Contralco suspend ses investissements

Après l'annonce par Manuel Valls d'un report « sine die » de l'obligation d'avoir un éthylotest dans les voitures, le fabricant héraultais dit attendre la décision finale du gouvernement. Mais il reste confiant.

La société Contralco, spécialisée dans la fabrication d'éthylotests à usage unique et basée à Gignac (34), fêtait ses 30 ans d'existence jeudi 24 janvier.

Le matin même, le hasard du calendrier a voulu que le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, présentant les chiffres 2012 de la sécurité routière (8 % de mortalité en moins en 2012), annonce qu'il reporte  sine die  l'obligation d'avoir un éthylotest dans les voitures.

« Non, cette déclaration n'enterre pas l'éthylotest ! s'exclame Éric Condesse, codirigeant de Contralco avec Antoine Marin, s'insurgeant dès jeudi soir contre certains relais médiatiques du jour. Le ministre n'a rien dit d'autre que ce qu'il avait déjà dit en novembre, à savoir qu'il attendait les conclusions du Conseil national de la sécurité routière pour se prononcer sur l'entrée en vigueur de la verbalisation pour défaut d'éthylotest dans les voitures. »

Cette verbalisation de 11 €, initialement fixée au 1er novembre 2012, avait alors été reportée au 1er mars 2013.

Entre temps, les éthylotests avaient fait l'objet de polémiques sur la qualité et le prix des éthylotests.

« Nous sommes placés premiers dans les études comparatives réalisées par quatre magazines (Capital, Auto Plus, Que Choisir et 60 millions de consommateurs, NDLR) », rappelle Antoine Marin.


« Quant au prix, nous vendons notre éthylotest à 0,50 €... ajoute Éric Condesse. Nous avons tenu nos promesses de production, contrairement à nos concurrents. Ce qui a créé de la rareté et fait augmenté les prix à la revente ! »

En 2012, afin de répondre aux besoins générés par la décision du gouvernement Sarkozy de rendre l'éthylotest obligatoire dans les véhicules, l'entreprise a réalisé quelque 3,5 M€ d'investissement et recruté 230 personnes pour porter son effectif de 312 salariés.

De 10 millions d'éthylotests par an, la production est passée à 40 millions. Mais Contralco a, pour l'heure, figé ses investissements en attendant la décision du gouvernement.

« Si la mesure est maintenue par le gouvernement, nous souhaitons pérenniser ces emplois, déclare Antoine Marin. Le plus important, c'est le capital humain ! »

« Nos clients et nos salariés sont inquiets, conclut Éric Condesse. C'est dommage de faire tout ça pour quelque chose qui, au final, va coûter entre 1 et 2 euros aux consommateurs... Ce que nous redoutons, c'est une position mi-chèvre, mi-chou : l'obligation d'avoir un éthylotest sans la sanction. »

Le député Frédéric Roig, également maire de Pégairolles-de-l'Escalette, petite commune du Lodévois, a apporté son soutien à l'entreprise :

« La lutte contre la violence routière est une priorité. À chaque fois que vous fabriquez un éthylotest, vous sauvez une vie ! Je formule le vœu que l'on voit rapidement des éthylotests partout, dans les voitures, à la sortie des lycées, des boîtes de nuits,... ».

En attendant, les dirigeants de Contralco, qui se disent très attachés à l'ancrage territorial et au maintien de l'entreprise à Gignac, annoncent une stratégie très orientée vers l'export.

« Cette année, nous avons un peu malmené certains marchés à l'international, explique Antoine Marin. Notre objectif est de monter à 33 % de notre activité à l'export. »

Autre axe de développement : la diversification. L'entreprise rappelle qu'elle a signé un contrat avec le CNRS pour développer un nouveau produit, « toujours dans l'auto-test », précise Antoine Marin sans en dévoiler la teneur.

Mise à jour du 30 janvier 2013
Mardi 29 janvier, par un communiqué de presse, l'entreprise annonçait qu'elle réduisait ses effectifs de 310 à 160 salariés, soit 150 contrats non reconduits : « Les récentes déclarations du Ministre de l'Intérieur sur un nouveau report de l'obligation de détenir un éthylotest dans son véhicule ont créé le trouble, non seulement dans l'opinion, mais aussi chez nos clients, partenaires et fournisseurs. En quelques jours, Contralco s'est ainsi vu signifier l'annulation de commandes, à hauteur de 8 millions d'éthylotests, soit l'équivalent de deux mois de travail dans nos unités de fabrication. Cette situation nous contraint dans un premier temps à réadapter nos chaines de production. »


Cécile Chaigneau

Légende : Antoine Marin et Éric Condesse, dirigeants de Contralco
Crédit photo : Édouard Hannoteaux

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Commentaire 1
à écrit le 28/02/2015 à 20:22
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Merci au journal de censurer tous les messages disons peut-être pas agréable a lire, mais vous feriez mieux de vous renseigner avant de publier

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