« Les dirigeants innovent et sont souvent déçus car ils ne managent pas leur stratégie d’innovation » (Myriagone Conseil)

ENTRETIEN - Le cabinet conseil héraultais en stratégie et en innovation Myriagone Conseil s’offre des locaux à 1,2 millions d’euros sur la commune de Mauguio, doublant la surface de ses bureaux. Un investissement motivé par sa croissance et ses ambitions, et qui sera assorti de trois recrutements. Ophélie Laboury, présidente de Myriagone Conseil, décrypte les enjeux du management de l’innovation dans les entreprises et les objectifs de son cabinet.
Cécile Chaigneau
Ophélie Laboury, présidente de Myriagone Conseil.
Ophélie Laboury, présidente de Myriagone Conseil. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Votre cabinet Myriagone Conseil vient d'acquérir 400 m2 de bureaux pour 1,2 millions d'euros d'investissement dans la zone du Parc Industries Industries Or Méditerranée, sur la commune de Mauguio, où vous déménagerez en juillet prochain. C'est un investissement important. A quel développement de votre activité vient-il répondre ?

Ophélie LABOURY, présidente de Myriagone Conseil - Nous avons recruté six salariés durant les douze derniers mois et nous sommes aujourd'hui quinze. Et je prévois de recruter trois autres personnes d'ici la fin 2023. Nous avions besoin d'un outil puissant lié à l'innovation, depuis lequel rayonner de l'échelle locale à l'échelle nationale.

Comment définissez-vous votre activité de conseil, à l'heure où les mastodontes de votre secteur ont fait l'objet de nombreuses critiques ?

Je ne vends pas du conseil, je vends des cerveaux qui savent réfléchir ! Myriagone est un cabinet indépendant, qui se positionne moins comme un cabinet conseil que comme une entreprise. Nous nous différencions des gros cabinets, comme McKinsey, car nous sommes ancrés sur le territoire avec une équipe de personnes qui ont été recrutées et non pas des consultants indépendants. C'est notre valeur ajoutée. Depuis le Covid, tout le monde a pris conscience de l'incertitude sur les affaires. On a observé la crise des matériaux, la crise de l'énergie et aujourd'hui, le risque d'une crise de l'essence car les gens sont à cran et font des réserves. Prendre des décisions est difficile et ce que nous proposons d'accompagner, c'est comment prendre des décisions vite et bien dans un milieu incertain. C'est là que l'on voit toute la puissance de l'innovation, la capacité à réfléchir différemment. Notre approche consiste à hybrider performance stratégique robuste et de long terme, puissance de la créativité - qui revient à imaginer tout ce qui pourrait arriver et toutes les solutions possibles - et rigueur scientifique par émission d'hypothèses, quitte à se tromper mais qui permettent à l'entreprise d'apprendre... Avec ces nouveaux locaux, nous prévoyons, par exemple, de mettre en place une collaboration avec une école.

Quels sont aujourd'hui les besoins des PME-PMI, ETI, startups et entreprises du que vous accompagnez ?

Ce que les entreprises cherchent aujourd'hui, c'est comment aborder des transformations pour rester performantes. Jusqu'alors, la performance était pilotée par la partie financière, en faisant des investissements. Aujourd'hui, elle repose là-dessus mais aussi sur la créativité des collaborateurs. Ce que les gens appellent « le sens », c'est quelle direction prendre, quel obstacle franchir et comment ? De plus en plus, les dirigeants veulent embarquer leur Codir, leurs équipes. On anime de plus en plus de séminaires de stratégie... La polémique autour de McKinsey (l'emprise du cabinet de conseil, et de ses homologues, sur l'appareil d'Etat, et son coût pour les finances publiques, NDLR) nous a plutôt profité : les grandes entreprises ont commencé à nous appeler pour nous référencer plutôt que solliciter de gros cabinets avec lesquels elles ont des accords-cadres. Nous n'avons jamais autant répondu à des appels d'offres que depuis cette polémique... Par exemple, nous avons été sollicités par le ministère de l'Intérieur, ce qui ne nous était jamais arrivé. Nous n'avons finalement pas été retenus mais c'est un signal.

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Qui sont les entreprises que vous accompagnez sur leur stratégie de l'innovation aujourd'hui ?

Leur typologie est variable et il s'agit systématiquement de changement de cap, de changement d'échelle. Donc il peut s'agir d'un projet de création d'entreprise, d'une  startup, d'une ETI. Elles nous sollicitent pour faire face à un défi, et ça peut être tout simplement de durer, ou pour remobiliser leurs collaborateurs. Et en ce moment, c'est une demande forte : donner aux salariés des outils mais aussi de l'énergie. Nous accompagnons actuellement Pacific Pêche, le laboratoire pharmaceutique grenoblois Roche Diagnostics, ou encore l'incubateur de l'Université de Montpellier pour aider les chercheurs, les doctorants ou les porteurs de projet. Nous avons aussi accompagné la Cleantech Vallée ou la fusion de l'Ametra, devenue En Santé.

Vous ambitionnez de rayonner de l'échelle locale à l'échelle nationale . Où en êtes-vous et comment procéderez-vous ?

J'ai créé Myriagone Conseil en 2015, et en moins de dix ans, nous avons déjà atteint une croissance à deux chiffres, avec un autofinancement total. Notre chiffre d'affaires 2022 était de 1,2 million d'euros et nous projetons d'atteindre 2 millions d'ici 2025. Nous travaillons déjà à l'échelle nationale mais nous souhaitons accélérer et nous réfléchissons à passer par de la croissance externe, en visant un autre cabinet soit pour son implantation géographique, soit pour ses compétences complémentaires. Mais ce ne sera pas avant 2024...

Vous indiquez que Myriagone Conseil est la seule société française de conseil en innovation membre de la commission de normalisation de l'AFNOR dédiée au management de l'innovation : quels sont les sujets du moment ?

On observe que cette norme intéressait peu les entreprises et notamment les entreprises françaises. Mais aujourd'hui, les grands groupes s'interrogent car des entreprises d'autres pays s'y mettent. Leur question, c'est comment performer dans l'innovation : 90% des dirigeants disent vouloir innover, le font et sont souvent déçus par l'innovation car ils investissent mais ne managent pas forcément cette stratégie d'innovation et n'ont donc pas le retour sur investissement attendu. Dans des startups, ça peut être un dirigeant qui a beaucoup d'idées mais s'éparpille, et dans une entreprise plus structurées, on voit plutôt des projets tués dès le départ par trop de process qui font que l'idée n'arrive pas à émerger.

Cécile Chaigneau

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