Viticulture : le CIVL toujours dans la tourmente (interne)

La crise interne n’en finit plus au Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL). C’est la raison même de l’existence de la structure qui est remise en cause par les contestations. En Languedoc, mais aussi ailleurs en France.
Alain Gleyze, président de l'AOC Fitou, est prêt à quitter le CIVL si les metteurs en marchés directs ne sont pas réintégrés et si le CIVL ne remet pas les appellations au centre du jeu.
Alain Gleyze, président de l'AOC Fitou, est prêt à quitter le CIVL si les metteurs en marchés directs ne sont pas réintégrés et si le CIVL ne remet pas les appellations au centre du jeu. (Crédits : Yann Kerveno)

Le feu couvait depuis un moment mais il s'est réellement déclaré lors de l'élection de Christophe Bousquet, également président de l'AOC Clapes, à la tête du CIVL en remplacement de Miren de Lorgeril. Au cours de cette assemblée générale en 2021, l'institution a « oublié » de convoquer les représentants des metteurs en marché direct, laissant donc le négoce seul dans le collège de la mise en marché.

Alors président de la fédération des metteurs en marché direct (il a lâché la présidence depuis), Jean-Marie Fabre expliquait à l'été 2021 : « Depuis 22 ans et un accord tacite propre au Languedoc, les metteurs en marché directs participent à la vie du CIVL dans la section du négoce, ce sont les négociants qui nomment six représentants des metteurs en marchés directs pour compléter leur collège. Les metteurs en marchés directs, c'est-à-dire les vignerons indépendants et les caves coopératives, représentent aujourd'hui 55% des volumes des AOP du Languedoc et 40% du total des vins commercialisés dans la région ».

Cette question n'est toujours pas réglée et il n'est pas exclu que la justice soit saisie pour mettre un terme à l'embrouille, avec une décision qui pourrait faire jurisprudence et se répandre comme une traînée de poudre dans les autres vignobles.

Panne de légitimité

Mais c'est aussi la stratégie qui est remise en cause, et l'appui très important accordé à l'appellation Languedoc, au détriment des autres appellations.

« Il faut regarder ce qui marche aujourd'hui, analyse froidement un fin connaisseur de la filière. Dans la région, nous avons d'un côté une belle locomotive bien placée sur le marché mondial avec les vins de cépages de Pays d'OC, et de l'autre, les appellations qui sont à la peine. Et dans ce segment, ce qui permet de continuer à vendre, c'est la différenciation. Regardez dans la vallée du Rhône : qu'est ce qui marche ? Châteauneuf du Pape, Côte-Rôtie, tandis que le générique Côtes-du-Rhône souffre. Chez nous, c'est pareil, l'appellation Languedoc n'est pas une réponse puisqu'elle résulte d'un mouvement de standardisation et de massification dont le marché ne veut plus. »

En arrière-plan, et c'est bien le fond du problème, la question de pourquoi payer des cotisations à une interprofession qui met l'appellation générique en avant et pas celles de ses membres respectifs, Corbières, Fitou, Faugères, etc. Ces trois appellations sont d'ailleurs en voie de quitter le navire, comme l'a déjà fait l'appellation Minervois...

« La balle est dans le camp du négoce »

Avec son franc-parler habituel, Alain Gleyze, président de l'AOC Fitou expliquait tout récemment qu'il « n'allait pas payer pour un truc qui ne m'intéresse pas ». La lettre de « démission » de son appellation est partie le 18 avril dernier pour une sortie, c'est statutaire, intervenant fin 2023. Et il ajoute : « Cela laisse un an et demi pour la conciliation ».

Comment sortir de cette crise ?

« La première chose, c'est la réintégration des metteurs en marchés directs, revendique Alain Gleyze. Mais ce n'est pas parce que nous obtiendrons satisfaction sur ce point que nous resterons forcément, il faudra que le projet du CIVL remette aussi les appellations au centre du jeu. La balle est dans le camp du négoce. »

Et les mêmes préoccupations se font jour ailleurs, de Bordeaux au Roussillon.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.