Foncier viticole : pourquoi les coopératives tentent le crowfunding

SERIE Coopératives viticoles (2/2) - Pour préserver leur potentiel viticole et favoriser l’installation de jeunes, les coopératives viticoles font appel au financement participatif. Un outil nouveau pour ces structures, que des coopératives de Nîmes, Faugères ou Gruissan ont expérimenté avec succès.
A Nîmes, les Vignerons Propriétés Associés ont lancé, en septembre dernier, Vignobles Associés, une SCIC qui fait appel au financement participatif pour acheter du foncier et le donner en fermage à des jeunes qui s'installent.
A Nîmes, les Vignerons Propriétés Associés ont lancé, en septembre dernier, Vignobles Associés, une SCIC qui fait appel au financement participatif pour acheter du foncier et le donner en fermage à des jeunes qui s'installent. (Crédits : DR)

La pyramide des âges des vignerons coopérateurs du Languedoc-Roussillon a de quoi donner des sueurs froides aux dirigeants des caves coopératives régionales : d'après le dernier recensement de 2020, 55% d'entre eux sont âgés de 55 ans ou plus.

« D'ici cinq à six ans, on s'attend à une vague de départs de nos coopérateurs, qui vont atteindre l'âge de la retraite, soit 20 à 30% de notre vignoble qui est menacé », confie Denis Verdier, président de la coopérative gardoise Vignerons Propriétés Associés, qui compte 280 coopérateurs exploitant 2.700 hectares de vigne.

Ludovic Roux, président des Vignerons coopérateurs d'Occitanie, confirme : « C'est un sujet de préoccupation dans notre région comme ailleurs. L'équilibre financier de nos structures coopératives se fait par le volume. Si nous perdons ce potentiel viticole, la rentabilité de nos coopératives en sera affectée ».

Une réflexion a été menée par les instances nationales de la coopération viticole pour trouver différents outils de préservation du foncier. L'appel à des capitaux extérieurs est l'une des solutions explorées.

Recruter de nouveaux adhérents

C'est l'option retenue par les Vignerons Propriétés Associés, qui, le 20 septembre dernier à Nîmes, ont  officialisé le lancement de Vignobles Associés, une SCIC (société coopérative d'intérêt collectif) qui fait appel au financement participatif pour acheter du foncier afin de le donner en fermage à des jeunes qui s'installent.

« C'est une démarche de recrutement de nouveaux adhérents qui vise à dynamiser nos territoires par le renouvellement des générations », déclare Denis Verdier.

Pour investir dans le vignoble gardois via cette SCIC, le ticket d'entrée est de 1.000 euros, ce qui correspond à une part. En retour de cet engagement solidaire, les copropriétaires bénéficient d'une réduction fiscale de 25% du montant investi et reçoivent chaque année une gratification en bouteilles équivalente à 50 euros. Des animations seront proposées tout au long de l'année aux souscripteurs pour célébrer les étapes-phares de l'élaboration des vins : fête des vendanges, fête du vin nouveau, lancement du rosé de l'année.

La coopérative espère recueillir 1,5 à 2 millions d'euros, ce qui permettrait d'installer quatre jeunes sur une quinzaine d'hectares chacun.

« Maintenir une viticulture à capitaux familiaux »

Vignerons Propriétés Associés n'est pas la première coopérative régionale qui fait appel au financement participatif. En 2016, la coopérative de Faugères (Hérault) avait lancé la première SCIC de financement participatif du vignoble. Elle compte aujourd'hui 350 investisseurs et a collecté près de 600.000 euros.

La cave de Gruissan (Aude) a, elle aussi, fait appel au crowfunding pour préserver son potentiel de production, qui s'effritait d'année en année. En juillet 2014, elle créée une SAS (société par actions simplifiées) dont elle est actionnaire ainsi que sept de ses adhérents, et fait appel à des investisseurs extérieurs pour lever des fonds en vue d'acquérir des vignes ou d'en récupérer en fermage. En deux mois, elle a récolté les 120.000 euros escomptés auprès de 85 actionnaires.

« Ce sont essentiellement des Gruissanais ou des gens de la région, mais également des estivants qui ont vu dans cette opération un moyen de s'ancrer dans la vie locale », raconte le directeur, Frédéric Vrinat.

Grâce à cette SAS, la cave a repris 18 hectares de vigne, qui sont suivis par le technicien de la cave et exploité en prestations de service par des viticulteurs locaux.

« Les coopératives viticoles n'ont pas vocation à devenir propriétaires fonciers, commente Ludovic Roux. L'objectif est de trouver des solutions pour préserver temporairement le vignoble, puis de le transmettre à des jeunes qui s'installent. Nous souhaitons maintenir une viticulture à capitaux familiaux. »

Lire également le volet 1 : La coopération viticole espère regagner des parts de marché grâce à la belle récolte 2022

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