Pour l'ex-Montpelliérain Marco Sarrabia, c’est « un immense élan de solidarité qui a sauvé l'économie d’Israël »

OCCITANS D'AILLEURS - Près de trois mois après le déclenchement de la guerre entre l’État hébreu et le Hamas à Gaza, l’ingénieur franco-israélien, ancien professeur de mathématiques dans la région de Montpellier, s’apprête à vivre une fête de la Nativité particulière cette année. Il témoigne d’un pays qui tourne au ralenti, même si l’activité économique a repris après le 7 octobre.
Le Franco-Israélien Marco Sarrabia, originaire de Montpellier, vit dans le kibboutz Tsuba, près de Jérusalem, et travaille dans une usine au sein du kibboutz, qui produit et exporte dans le monde entier des vitres de sécurité pour des trains, voitures, poids lourds, blindés, etc.
Le Franco-Israélien Marco Sarrabia, originaire de Montpellier, vit dans le kibboutz Tsuba, près de Jérusalem, et travaille dans une usine au sein du kibboutz, qui produit et exporte dans le monde entier des vitres de sécurité pour des trains, voitures, poids lourds, blindés, etc. (Crédits : DR)

Marco Sarrabia vit dans le kibboutz Tsuba, près de Jérusalem, un gros village communautaire d'un millier de personnes, l'un des rares encore en activité sur les dizaines que comptait l'État hébreu. Diplômé en Israël comme ingénieur en recherche industrielle, il travaille aujourd'hui dans une usine au sein du kibboutz qui produit et exporte dans le monde entier des vitres de sécurité pour « tout ce qui roule » : trains, voitures, poids lourds, blindés...

Jérusalem a beau être à distance de la bande de Gaza, la Ville sainte n'en est pas pour autant épargnée par les alertes : « Samedi dernier, des missiles ont encore été tirés ici, témoigne Marco Sarrabia. Heureusement, ils ont été interceptés par le "Dôme de fer", notre système de défense antiaérienne ».

Des chantiers paralysés

L'activité économique continue donc, mais au ralenti, en particulier dans le sud, près de la frontière avec Gaza. Le Français se rend tous les jours au laboratoire qu'il dirige depuis 2010, mais tout a changé depuis l'attaque du 7 octobre.

« Le gouvernement a facilité l'obtention du port d'armes donc de plus en plus de citoyens sont armés, surtout dans les zones sensibles, raconte-t-il. Au kibboutz, nous avons renforcé les gardes et les patrouilles. Le conseil régional a distribué des armes et les gardiens contrôlent dorénavant avec plus de sévérité les entrées et sorties. »

Les autorités interdisent également désormais l'accès au territoire d'Israël à des dizaines de milliers de travailleurs palestiniens. A cause de tous les Israéliens, hommes et femmes, mobilisés pour aller combattre, des entreprises entières se sont ainsi retrouvées du jour au lendemain sans employés, beaucoup de chantiers sont paralysés et l'agriculture souffre d'un terrible manque de main-d'œuvre.

Élan de solidarité

Sur ses quatre enfants, deux sont mobilisés au front, l'un à Gaza, l'autre au nord, à la frontière avec le Liban : « Heureusement que des milliers de citoyens israéliens se sont portés volontaires, surtout dans le domaine de l'agriculture pour aller cueillir les grenades, les olives et les avocats qui commençaient à tomber des arbres. C'est cet immense élan de solidarité qui a sauvé l'économie d'Israël et pas le gouvernement qui n'a toujours pas réussi à s'entendre sur un budget adapté pour répondre aux besoins de toutes les entreprises sinistrées par la guerre ».

Informatique et musique électronique

Né en Tunisie de parents juifs séfarades, le Français arrive à Montpellier à l'âge de trois ans. Marco Sarrabia étudiera les mathématiques appliquées avant d'enseigner plusieurs années durant dans des établissements dans la région. En 1987, il ouvre avec un magasin à Montpellier son frère, où il enseigne entre autres l'utilisation de l'informatique dans la musique électronique, très avant-gardiste à l'époque.

Deux ans plus tard, Marco Sarrabia fait son « alya », la montée vers Israël. A son arrivée dans l'État hébreu, il devient chef de culture pendant quinze ans dans les vignes et les oliveraies du kibboutz Tsuba. Il collabore alors avec l'Institut de recherche agricole israélien Volcani pour l'amélioration des techniques en agriculture raisonnée et biologique.

« Un touriste en France »

Dans un discours très pacifiste, le franco-israélien, aujourd'hui âgé de soixante-quatre ans, ne voit d'issue à la guerre que dans la négociation pour libérer un maximum d'otages.

« Israël est tombé dans un piège, comme les Américains au Vietnam, reconnaît-il. On n'a pas le choix, on doit à terme écarter le Hamas du pouvoir palestinien. J'ai milité pour la paix toute ma vie, depuis Isaac Rabin et les accords d'Oslo il y a trente ans. Aujourd'hui, on ne s'en sortira pas sans une solution à deux États. Israël combat le terrorisme, pas les Palestiniens. »

Marco Sarrabia ne se voit pas revenir s'installer en France : « Je suis touriste en France, sourit-il. Je comprends la langue mais pas toujours exactement la mentalité ».

Il a reçu, le 19 décembre dernier, une mention spéciale du jury lors du palmarès annuel de Racines Sud, le réseau des Occitans expatriés dans le monde.

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