Energies renouvelables : l'outsider montpelliérain Incidences boucle une 2e levée de fonds

Nouveau venu sur l’échiquier des développeurs d’énergies renouvelables, Incidences est à l’œuvre depuis deux ans. Créée à Montpellier par trois anciens d’EDF Renouvelables, l’entreprise a musclé son capital et boucle une première opération de financement participatif de 2,5 millions d’euros. Elle fait un point sur ses premiers résultats, dans un contexte général chamboulé.
Cécile Chaigneau
Jean-Marc Armitano (à gauche) et les trois cofondateurs d'Incidences, Julien Garçon, David Augeix et Séverine Pasquinet, le 24 juin 2024 à Montpellier.
Jean-Marc Armitano (à gauche) et les trois cofondateurs d'Incidences, Julien Garçon, David Augeix et Séverine Pasquinet, le 24 juin 2024 à Montpellier. (Crédits : Cécile Chaigneau)

Nouveau venu sur l'échiquier des développeurs d'énergies renouvelables, Incidences est à l'œuvre depuis deux ans sur le marché des énergies renouvelables, principalement du solaire pour le moment. Créée à Montpellier par trois anciens d'EDF Renouvelables - David Augeix, Séverine Pasquinet et Julien Garçon -, ses dirigeants font un point sur ses premiers résultats, dans un contexte national et international chamboulé.

La jeune entreprise emploie désormais 14 collaborateurs dont une moitié au siège montpelliérain et l'autre répartie à Bordeaux, Nancy, Brive, Toulouse et Mâcon, et dit avoir « plusieurs postes à pourvoir, principalement à Montpellier ». 


Deux ans après sa création, Incidences a levé 4 millions d'euros : 1,5 million d'euros en fonds propres, en mars 2023, « auprès de plusieurs vétérans européens du secteur des énergies renouvelables fédérés par Jean-Marc Armitano », 
et 2,5 millions d'euros en financement participatif sur la plateforme Enerfip en juin 2024, opération souscrite en moins de dix jours auprès de 1.600 contributeurs.

Lire aussiLégislatives : de l'éolien en mer à l'agrivoltaïsme, l'inquiétude gagne la filière des énergies renouvelables

Des business-angels de renom

Jean-Marc Armitano est ainsi venu muscler l'actionnariat de l'entreprise, au sein d'un pool d'investisseurs qui détiennent 25% du capital (les trois autres quarts étant détenus par chacun des trois cofondateurs).

Entrepreneur et investisseur, Jean-Marc Armitano revendique une expérience de près de trente ans dans les énergies renouvelables : cofondateur d'Eole Technologie en 1995 avant de diriger EOLE-RES (aujourd'hui QEnergy), il a été actionnaire et cofondateur de la société montpelliéraine Urbasolar (aujourd'hui sous bannière suisse du groupe AXPO) ou administrateur de la société Voltalia, s'investissant en parallèle au Syndicat des Énergies Renouvelables, à l'association France Énergie Éolienne (aujourd'hui France Renouvelables) ou à Wind Europe. A ses côtés parmi les investisseurs au capital d'Incidences, l'Irlandais Marc Groves-Raines (EcoGen, Renewable Energy Systems, Allianz) et Christophe Jurczak (docteur en physique quantique, Polytechnicien, passé par les directions de Poweo ou E.ON, cofondateur et aujourd'hui managing partner du fonds Quantonation).

Lire aussiAgrivoltaïsme : la filière prend son élan... à tâtons

Priorité au solaire

Incidences porte des projets de PPA (contrat d'achat d'énergie renouvelable de long terme) ou d'autoconsommation individuelle pour le compte d'industriels ou collective avec le concours de collectivités territoriales. La société indique avoir ainsi déjà construit un portefeuille de neuf centrales en toitures et ombrières pour 2,9 MW (dont les deux premières seront mises en fonctionnement cet été, notamment sur le centre international de tennis du Cap d'Agde), et avoir engagé l'instruction de 85 MW de projets solaires au sol « principalement dans les Landes et sur des centrales solaires au sol », précise David Augeix. Le président d'Incidences annonce également environ 200 MW de projets en développement (Hérault, Pyrénées-Orientales, Creuse, Guyane, Réunion, Meurthe-et-Moselle).

Le développeur vise 1 GW de projets à l'horizon 2027... Dès sa création, Incidences avait indiqué cibler notamment les fonciers « délaissés » pour y développer des projets photovoltaïques de petite envergure.

« Nous privilégions le photovoltaïque sur ombrières et toitures, même si les centrales au sol sont notre priorité, notamment les petites centrales au sol de moins de moins d'un hectare sur des fonciers délaissés, confirme Julien Garçon. Et nous attendons le décret S23 relatif aux conditions de rachat pour travailler sur des projets plus importants de 1 MW. »

L'entreprise ne néglige pas non plus l'éolien ou l'agrivoltaïsme (un projet est notamment à l'étude dans la Creuse), même si ces sujets sont moins une priorité pour une jeune entreprise, comme le confie David Augeix : « L'éolien est toujours plus complexe, plus long, plus risqué et onéreux, mais nous sommes néanmoins en prospection, même si le solaire représente aujourd'hui 90% de notre activité. Nous regardons aussi les opportunités de repowering ».

Lire aussi« Ne brisez pas la dynamique du solaire en France » (Jules Nyssen, SER)

« Les énergies renouvelables sont une évidence »

Reste que le contexte politique des législatives anticipées en France génère des incertitudes pour le secteur, les blocs politiques n'ayant pas tous les mêmes ambitions pour les énergies renouvelables... Les trois fondateurs affichent toutefois une forme de sérénité.

« La profession regarde ça avec attention bien sûr, mais les énergies renouvelables sont une évidence partout dans le monde : le solaire est en train de passer devant les investissements en nucléaire, et c'est irréversible, affirme David Augeix. Faisons confiance au pragmatisme de nos futurs dirigeants : casser le projet Carbone de Fos-sur-Mer (projet d'une gigafactory de production de panneaux photovoltaïques, NDLR), par exemple, ne serait pas la meilleure des solutions... Aujourd'hui, les énergies renouvelables sont un engagement économique, pas seulement climatique, et c'est aussi un sujet de souveraineté énergétique du pays. Aucun pays ne peut en faire l'économie ! »

La profession rappelle en effet volontiers l'appétence des Français pour le solaire, avec 891.383 installations solaires raccordées sur le réseau Enedis (selon les chiffres du gestionnaire de réseau à la fin du 1e trimestre 2024), et le million qui sera dépassé en 2024. Une énergie dont le syndicat professionnel Enerplan vante le développement dans le monde : « Avec plus de 323 GW de nouvelles centrales mises en service sur la seule année 2023, l'énergie solaire photovoltaïque représente 60% des nouvelles centrales électriques raccordées dans le monde », souligne son président Daniel Bour dans un plaidoyer pour les énergies renouvelables à l'occasion de la campagne des législatives anticipées.

« L'Agence internationale de l'énergie (IAE, ndlr) pense qu'on va atteindre cette année les 500 milliards de dollars pour l'achat et l'installation de panneaux solaires dans le monde, soit pas loin de la somme globale sur le oil & gaz », ajoute Jean-Marc Armitano.

Et de citer le dossier publié par The Economist ce mois-ci : « Le solaire pourrait faire en 2026 plus que l'installation nucléaire dans le monde, en 2027 plus que l'éolien, en 2028 plus que les barrages hydrauliques, et en 2030 plus que les installations du gaz ».

Lire aussiÉnergies solaire: les investissements devraient surpasser toutes les autres sources d'électricité 2024 (AIE)

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.