Economie circulaire : Trocr digitalise le don d’objets responsable et solidaire

La startup héraultaise Trocr réinvente le troc, le digitalise et l’inscrit dans une démarche systémique qui peut impliquer des collectivités territoriales, des entreprises, des associations locales et les citoyens. Le tout sur une plateforme que son fondateur a voulu simple, rapide et sécurisée. Et solidaire.
Cécile Chaigneau
L'application Trocr invente le don d'objets responsable et solidaire.
L'application Trocr invente le don d'objets responsable et solidaire. (Crédits : DR)

L'initiative pourrait paraître réchauffée. Car il existe en effet déjà divers outils ou structures pour opérer des dons d'objets. On pense spontanément aux Emmaüs, aux applications Vinted ou Geev et autre Donnons.org... Mais Trocr (prononcé "Troc coeur") a poussé la démarche un cran plus loin et l'a inscrite dans une approche systémique qui va bien au-delà d'un simple don : le don d'objets responsable et solidaire.

Voilà cinq ans que son fondateur, Julien Roques travaille sur le projet et ajuste son modèle. Aujourd'hui, le modèle de Trocr semble abouti et Julien Roques, qui l'expérimentait avec deux communes héraultaises (Saint-Mathieu-de-Tréviers et Saint-Gély-du-Fesc), annonce avoir signé des contrats avec une communauté de communes et avec Suez.

Ce qui motive cet entrepreneur, c'est une conviction sur la transition écologique : « En matière de prévention sur la question des déchets et en matière d'économie circulaire, je pense que les actions d'éducation et de sensibilisation ne vont pas suffire et que les choses n'iront pas assez vite. C'est la raison pour laquelle j'ai opté pour une approche systémique afin de générer un impact durable et rapide : changer les comportements en inventant de nouvelles pratiques vertueuses et suffisamment appréciées et faciles à mettre en œuvre pour donner envie de les adopter. Quant aux plateformes qui existent déjà, elles n'ont pas réellement trouvé de modèle économique donc soit elles sont polluées par beaucoup de publicité, soit elles sont pauvres en offre, soit elles ne sont pas solides... Trocr a donc développé une application rapide sur laquelle il faut 4 secondes pour publier une annonce, dotée d'une interface ultra simple, sûre et solidaire ».

« Ce n'est pas de la charité, c'est du troc »

Comment ça marche : le donneur paie ce qu'il veut ou peut sur la base de la valeur de l'objet indiquée, et le donneur choisit une association locale à qui la valeur du don sera versée, ce qui fait dire à son concepteur que « ce n'est pas de la charité, c'est du troc ». L'application favorise la proximité (elle indique les objets disponibles dans un périmètre géographique de 30 km) puisque les objets se remettent de la main à la main, sans envoi.

« Une expérimentation a été menée à Saint-Mathieu et Saint-Gély, commune sur laquelle elle se poursuit, et en un an, on a enregistré 2000 dons d'objets pour plus de 13.000 euros, indique Julien Roques. Nous venons de signer avec la Communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup et d'ici la fin de l'année, nous lancerons l'application avec la Communauté de communes Vallée de l'Hérault et, via un partenariat avec Suez, sur l'agglomération Nîmes Métropole. Ce qui fera au total une centaine de communes. »

Même si l'application se destine aussi individuellement aux particuliers, le modèle qu'a choisi Julien Roques, c'est surtout celui de la licence en marque blanche, qu'il destine aux collectivités territoriales souhaitant agir concrètement sur les comportements et appuyer leur politique sociale et sociétale, et aux entreprises, principalement pour servir leur politique RSE.

« Réduire le coût des sorties scolaires »

« Nous avons déjà vendu notre licence au Crédit Agricole du Languedoc-Roussillon et d'Ile-de-France, et on est en train de le faire avec le BHV à Paris, déclare le dirigeant. L'entreprise choisit les associations à qui elle veut donner l'argent, par exemple les Restos du Cœur, et propose ses salariés de participer... Sur la Communauté de communes du Grand Pic Saint-Loup, l'argent des objets donnés profitera à deux causes : réduire le coût des sorties scolaires ou réduire le coût des repas via des dons à l'association des parents d'élèves, et favoriser la solidarité locale via des associations locales qui aident les plus démunis. Le déploiement de l'application sera soutenu par une opération pédagogique éco-solidaire auprès des scolaires à la rentrée pour les sensibiliser au gaspillage ou à l'existence d'objets qui ne servent plus à rien. »

Dans son modèle économique figure aussi  le principe de la commission « volontairement très légère, soit 0,30 euros HT sur 10 euros, pour financer l'hébergement de la plateforme, les frais techniques et la modération », précise Julien Roques.

La startup, basée à Saint-Gely-du-Fesc et membre de la French Tech Méditerranée, est incubée à la pépinière d'entreprise Via Innova de Lunel et soutenue par Bpifrance.

Cécile Chaigneau

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