Le fabricant gardois de sous-vêtements masculins Eminence se diversifie en rachetant la marque féminine Passionata

Cela fait 80 ans que l’homme est au centre des attentions du fabricant de sous-vêtements Eminence. Désormais, l’industriel gardois entend diversifier son activité. Il vient de racheter au groupe Chantelle la marque de sous-vêtement féminin Passionata et s’apprête à équiper des forces de l’ordre françaises dans le cadre d’une joint-venture.
Eric Aribat et Antonio Iandolo, respectivement directeur opérationnel et président de l'entreprise Eminence.
Eric Aribat et Antonio Iandolo, respectivement directeur opérationnel et président de l'entreprise Eminence. (Crédits : Nelly Barbé)

Le fabricant gardois de sous-vêtements masculin Éminence fête cette année ses 80 ans d'existence. L'entreprise, fondée en 1944, emploie 500 personnes en Europe dont 450 en France dans le Gard, entre Aimargues, où se situent le siège social et la plateforme logistique, et Sauve, où se trouve l'atelier de confection des produits premium.

À l'occasion de cet anniversaire, l'industriel du textile, détenu depuis 2018 par le groupe israélo-américain Delta Galil, annonce donner une nouvelle impulsion à son activité en s'attaquant notamment à un segment sur lequel elle est, pour l'instant, très peu présente : le sous-vêtement féminin. Cette stratégie de diversification est rendue possible grâce à sa récente acquisition de la marque Passionata au groupe Chantelle. Un rachat qui sera à 100% opérationnel en juillet.

« À ce jour, 80% de notre business est sur la cible "homme", et nous avions vraiment besoin de changer cette approche et de récupérer une part du marché "femme" qui ne représente aujourd'hui que 2 à 3 millions d'euros de nos 100 millions d'euros de chiffre d'affaires, explique Antonio Iandolo, président de l'entreprise Eminence. Passionata est une marque typiquement française qui allie le confort et le sexy. Sa distribution est internationale dans 18 pays quand Eminence était, jusqu'à présent, principalement sur le marché domestique. Les gammes Passionata vont être modernisées et nous allons diversifier la marque avec des produits dédiés à la nuit, au "lounge-wear" et aux maillots de bain. »

En termes de ventes, Passionata représente actuellement un chiffre d'affaires de près de 33 millions d'euros. Éminence entend mieux exploiter le segment du e-commerce avec l'ambition de doubler son activité, ce qui passera notamment par la création d'un site internet dédié exclusivement à la marque. Les ventes à l'international vont également être boostées avec, parmi les pays prioritaires, les Etats-Unis. Le tout, à grand renfort de marketing et d'expérience en magasin « améliorée ».

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Création d'une joint-venture

Autre segment que le groupe gardois entend développer, celui des marchés publics. Dernièrement, Eminence a remporté, dans le cadre d'un groupement constitué avec les entreprises françaises Leo Minor et Mark&Balsan, le marché de l'habillement pour la Police Nationale et la gendarmerie pour les quatre prochaines années, renouvelable deux années de plus.

Une « chasse en meute » encouragée par Olivier Ducatillon, le président de l'Union des Industries Textiles, dans un entretien accordé récemment au site Maddyness : « Les Italiens et les Allemands l'ont compris avant nous, et c'est la raison pour laquelle ils ont un tissu industriel beaucoup plus fourni que le nôtre ». Une approche également approuvée par la déléguée au financement chez Bpifrance, qui estime que la France devrait se rapprocher des modèles allemands et italiens : « L'Italie, par exemple, a mis en place un modèle collaboratif très puissant. Chaque société est très spécialisée, mais interconnectée avec d'autres, notamment via la création de joint-ventures, ce qui leur permet de répondre ensemble à de gros clients sans perdre les marges intermédiaires ».

Le contrat établi par Eminence dans le cadre de la joint-venture doit démarrer fin 2024-début 2025.

« Nous nous occupons des tee-shirts et des chemises, précise Eric Aribat, directeur opérationnel d'Eminence. Il s'agit de produits extrêmement techniques, capables par exemple de ne pas laisser passer les infra-rouges. Les tissus sont fabriqués à Aimargues et la confection est réalisée en Afrique du Nord. »

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10 millions d'euros d'investissement

Cette nouvelle impulsion donnée à l'entreprise gardoise s'accompagne de plusieurs millions d'investissement. En 2024, près de 2 millions d'euros vont être ainsi injectés sur la base logistique d'Aimargues : « Il nous faut améliorer le volet logistique pour suivre la cadence », poursuit le directeur.

Avec le rachat de Passionata, Eminence va aussi passer d'une distribution de masse auprès de la grande distribution française à de la distribution retail, partout dans le monde et au quotidien. Pour ce faire, quelque 3 millions d'euros vont être injectés dans le réseau informatique « pour être le plus agile possible », et une quinzaine de personnes vont être recrutées à des fonctions commerciales, marketing et design.

Près de 4 millions d'euros vont enfin être investis dans la rénovation du siège social qui regroupe 140 salariés « pour changer d'image et améliorer les conditions de travail. Les travaux ont démarré en janvier et devraient se terminer en juillet (architecte : MN Lab) », indique le groupe.

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Commentaire 1
à écrit le 05/03/2024 à 20:27
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Drôlement culotté...

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