Comment Wheere (qui lève 11 millions d’euros) veut devenir référent mondial de la géolocalisation indoor

Wheere boucle une levée de 11 millions d’euros pour amorcer l’industrialisation et le déploiement de sa solution de géolocalisation indoor et outdoor, qui intéresse l’industrie, mais aussi le secteur de la défense, la logistique ou la construction. La startup montpelliéraine, qui s’apprête à créer une unité de production, veut offrir avec sa technologie de rupture une couverture mondiale par satellite.
La startup montpelliéraine Wheere a développé une solution qui permet de fournir une géolocalisation précise, indoor, outdoor et même en sous-sol, avec une précision au mètre près et une portée d'une dizaine de kilomètres (un kilomètre en sous-sol).
La startup montpelliéraine Wheere a développé une solution qui permet de fournir une géolocalisation précise, indoor, outdoor et même en sous-sol, avec une précision au mètre près et une portée d'une dizaine de kilomètres (un kilomètre en sous-sol). (Crédits : DR)

Spécialisée dans la géolocalisation par ondes radio, la startup montpelliéraine Wheere, créée fin 2020, vient de boucler une levée de fonds de 11 millions d'euros auprès de Blast.club, Sofilaro, Bpifrance et de trois business-angels (Arnaud Freyn CEO de Extia, Adrien Montfort, CTO de Sorare et Arthur, producteur et animateur de TV).

« Après trois ans de R&D, Wheere est devenu la seule solution de géolocalisation indoor et outdoor scalable offrant une précision métrique, indique Antoine Carrabin, cofondateur de Wheere, avec Pierre-Arnaud Coquelin. Cette levée de fonds va permettre de poursuivre le financement de notre R&D et d'amorcer l'industrialisation de notre solution. »

Un brevet déposé, deux algorithmes

Pierre-Arnaud Coquelin, fondateur de MacLloyd, société spécialisée dans le tracking des sportifs professionnels (pour analyser leurs performances), et Antoine Carrabin, alors directeur technique chez MacLloyd, sont partis d'un constat :  pour les sports indoor (basket, hockey sur glace,...), le GPS ne fonctionne pas et la seule solution consiste à installer dans le stade des balises Bluetooth ou Ultra wideband (UWB). Mais le process est complexe à mettre en œuvre (réglages de calibration, de la maintenance...) et coûteux. Le duo a alors eu l'idée de croiser les mathématiques et la radiofréquence.

« Tous les systèmes de géolocalisation ou de télécommunication actuels fonctionnent en faisant de la modulation mais pour avoir une précision optimale, il faut une bande passante du signal qui soit très large, vulgarise Antoine Carrabin. Nous avons pris le contrepied en utilisant une largeur de bande la plus fine possible et nous avons créé un algorithme capable de mesurer un temps de vol à partir de signaux non modulés. Nous avons également développé un second algorithme qui permet de discriminer le trajet direct des multiples rebonds de l'onde électromagnétique. »

Le système breveté par Wheere est composé d'antennes d'émissions radio, fixes ou mobiles, et d'un tracker (poids moyen de 200 grammes, autonomie de 6 à 15 jours en fonction des usages) qui donne une position en trois dimensions. La solution permet de fournir une géolocalisation précise, indoor, outdoor et même en sous-sol, avec une précision au mètre près et une portée d'une dizaine de kilomètres (un kilomètre en sous-sol).

Partenariat avec les pompiers de Paris

Après une première démonstration en présence d'experts du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES) qui s'est avérée concluante, Wheere a travaillé deux ans à la mise au point d'un démonstrateur grandeur nature,  installant sur les toits de Montpellier quatre antennes couvrant le centre ville.

Approchée par des industriels privés mais aussi par le milieu de la défense (GIGN, service sécurité pour les JO, etc.), la startup veut adresser plusieurs verticales, allant de la santé à la logistique en passant par la construction.

« Wheere développe une technologie unique au monde, brevetée, qui en est au stade des premiers POCs, déclare l'un des investisseurs, Antony Bourbon, CEO et fondateur du Blast.Club. L'absence de solution fiable et scalable de géolocalisation intérieure/exterieure est un enjeu de sécurité nationale pour le nucléaire ou le risque attentats, corporate pour la sécurité du personnel travaillant en sous-sol ou la logistique, mais également mainstream pour l'analyse des sports de haut niveau en intérieur. Grâce à la scalabilité de son outil, Wheere peut donc adresser plus d'une dizaine de marchés internationaux, de plusieurs milliards d'euros, dans les trois prochaines années. »

Depuis l'été dernier, Wheere a généré près de 50 démonstrations dans différentes industries et vient de signer son premier partenariat avec la brigade des sapeurs-pompiers de Paris pour équiper une vingtaine de casernes.

Spatialisation de la technologie

Amorçant  la phase industrielle, la société investit près de 200.000 euros dans une unité de production à Montpellier. Elle vise un volume de 3.000 trackers (ainsi que des antennes d'émission) en 2024, puis 20.000 en 2025.

Mais Wheere travaille déjà sur la prochaine étape, fin 2025 : la miniaturisation, soit une puce Asic (circuit intégré spécialisé) pouvant être intégrée dans tous les téléphones ou trackers du monde, et réduisant le coût de production des modules. Elle pourra ainsi capter le marché B2C.

Autre défi : la spatialisation de la technologie.

« Plutôt que d'installer des antennes pour couvrir la France et l'international, nous étudions la possibilité d'envoyer des satellites avec nos émetteurs à bord, confie Anoine Carrabin. Depuis six mois, nous sommes incubés au CNES qui nous pousse dans cette direction. Pour le moment, nous en sommes au stade de faisabilité théorique car la plus grosse contrainte pour déployer notre technologie dans le spatial, c'est l'effet de la ionosphère : cette couche de l'atmosphère, fortement ionisée, a la propriété de venir perturber les ondes électromagnétiques. Nous voulons donc valider que les signaux wire resteront opérationnels et que le récepteur sur la Terre pourra bien mesurer les positions des signaux. Nous envisagerons alors le déploiement d'une constellation dans dix ans. »

Pour accélérer sur tous les fronts, Wheere renforce son équipe (trois collaborateurs aujourd'hui) avec  une dizaine de collaborateurs d'ici la fin de l'année, puis le double fin 2024.

Avec le déploiement de sa version terrestre, la startup vise les 5 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici 2026, 50 millions d'euros en 2028 avec l'Asic déployé, pour atteindre les 300 millions d'euros en 2030 avec sa couverture satellite.

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