérieures à 50% et dépasseront 80% sur un bon tiers des surfaces.

L'arboriculture est également sinistrée : « Nous ne récolterons pas d'abricots cette année dans l'Hérault, et les productions de pommes, de prunes et de cerises seront fortement amoindries ».

 La Présidente de la FDSEA, Sophie Noguès a souligné la grande détresse des agriculteurs : « Les appels n'ont pas cessé. Certains étaient en pleurs, d'autres sont écœurés, découragés... Leur moral de nos exploitants est au plus bas », a-t-elle alerté.

Une réunion de crise a été organisée le 9 avril au matin par la Chambre d'agriculture, en présence du préfet de l'Hérault, des parlementaires et l'association des maires et des responsables professionnels.

« Les collectivités locales nous ont assurés de leur soutien dans cette épreuve, ce qui fait chaud au cœur, a déclaré Jérôme Despey. Nous demandons des mesures d'urgence comme l'exonération des taxes sur le foncier non bâti, la prise en charge des cotisations sociales et une année bancaire blanche avec le report des annuités. Nous allons également étudier la possibilité de mobiliser le PGE et de le rallonger au-delà du 30 juin. »

Le ministre de l'Agriculture a annoncé le 8 avril l'ouverture du régime des calamités agricoles, mais le gel étant assurable en viticulture, ce fonds ne couvre pas les pertes de récolte.

Après la crise sanitaire et la taxe Trump qui l'ont déjà fragilisée, cette gelée exceptionnelle est un nouveau coup dur pour la viticulture régionale.

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