La veille de l'assemblée générale de la Fédération régionale des travaux publics du Languedoc-Roussillon (FRTP-LR), qui a eu lieu jeudi 28 novembre au Corum à Montpellier, son président Jean-Pierre Crozel, ne cachait pas son inquiétude quant à la situation de crise que traverse le secteur.
« Il n'y a pas d'autres grands travaux d'infrastructures prévus en France au-delà de 2015..., souligne-t-il. Donc pas de visibilité pour nos entreprises. En Languedoc-Roussillon, on a enregistré une chute de 8 % de la demande émanant du privé, une stagnation de celle provenant des communes et intercommunalités, et de 5 à 7 % des Conseils généraux. Ainsi qu'une diminution de 50 % de la demande de l'État entre 2007 et 2013, alors qu'elle avait déjà reculé de 2 % en 2012 ».
Soit une baisse du chiffre d'affaires (1,5 Md €) de 20 % et des effectifs de 10 % (1 000 à 1 500 emplois perdus) depuis 2007, pour un secteur qui pèse, en région, 11 500 salariés et 1 000 à 1 500 intérimaires, et tire son activité à 75 % de la commande publique.
Certes, les grands travaux qui démarrent en cette fin d'année mais surtout début 2014 (le contournement ferroviaire Nîmes-Montpellier et le déplacement de l'A9) apportent une bouffée d'oxygène aux entreprises locales.
« Sur le chantier du CNM, 20 à 30 % de l'activité devraient être confiés à des entreprises locales, ce qui permettra le maintien de l'emploi le temps des chantiers mais pas la pérennisation des postes, commente Jean-Pierre Crozel. Et cela va surtout impacter les départements du Gard et de l'Hérault, mais pas l'Aude ni les Pyrénées-Orientales. »
Le président de la FRTP-LR préconise plusieurs pistes :
« Il faut que l'activité soit transférée sur l'entretien des infrastructures existantes où la France a un retard énorme, détaille-t-il. On a privilégié le réseau neuf, les routes nouvelles, etc., mais les équipements commencent à dater maintenant. »
Il souligne également l'importance de maintenir un réseau routier en bon état : « C'est par les routes passent tous les réseaux : électricité, gaz, fibre optique, etc. Pour qu'un territoire soit compétitif, il faut que ce réseau soit correctement entretenu, y compris dans les zones reculées ».
À titre d'exemple, il cite également les 3 000 ponts dans le Gard, d'environ 330 m2 de superficie chacun, avec une durée de vie de 70 à 80 ans pour les ouvrages en béton. « Il faut compter 3 000 €/m2 en construction ou 25 €/m2 par an en entretien », précise-t-il.
Sans oublier les réseaux d'eau (environ 50 000 km en Languedoc-Roussillon) ou les stations d'épuration (âgées de 20 à 25 ans pour les plus anciennes, et donc soumises à des normes environnementales nouvelles).
« Infrastructures, emploi local et réseaux : le Languedoc-Roussillon est-il compétitif ? ». Tel sera donc la thématique de l'assemblée générale 2013. Un sujet auquel les professionnels des travaux publics espèrent bien sensibiliser les élus.
« La tentation de retarder l'entretien est facile, surtout en période de contraintes budgétaires où l'on doit faire des choix, observe Jean-Pierre Crozel. Depuis 7 ou 8 ans, nous observons une réduction des budgets d'entretien... On peut retarder ces travaux de quelques années, mais une collectivité doit impérativement avoir une politique d'entretien ! Ce qui n'est souvent pas le cas des petites collectivités qui ne disposent pas forcément de la ressource financière suffisante. »
La FRTP-LR a invité l'économiste Nicolas Bouzou à réfléchir à cette question. Il exprimera le fruit de ses réflexions lors de l'assemblée générale. « Nous avons déjà organisé deux actions de sensibilisation sur ce sujet en 2013, à Salse-le-Château (66) et Uzès (30) », rappelle Jean-Pierre Crozel.
Cécile Chaigneau
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Légende : Travaux de terrassement sur le chantier du CNM
Crédit photo : Oc'Via
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