Pourquoi Dedienne Santé sera à l’Elysée en juillet

Souveraineté industrielle de la santé en bandoulière, Dedienne Santé, fabricant héraultais de prothèses pour la chirurgie orthopédique, a été sélectionné pour l'exposition du "Fabriqué en France" qui se tiendra à l’Élysée les 1er et 2 juillet prochains. Le dirigeant de la PME, qui doit maintenir son niveau d’innovation sur un segment fortement concurrentiel à l’international, compte profiter de son passage dans les salons dorés de l’Elysée pour défendre la cause de l’industrie française.
Cécile Chaigneau
Dedienne Santé, fabricant héraultais de prothèses pour la chirurgie orthopédique, sera à l'Elysée les 1er et 2 juillet prochains pour l'exposition du Fabriqué en France.
Dedienne Santé, fabricant héraultais de prothèses pour la chirurgie orthopédique, sera à l'Elysée les 1er et 2 juillet prochains pour l'exposition du "Fabriqué en France". (Crédits : Dedienne Santé)

L'entreprise fabrique des prothèses pour la chirurgie orthopédique (hanche et chirurgie du sport) depuis son site à Mauguio, près de Montpellier. Son dirigeant, Ludovic Toledo, et les salariés se préparent pour l'exposition du "Fabriqué en France" qui se tiendra à l'Élysée les 1er et 2 juillet prochains et pour laquelle l'entreprise a été sélectionnée, parmi 217 candidatures régionales, avec treize autres lauréats en Occitanie*. Ce rendez-vous annuel met à l'honneur entreprises, artisans, producteurs et industriels qui s'engagent dans la fabrication française.

« La souveraineté est un vrai sujet et on l'a bien vu pendant la crise Covid, souligne Ludovic Toledo. Chez Dedienne Santé, nous n'avons pas eu de problème car tous nos sous-traitants sont français. C'est dans ce cadre que j'ai postulé pour cette exposition à l'Elysée, pour montrer qu'il existe une industrie française dans ce secteur médical qui est un secteur stratégique... Etre sélectionné et partir à l'Elysée, c'est un outil de valorisation et de motivation de mes équipes, qui sont très fières de cette sélection. C'est aussi un outil de promotion de notre savoir-faire et valorisation des métiers de l'entreprise alors qu'on a du mal à recruter. L'industrie souffre encore d'une mauvaise image chez les jeunes... »

64 salariés

Dedienne Santé emploie aujourd'hui 64 salariés. Des effectifs stabilisés après un plan de sauvegarde de l'emploi en 2020 qui a vu le départ de quinze salariés.

« Nous avons dû adapter l'entreprise à de nouvelles contraintes réglementaires et nous avons arrêté certaines gammes de produits, notamment les prothèses de genoux, et fait un tri dans les prothèse de hanches », explique Ludovic Toledo, qui annonce un chiffre d'affaires de 17 millions d'euros en 2022 et un prévisionnel 2023 de 19 millions d'euros.

Dedienne Santé compte une usine à Mauguio (usinage, gravure laser, nettoyage robotisé, nettoyage en salle blanche et conditionnement médical en atmosphère contrôlée) et sous-traite les étapes de forge, fonderie, polissage et revêtement. Elle compte aussi un site de stockage et logistique et de R&D à Nîmes.

« Cette année, nous avons renouvelé notre machine de contrôle tri-dimensionnelle, soit un investissement de 100.000 euros, et notre outil d'emballage de conditionnement médical », indique le dirigeant.

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Prothèse disruptive, planification 3D

A l'Elysée, le dirigeant et ses équipes embarquent la nouvelle gamme de prothèse de hanche, sortie en 2015 : « Elle est disruptive par son dessin, qui a été breveté, et innovante car elle permet de nouvelles techniques opératoires... Pour les chirurgiens, auxquels on fournit toute l'instrumentation médicale pour chaque opération, nous avons mis au point une instrumentation plus légère et ergonomique ».

Dedienne Santé fabrique des prothèses de hanche.

Dedienne Santé fabrique des prothèses de hanche (© Dedienne Santé).

L'entreprise poursuit ses travaux de R&D : « Cette année, nous déployons notre système de planification 3D : jusqu'alors, le chirurgien superposait la radio du client avec les calques de nos prothèses sur un écran pour visualiser opération. Il y a deux ans, nous avons développé un système de planification 2D via une plateforme numérique. Aujourd'hui, ce système 3D permet au patient de passe un scanner qui sera envoyé sur un logiciel qui va pré-programmer l'opération en présélectionnant la meilleure prothèse en 3D. C'est un outil d'aide à la décision pour le chirurgien ».

Dedienne Santé, qui réalise 15% de son chiffre d'affaires à l'export via des distributeurs, compte bien monter en puissance avec sa nouvelle gamme de hanche.

« Nous accélérons fortement sur l'export maintenant car beaucoup de pays demandent les premiers résultats avant d'acheter et depuis 2015, nous avons l'expérience et le recul clinique sur cette gamme, indique Ludovic Toledo. Nous visons l'Europe bien sûr puisque nous avons la certification CE, et nous discutons déjà pas mal avec l'Amérique du Sud. Nous sommes d'ailleurs déjà en Argentine. Et nous sommes en plein dans les procédures pour enregistrer nos produits en Australie. »

Défendre l'industrie française

Ludovic Toledo mise sur son passage à l'Elysée pour défendre les intérêts de son entreprise et au-delà, de l'industrie française.

« J'espère que cette exposition du "Fabriqué en France" est le signe d'une réelle prise de conscience des institutions et des politiques de l'importance de préserver l'industrie en France, qui sera suivie de décisions de soutien aux filières stratégiques, plaide-t-il. Mais je veux aussi défendre l'acceptation du prix des implants. On est sur des tarifs réglementés, définis par l'Etat et pris en charge par la sécurité sociale. Or on a de plus en plus le sentiment que c'est compliquer de faire payer le produit au juste prix et on nous fait subir une pression pour baisser le remboursement des prothèses. Alors qu'on a eu 10% d'augmentation des coûts du fait de l'inflation, de l'augmentation du prix des matériaux, et de l'augmentation du prix des prestation de forge et de fonderie qui nécessitent beaucoup d'énergie ! Nous sommes cinq ou six fabricants de prothèses en France mais nous sommes surtout en concurrence avec des marques extra-européennes pour lesquelles la production est moins chère que la nôtre. Ce n'est pas cohérent : on ne peut pas prétendre défendre l'industrie française et ne pas la soutenir. »

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* Les autres lauréats d'Occitanie : Aux Ateliers de la liberté - Biscuiterie l'Oie Gourmande (Ariège), Plastimage (Aude), Actia Telecom (Aveyron), Tillandsia (Gard), La Botte Guardiane (Gard), Naio-Technologies (Haute-Garonne), Jnov Tech (Gers), France Noyer (Lot), Boucharenc (Lozère), Knauf Insulation Lannemezan (Hautes-Pyrénées), La Crèmerie - Sérigraphie (Pyrénées-Orientales), Atelier Missègle (Tarn), Cellulopack (Tarn-et-Garonne).

Cécile Chaigneau

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