Après 138 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, Swile annonce la rentabilité au prochain trimestre

La worktech montpelliéraine Swile, spécialisée dans les avantages salariés dématérialisés et devenue licorne fin 2021, annonce un chiffre d’affaires de 138 millions d’euros après l’intégration de Bimpli fin 2022. Après la croissance, elle vise la rentabilité, que son dirigeant Loïc Soubeyrand annonce atteindre au prochain trimestre. Dans le même temps, elle avance sur son prochain chantier : la gestion des voyages d’affaires.
Cécile Chaigneau
Loïc Soubeyrand, fondateur et CEO de Swile.
Loïc Soubeyrand, fondateur et CEO de Swile. (Crédits : DR)

« Nous avions annoncé atterrir à 140 millions d'euros de revenus annuels en 2022, et nous avons fait 138 millions d'euros », se félicite Loïc Soubeyrand, le fondateur (en 2018) et dirigeant de Swile, la licorne montpelliéraine positionnée sur le secteur des worktech et des avantages salariés dématérialisés (titres-restaurant, chèque-cadeau, etc.).

Loïc Soubeyrand se soumet à l'exercice des chiffres et revient, six mois après, sur l'opération conclue fin 2022 : l'acquisition de Bimpli, filiale à 100% du groupe BPCE en échange d'une prise de participation de BPCE à son capital à hauteur de 22%. Les résultats du nouvel ensemble lui permettent de passer un cap : l'entreprise montpelliéraine, qui emploie 958 salariés (dont 750 en France), revendique approcher ainsi le statut de centaure, ces startups dont les revenus récurrents annuels dépassent les 100 millions d'euros...

Si les pertes se sont creusées en 2022, avec un résultat net de -72 millions d'euros (contre -40 millions d'euros en 2021), notamment en raison des opérations de croissance externe réalisées par Swile, le dirigeant souligne la fulgurante augmentation du chiffre d'affaires (il était de 11 millions d'euros en 2021) et trace une trajectoire très optimiste : « 2022 a été une année de croissance à tout prix, maintenant nous sommes sur une trajectoire de rentabilité à tout prix, et nous avons déjà des résultats : dès le trimestre prochain, nous serons rentables en France, nous visons un Ebitda de 30 millions d'euros en 2024 au niveau monde. Nous aurons terminé l'intégration complète de Bimpli à la mi-2024, et sur la première année pleine, en 2025, nous devrions faire entre 50 et 70 millions d'euros d'Ebitda ».

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3 milliards d'euros de titres-restaurant

Le jeu de la complémentarité entre Swile et Bimpli avait vocation à donner une nouvelle assise à la worktech Swile sur le podium des leaders français des avantages salariés. Une complémentarité double : sur les marchés (Bimpli étant historiquement présente sur les grands comptes et les marchés publics, et Swile plutôt sur les petites et moyennes entreprises) et sur l'offre de services (Bimpli proposant des titres-restaurant mais aussi des chèques-cadeaux, des chèques de services à la personne, des services aux comités d'entreprise et d'autres services annexes comme le bien-être des salariés ou les cagnottes).

Mais le marché locomotive de Swile, c'est le titre-restaurant. Sur le marché français, le titre-restaurant pèse près de 9 milliards d'euros selon la Commission nationale du titre-restaurant (CNTR), et Loïc Soubeyrand annonce avoir capté « 33% de parts de marché, soit 5 millions d'utilisateurs en France ».

« Aujourd'hui, Swile gère 3 milliards d'euros de volume de titres-restaurant, précise Loïc Soubeyrand. La croissance sur ce segment ne fait pas de doute : il y a encore 40% de papier en circulation, soit 3,5 milliards d'euros de volume à dématérialiser, avec bien sûr la question de qui va les capter ? D'autant qu'avec le télétravail qui a augmenté, toutes les sociétés qui avaient un restaurant d'entreprise vont maintenant partiellement sur le titre-restaurant. Et avec l'inflation, les dirigeants cherchent à améliorer les avantages salariés et offrent des titres-restaurant. »

Son champ d'action ne se limite pas à la France. Le dirigeant a aussi, très tôt, ciblé le marché brésilien, premier marché mondial du titre-restaurant dématérialisé (82%), disputé par trois acteurs historiques (Edenred, Sodex et Alelo). Début 2021, Swile rachetait l'entreprise brésilienne Vee Beneficios dans l'objectif de s'implanter dans ce vaste pays d'Amérique du Sud.

« Nous investissons une vingtaine de millions d'euros par an sur l'acquisition clients, et nous avons maintenant atteint les 500.000 utilisateurs, soit 2% de part de marché, revendique Loïc Soubeyrand. Nous sommes encore un petit acteur mais nous atteindrons la profitabilité dans ce pays au million d'utilisateurs. »

La wortech atteint ainsi un total de 5,5 millions d'utilisateurs de titres-restaurant Swile dans le monde, dans 85.000 entreprises clientes, dont Carrefour, Le Monde, JCDECAUX, PSG, Airbnb, Spotify, Red Bull, ou encore TikTok dans le secteur privé, mais aussi des collectivités locales et des références ministérielles pour le secteur public.

Dépoussiérer la gestion du voyage d'affaires

Tout en consolidant ses positions sur le marché du titre-restaurant en France et au Brésil, Swile avance maintenant sur un autre chantier : révolutionner la gestion des déplacements professionnels, qui font leur entrée sur la carte Swile.

Il y a un an, en mai 2022, Swile bouclait sa 4e opération de croissance externe en rachetant la startup parisienne Okarito, qui a développé une plateforme de réservation de voyages professionnels. La solution a maintenant rejoint la boîte à outils de Swile et va se lancer sous la marque Swile Travel.

« Le produit est en bêta test et tourne sur une dizaine de milliers d'utilisateurs, indique Loïc Soubeyrand. Nous sommes certains de monter en puissance car sur le voyage d'affaires, le taux d'insatisfaction est total, autant chez les employés que chez les employeurs ! On veut révolutionner ce secteur car c'est une catastrophe industrielle : soit l'employeur ne donne accès à rien et l'employé fait l'avance de frais, soit il met en place une solution, en général via une agence, mais les choix sont très limités et l'offre est plus chère ! Notre solution propose le meilleur des deux mondes : le réseau le plus large possible, une offre type Booking.com mais avec des prix le plus bas possible et des prestations prépayées par l'employeur. Nous nous mettons en ordre de marche pour la vendre à grande échelle en France et au Brésil d'abord, et probablement plus tard dans d'autres pays. C'est un énorme marché à dépoussiérer ! »

La concurrence n'est pas inexistante : American Express ou Egencia sont les leaders du marché, aux côtés de quelques scale-up comme l'Américaine Navan et l'Espagnole TravelPerk « qui ne sont pas très présentes en France et au Brésil », assure Loïc Soubeyrand.

Un marché qui sera un trait d'union vers l'étape suivante : la gestion des frais professionnels dans leur ensemble : « Les voyages pèsent 70% des frais professionnels et les 30% restants sont des notes de restaurant ou d'essence par exemple. Puisque nous avons déjà une carte Swile, il serait cohérent que les salariés et employeurs puissent aussi les gérer avec cette solution ».

Cécile Chaigneau

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