Loi d’accélération des énergies renouvelables : une mise en place « laborieuse », selon les professionnels de l’Occitanie

Pour le cluster Cemater, groupement des professionnels de la filière des énergies renouvelables et construction durable en Occitanie, la mise en place de la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables est semée d’embûches.
En Occitanie, le cluster Cemater regroupe des professionnels de la filière des énergies renouvelables et de la construction durable.
En Occitanie, le cluster Cemater regroupe des professionnels de la filière des énergies renouvelables et de la construction durable. (Crédits : DR)

Le cluster Cemater, groupement des professionnels de la filière des énergies renouvelables et de la construction durable en Occitanie - qui sera rebaptisé Derbi-Cemater dans le cadre de son rapprochement avec le pôle de compétitivité en fin d'année - a profité de la tenue de son assemblée générale le 24 juin dernier à Montpellier pour faire le point sur la mise en place de la loi relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables (loi APER) depuis son entrée en vigueur il y a un an.

Trois objectifs sont fixés par cette loi : préserver le pouvoir d'achat, favoriser l'indépendance industrielle et énergétique de la France et lutter contre le dérèglement climatique. Pour ce faire, l'activation de quatre leviers est encouragée : planifier avec les élus locaux le déploiement des énergies renouvelables dans les territoires, simplifier les procédures d'autorisation des projets d'énergies renouvelables pour réduire le temps d'instruction, et mobiliser les espaces déjà artificialisés et partager la valeur des projets d'énergies renouvelables avec les territoires qui les accueillent.

Si les objectifs sont louables, sa mise en place se révèle pourtant « laborieuse », estime le président de Cemater, Stéphane Bozzarelli : « Cela ressemble plus à une loi de complexification que d'accélération. Il faut laisser faire les entreprises et les élus du territoires ! ».

Stéphane Bozzarelli, président du cluster Cemater, lors de l'AG du 24 juin 2024 (© Nelly Barbé).

Stéphane Bozzarelli, président du cluster Cemater, lors de l'AG du 24 juin 2024 (© Nelly Barbé).

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Un travail de pédagogie sur l'agrivoltaïsme

Parmi les points positifs de la loi APER, figurent tout de même les précisions apportées à la définition de l'agrivoltaïsme, relève le président de Cemater.

« L'agrivoltaïsme est perçu comme un mal nécessaire à la transition énergétique, concède également Cécile Magherini, directrice générale déléguée de Sun'Agri, spécialiste de l'agrivoltaïsme. La loi encadre les choses, précise les services rendus à l'agriculture. »

Désormais la balle est dans le camp des chambres d'agriculture qui doivent proposer des documents cadre. Et Cécile Magherini souligne qu'il n'est « pas facile de se résoudre à sortir des terres de la sphère des surfaces agricoles utiles ».

« L'agrivoltaïsme reste un sujet clivant en raison du partage de la valeur notamment, l'autre sujet étant la confiance que l'on a dans cette technologie au niveau de ses résultats agronomiques, ajoute-t-elle. Dans ce domaine, on peut pourtant déjà afficher des résultats très intéressants et prouvés sur la protection contre le gel et la canicule. »

L'important travail de pédagogie entrepris auprès des chambres d'agriculture doit se poursuivre, insiste la directrice générale déléguée de Sun'Agri. L'autoconsommation, aussi bien des particuliers que collective, s'est bien développée de son côté mais reste à savoir si cela relève de l'effet de la loi ou du contexte énergétique, s'interroge quant à lui Stéphane Chatenet, responsable autoconsommation chez le producteur indépendant Dev'ENR.

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Accompagner les élus locaux

Sur le volet urbanisme, l'urbaniste David Chabot estime que « la loi est un outil qui ouvre un temps de réflexion important dans le cadre de la planification, et c'est une bonne chose ». Le système de zonages permet d'affirmer ou de conforter des projets et la volonté des collectivités de développer les énergies renouvelables. La simplification des documents d'urbanisme est également un plus « mais là, force est de constater que l'on n'a pas d'idée réelle de calendrier, en particulier dans les communes rurales, et pas de retour de la part des services de l'État en matière de validation », prévient-il.

Invité à partager son expérience, le maire de Montpellier Michael Delafosse confirme le besoin d'accompagnement des élus locaux en ce qui concerne le déploiement des projets énergies renouvelables. En ce qui concerne la capitale languedocienne, outre le cadastre solaire destiné aux particuliers qui doit permettre d'identifier le potentiel solaire des toitures d'habitation ou de bâtiments et ainsi étudier la pertinence à poser des panneaux photovoltaïques, l'édile annonce le lancement, d'ici à l'automne, d'un appel à manifestation d'intérêt sur le potentiel « solarisable » des bâtiments publics montpelliérains, « soit près d'un million de m2 de surfaces ».

« Si on veut accélérer, il faut permettre aux entreprises de se positionner », déclare l'élu.

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