Les germoirs de Biovie bientôt dans une base scientifique de l’Antarctique ?

L’entreprise gardoise Biovie, spécialiste de l’alimentation vivante et bio, lance la commercialisation de sa solution pour faire pousser à domicile des graines germées. Distribué en France, son germoir autonome vient de débarquer dans les cuisines new-yorkaises. Malgré un contexte tendu, Biovie ambitionne de démocratiser l’alimentation végétale en éduquant les palais, notamment via la formation « chefs cru ».
Le nouveau modèle de germoir autonome de Biovie est maintenant fabriqué en France et constitué de matériaux biosourcés.
Le nouveau modèle de germoir autonome de Biovie est maintenant fabriqué en France et constitué de matériaux biosourcés. (Crédits : Biovie)

Après une crise sanitaire, une guerre en Ukraine et des mois d'inflation généralisée, le secteur du bio n'a pas franchement la pêche : il représente seulement 6% de la consommation des ménages et les objectifs européens, fixés par la PAC, de 18% de surfaces cultivées en agriculture biologique d'ici 2027 (contre 10 aujourd'hui) pourraient avoir du mal à être atteints... En revanche, le marché vegan semble plus prometteur : selon Kantar World Panel, 49% des foyers comprenaient au moins une personne flexitarienne en 2022 (contre 25% en 2015) et 40% des Français disent aspirer à consommer davantage d'aliments vegans.

Depuis sa création en 2007 à Langlade (Gard), l'entreprise Biovie (dix salariés, 2 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023) affiche une croissance maîtrisée dans le domaine de l'alimentation vivante et bio avec pour ambition de redynamiser l'image du végétarisme des années 1970.

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Une gamme atypique de 200 produits

« Nous refusons de penser que l'alimentation vivante est réservée aux connaisseurs ou à des personnes au mode de vie marginal, et que le bio n'est accessible qu'à ceux qui ont les moyens, indique Eric Viard, ingénieur agronome tropical et fondateur de Biovie. Il faut casser les idées reçues en fournissant à la fois des produits bruts ou peu transformés à des prix abordables. »

Spécialisée dans les aliments et super-aliments bio, éthiques déshydratés à basse température - fruits lyophilisés, oléagineux, sève de bouleau, noix de coco fraîches, algues, microalgues, graines à germer...- la société gardoise propose une gamme de 200 produits, souvent atypiques, importés du monde entier.

« Nous privilégions les produits français ou européens et pour les importations comme le souchet ou la noix de coco, nous favorisons le commerce équitable, poursuit le dirigeant. Nous travaillons avec une quarantaine de producteurs que nous connaissons tous et dont nous contrôlons personnellement la traçabilité et la qualité des produits mais aussi les conditions de travail. Par exemple, nous avons travaillé pendant un an sur le projet du durian de Thaïlande que nous proposons en exclusivité européenne, ou sur l'algue klamath fraîche récoltée en Oregon. Bien sûr, certains aspects de notre activité demeurent perfectibles comme l'utilisation de matières plastiques recyclées mais nous veillons, dès que c'est possible, à améliorer nos process. »

En 2023, Biovie a approvisionné 78.000 clients captés sur son site internet et un réseau professionnel (restaurants, catering,...).

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Un germoir fabriqué en France

Mais c'est sur le marché de niche des graines germées que Biovie a vraiment démarré son activité. Pendant sept ans, la société a importé en France et dans une douzaine de pays de l'Est (dont la Russie), les germoirs Easygreen Light inventés par l'ingénieur américain Sol Azulay. Avant de racheter la marque en 2020, ils ont travaillé ensemble pendant cinq ans sur un nouveau modèle de germoir autonome, fabriqué en France et constitué de matériaux biosourcés (fibre de bois, cannes à sucre, calcaire).

« Easygreen Sol est capable de fournir les graines germées fraîches pour toute une famille sans aucune énergie, ce qui affranchit l'appareil des problèmes de tensions ou de normes des différents pays, détaille Eric Viard. Finis également les trempages et les rinçages de graines, la surveillance est minimale. »

Commercialisée en prévente fin 2023 dans le cadre d'une campagne Ulule (600 appareils vendus), une première série de 1.000 germoirs (139 euros/pièce) a été écoulée. Pour la seconde, en cours de lancement, Biovie vise le marché français (magasins bio, Nature et Découvertes,...) mais aussi américain. Un premier germoir vient d'ailleurs de débarquer dans un restaurant newyorkais.

Contenant de nombreux nutriments et des substances comme les polyphénols, puissants antioxydants et protecteurs cellulaires, les graines germées pourraient intéresser les chercheurs des bases antarctiques. Un projet d'installation du germoir est actuellement mené pour équiper la base franco-italienne Concordia et celle d'Umont d'Urville (qui sert de relai pour les ravitaillements). Ce projet est d'ailleurs très complémentaire des études préliminaires anthropologiques sur l'habitat en antarctique menées par l'Institut polaire.

Education et édition

Militant de l'alimentation vivante, Biovie veut démocratiser la pratique en accompagnant et éduquant les personnes dans cette transition.

« La végétalisation des assiettes est une réalité, note le fondateur de Biovie. Elle est l'inverse du fast-food mais mettre plus de cru et de végétal dans son alimentation, ça s'apprend !  »

Sur son site, la société dispense de multiples formations (les bases de lactofermentation, passer à une alimentation crue, etc.) et des webinaires de « crusine ». Elle proposera prochainement trois niveaux de certification en français pour les chefs, une collaboration avec la première école de « chefs cru » au monde, Living Light Culinary Institute (Californie).

Biovie est également éditeur. Son nouvel ouvrage Algues au quotidien, tout savoir sur ces super végétaux, signé Aurélie et Eric Viard paraîtra en mars prochain.

La société gardoise se projette sur un de chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros en 2024, et plus de 3 millions d'euros en 2025.

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