Elections législatives : en Languedoc-Roussillon, seules Montpellier et la Lozère résistent à la vague RN

Le premier tour des élections législatives anticipées, ce 30 juin, aura confirmé et amplifié les scores que le Rassemblement national engrange en Languedoc-Roussillon depuis plusieurs années. Sur les 23 circonscriptions, le parti d’extrême droite arrive en tête dans 17 d’entre elles, doublant à certains endroits le nombre de voix engrangées par rapport à 2022, et élisant même trois députés (dans l’Hérault, le Gard et les Pyrénées-Orientales) dès ce premier tour de scrutin.
Cécile Chaigneau
(Crédits : © LTD / STÉPHANE MAHE/REUTERS)

Dans l'ex-Languedoc-Roussillon, le Rassemblement National (RN) confirme ses positions, avec des résultats de premier tour au-dessus de ceux enregistrés en 2022, doublant à certains endroits le nombre de voix engrangées. Ainsi, malgré une participation renforcée qui lui aura donc profité, le RN arrive en tête dans 17 des 23 circonscriptions de l'ex-Languedoc-Roussillon au premier tour des législatives anticipées de ce dimanche soir 30 juin 2024, réussissant à faire élire trois députés dès ce premier round, un dans l'Hérault, un dans le Gard et un dans les Pyrénées-Orientales. Une autre candidate (LFI-NFP) est élue à l'issue du premier tour, dans l'Hérault.

Carole Delga, présidente (PS) de la Région Occitanie, et Michaël Delafosse, président (PS) de la Métropole de Montpellier, en appellent tous les deux clairement au front républicain (voir encadré).

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Hérault : deux poches de résistance

En 2017, les électeurs de l'Hérault n'avaient élu qu'un député d'extrême-droite (Emmanuelle Ménard) sur les neuf circonscriptions. En 2022, s'ajoutaient deux députés RN, Stéphanie Galzy et Aurélien Lopez Liguori. A l'issue du premier tour des législatives anticipées 2024, le RN se positionne partout en tête à l'exception de deux circonscriptions, et le candidat RN Aurélien Lopez Liguori est réélu dans la 7e circonscription avec 51,66% des suffrages (37.495 voix contre 16.079 en 2022).

Seules deux poches de résistances s'affichent. Dans 2e circonscription, seule circonscription 100% montpelliéraine, la députée sortante LFI-NFP Nathalie Oziol est réélue avec 58,22% des suffrages (24.707 voix, contre 11.513 en 2022), largement devant Robert Le Stum (Renaissance) à 17,04% et Flavia Mangano (RN) à 16,97%. Dans 3e circonscription, c'est Fanny Dombre-Coste (PS-NFP) qui arrive en tête avec 33,9% des voix devant Lauriane Troise (RN) à 32,28% et Laurence Cristol (Renaissance) à 29,10%.

Dans la première circonscription, la députée sortante et secrétaire d'État aux Anciens combattants Patricia Mirallès marque le pas : elle arrive en 3e position avec 22,54% des voix, tandis que le candidat LR-RN Josyan Oliva vire en tête à 34,11%, suivi de très près par l'écologiste NFP Jean-Louis Roumegas à 34,04%. Le match du second tour se jouera donc sur les reports de voix, si Patricia Mirallès se désiste. Le Premier ministre Gabriel Attal a en effet appelé les candidats de la majorité présidentielle arrivés en 3e position à se désister pour faire barrage au RN, mais le message n'est pas si clair dans l'ensemble du camp présidentiel...

Dans la 6e circonscription, Emmanuelle Ménard, députée sortante (divers extrême-droite) et épouse du maire de Béziers Robert Ménard, arrive en seconde position avec 27,23% des voix, largement devancée par le candidat RN Julien Gabarron (41,11%) mais devant la candidate LRI-NFP (21,03%).

A l'issue de ce premier round électoral, cinq des sept circonscriptions où les électeurs retourneront aux urnes pourraient se jouer sur une triangulaire. Quatre candidats issus de la majorité présidentielle (Patricia Mirallès, Laurence Cristol, Jean-François Eliaou et Patrick Vignal) et une du NFP (Magali Crozier) sont en 3e position, susceptibles de se désister.

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Gard, Pyrénées-Orientales, Aude : le RN conforté

Dans le Gard, où quatre députés sur six étaient issus du RN en 2022, le parti d'extrême-droite compte un élu à l'issue du premier tour, Nicolas Meizonnet (52,22%, soit 34.427 voix contre 15.434 en 2022) sur la 2e circonscription, et vire largement en tête dans toutes les autres : Yoann Gillet avec 43,91% des voix (devant LFI-NFP à 29,54%), Pascale Bordes avec 47,49% des voix (devant PC-NFP 22,91%), Pierre Meurin (48,69% devant PS-NFP 27,38%), Alexandre Allegret-Pilot avec 41,02% des voix (devant LFI-NFP à 33,03%), et Sylvie Josserand avec 42,07% des voix (devant EELV-NFP à 28,77%).

Pour le 2e tour, trois triangulaires sont donc possibles, avec des candidats de la majorité présidentielle en 3e position à chaque fois.

Dans les Pyrénées-Orientales, le RN avait déjà conquis les quatre circonscriptions en 2022. A l'issue du premier tour des législatives anticipées 2024, il est en tête partout et renforce ses scores. Sa députée sortante Anaïs Sabatini est élue sur la 2e circonscription avec 54,98% des suffrages (soit 38.323 voix, contre 17.811 en 2022). Une seule triangulaire est possible pour le second tour, avec une candidate de la majorité présidentielle en délicatesse.

Dans l'Aude, où le RN avait aussi fait carton plein en 2022, le parti de Marine Le Pen arrive en tête dans les trois circonscriptions. Dans la première circonscription, le candidat RN sortant Christophe Barthès enregistre 49,33% des suffrages (soit 32.916 voix, contre 15.871 en 2022), à un cheveu d'être élu, laissant loin derrière lui le candidat NPA-NFP Philippe Poutou (18,70%)... Une seule triangulaire est possible au second tour, dans la 2e circonscription : le candidat RN, le député sortant Frédéric Falcon, part avec une forte avance (48,12% des voix, contre 28,13% en 2022) devant la candidate EELV- NFP à 26,02% et la candidate Renaissance à 19,32%.

Lozère : Pierre Morel-à-L'Huissier en difficulté

En Lozère, une alternance pourrait-elle émerger ? Même s'il a engrangé plus de voix en nombre par rapport à 2022, Pierre Morel-à-L'Huissier, député (divers droite) depuis 2002, arrive en 3e position à l'issue du premier tour, avec 24,04% des suffrages (soit 10.451 voix contre 6.371 en 2022) contre 35,18% pour la candidate PS-NFP Sophie Pantel et 33,91% pour le candidat RN Luc-Etienne Gousseau. En ballotage défavorable en 2022, le député de droite l'avait emporté au 2e tour face à la candidate Nupes. Se désistera-t-il pour le 7 juillet prochain ?

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Carole Delga et Michaël Delafosse appellent au front républicain

Les deux principales figures politiques régionales, Carole Delga et Michaël Delafosse, toutes les deux étiquetées PS-Nouveau Front Populaire (NFP), ont sans hésiter et clairement appelé au front républicain pour faire barrage au Rassemblement national au second tour.

« Les socialistes, comme toujours, appellent à ce que la République puisse gagner, a déclaré la présidente de la Région Occitanie, sur le plateau de TF1 dimanche soir. Il faut demander aux candidats de tous les partis en 3e position de se retirer, et nous devons voter pour le candidat ou la candidate en capacité de battre l'extrême droite. Et j'appelle les candidats LR et La République en marche qui sont en 3e position à se retirer également, sans attendre les consignes de leurs appareils. S'ils se maintiennent, c'est le déshonneur ! Ce soir, nous avons un seul parti, c'est la France, un seul programme, c'est la République, et nous devons être debout et unis...  »

Quant au maire de Montpellier et président de la métropole, il a déclaré : « Je tiens à saluer la très forte participation et le recul important de l'abstention qui ne rend pas inéluctable l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.  Les Françaises et les Français ont mesuré l'enjeu de ce 1er tour pour le destin de la France. (...) La forte participation conduit à de très nombreuses triangulaires. L'extrême droite est en position de force : elle peut obtenir une majorité absolue. C'est une menace pour les libertés démocratiques, pour nos concitoyens binationaux, face au racisme et à l'antisémitisme, pour l'image de la France dans le monde... J'appelle donc avec clarté au désistement républicain systématique pour le candidat arrivé en 3e position. Aucune force politique ne doit rendre possible l'élection d'un député RN en faisant le choix de se maintenir au risque de porter la responsabilité de donner le pouvoir à l'extrême droite. J'invite les électeurs et les électrices, dès ce soir, à soutenir et se mobiliser pour le candidat le mieux placé face au RN pour lui faire barrage ».

Cécile Chaigneau

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