La jeune entreprise innovante Morfo, spécialisée dans les solutions de restauration de l'écosystème forestier à l'aide de drones, quitte Paris avec sa vingtaine de salariés pour s'installer dans près de 300 m2 à Montpellier, début mars. Outre le souhait de profiter de la qualité de vie de la région, « nous déménageons pour nous rapprocher de l'écosystème de recherche, très dense à Montpellier, avec qui nous collaborons déjà », explique Pascal Asselin, co-fondateur avec Hugo Asselin, son frère, et Adrien Pagès.
L'objectif de Morfo, créée en mai 2021 dans le cadre d'un partenariat avec l'IRD, est ambitieux : « Devenir le leader mondial de la restauration de l'écosystème forestier en déployant nos solutions à grande échelle ».
Et ce alors que la déforestation mondiale s'est accrue de 4% en 2022 par rapport à 2021 (voir encadré).
Dépôt de brevet en cours
Fin 2022, Morfo a réalisé une première levée de 4 millions d'euros en amorçage auprès de Demeter et Raise Ventures, avec la participation d'AFI Ventures, TeamPact Ventures, et de business-angels, afin d'accélérer les recrutements et son activité de recherche.
« Notre programme de R&D est à la hauteur de nos ambitions et plusieurs dépôts de brevet sont en cours de préparation, explique Pascal Asselin, âgé de 27 ans. Il nous faut accélérer notre capacité de recherche au sein de nos propres locaux, d'où le déménagement. »
L'installation à Montpellier s'accompagne de l'embauche de trois nouvelles personnes : un ingénieur industriel, un ingénieur forestier spécialisé en recherche agronomique et une personne qui prendra en charge le bureau français au niveau administratif.
Un micro-écosystème en plus de la graine
Sur le terrain, l'intervention de Morfo se déroule en quatre étapes. Dans un premier temps, il s'agit d'analyser le terrain en question en effectuant des prélèvements du sol. Vient ensuite l'étape de la planification en déterminant quelle espèce planter, quand et à quel endroit. La plantation se fait ensuite avec le largage par drones de capsules contenant les espèces choisies dans un catalogue de 300 semences.
« Chaque capsule lancée contient, en plus de la graine de l'arbre souhaité, un micro-écosystème complet lui permettant de se nourrir et de booster sa croissance, indique Pascal Asselin. Les capsules, larguées au moment de la saison des pluies, vont se dissoudre avec l'humidité. Une fois ces semences plantées, nous suivons la pousse via un monitoring poussé. Des prélèvements du sol sont alors à nouveau effectués pour vérifier l'évolution des plantations. Des caméras-drones permettent de voir et d'analyser la biomasse en visuel mais aussi en 3D. Les éventuelles occurrences peuvent être floutées, ce qui permet de reconnaître les espèces qui poussent. Nous utilisons pour cela un algorithme qui a été développé en interne. »
19 projets et 600 ha
Les clients de Morfo sont des acteurs privés qui doivent restaurer des sols dans le cadre de leur activité (une exploitation minière, par exemple) ainsi que des organismes publics ou des ONG. La startup néo-montpelliéraine compte à ce jour dix-neuf projets à son actif, ce qui représente une intervention sur près de 600 hectares, les drones agricoles étant capables de planter jusqu'à 50 hectares.
« Le potentiel de développement dans les zones sur lesquelles nous intervenons est important. Les forêts sont humides et denses et tout y pousse très vite », souligne Pascal Asselin.
À ce jour, Morfo intervient principalement au Brésil, où la startup dispose d'un bureau et où les problématiques de déforestation sont particulièrement prégnantes, en Guyane française (où Pascal Asselin et son frère sont nés), ainsi qu'au Gabon.
Fin 2023, un rapport réalisé par une vingtaine d'organisations environnementales et d'organismes de recherche, intitulé « Évaluation de la déclaration sur les forêts, sommes-nous sur la bonne voie pour atteindre les objectifs forestiers de 2030 ? », relève que « la demande mondiale de matières premières agricoles telles que les denrées alimentaires et le bois, et de matières premières minières telles que les combustibles fossiles et les minerais, continue de favoriser l'expansion de l'agriculture, des industries extractives et d'autres utilisations des terres au détriment des forêts ». La déforestation mondiale s'est accrue de 4% en 2022 par rapport à 2021. Quelque 6,6 millions d'hectares de forêt ont été perdus en 2022, la forêt primaire en région tropicale étant la plus fortement impactée. Loin donc des engagements pris lors de la COP26 pour le climat de novembre 2021 où 145 États se sont engagés à mettre un terme à la déforestation et à la dégradation des terres d'ici à 2030. Seule l'Asie tropicale fait figure de bonne élève pour atteindre cet objectif. Bien que les taux de déforestation en Amérique latine tropicale et en Afrique aient diminué en 2021 par rapport à la période de référence 2018-2020, ces réductions sont encore insuffisantes pour atteindre l'objectif de 2030, relève le même rapport.Une déforestation galopante
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