Urbanisation : les élus héraultais appelés à consommer moins de foncier

Les services de l’État dans l’Hérault ont livré, le 9 janvier, l’état des lieux précis de la consommation des espaces agricoles, naturels et forestiers artificialisés au cours des trente dernières années. Objectif : mettre en responsabilité les élus dans leurs stratégies d'urbanisation.
Cécile Chaigneau
Le 6 janvier 2017, les services de l'Etat de l'Hérault ont dressé l'état des lieux précis de la consommation d'espaces au cours des trente dernières années.

En trente ans, sur le département de l'Hérault, près de 17 000 ha d'espaces agricoles, naturels et forestiers ont été artificialisés. Soit 2,3 fois la superficie de l'étang de Thau, ou encore l'équivalent de 52 places de parking par heure.

La direction départementale des territoires de la mer de l'Hérault (DDTM 34) vient de dresser l'état des lieux précis de la consommation des espaces agricoles, naturels et forestiers artificialisés au cours des trente dernières années dans l'Hérault. Cette étude publiée le 9 janvier permet de comparer les stratégies en terme de consommation de l'espace sur les territoires.

Face au caractère irréversible de la disparition des terres agricoles, le Préfet a réuni, le 6 janvier dernier, les présidents des EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) porteurs des SCOT (schéma de cohérence territoriale) et les professionnels agricoles « pour construire une vision partagée de la préservation des terres dans l'aménagement du territoire ».

La tache urbaine multipliée par trois

« Dans le même temps, le département perdait 29 000 ha agricoles, précise Matthieu Grégory, le directeur DDTM 34. Sur les 17 000 ha artificialisés, on compte environ 50 % de terres agricoles et 50 % de terres naturelles... L'enjeu de la préservation des terres agricoles a émergé en 2010, avec la réflexion sur les besoins en alimentation de la planète en rapport avec la croissance démographique. La maîtrise du foncier est devenue un enjeu géopolitique majeur, ainsi que la question du devenir de nos terres agricoles face à l'artificialisation. »

L'étalement urbain résidentiel est la principale cause de cette consommation effrénée, en réponse aux besoins en logement. Quelque 4 537 ha ont été consommés pour des zones d'activités et 32 000 m2 de surfaces commerciales autorisées. Ainsi, un habitant "occupe-t-il" en moyenne 340 m2 (contre 262 m2 en 1962).

« En une génération, l'emprise de la tache urbaine a triplé alors la population n'a fait que doubler », souligne l'étude.

L'attractivité de l'Hérault s'illustre en effet par une population qui n'a cessé d'augmenter à un rythme annuel moyen de 1,4 % par an entre 2003 et 2013 (moyenne nationale : 0,6 %).

« Mais le problème, c'est que l'artificialisation des espaces n'est pas proportionnée à la croissance démographique », regrette Matthieu Grégory.

Les zones les plus touchées par cette consommation d'espaces se situent en effet dans et autour des grandes villes (Montpellier, Béziers) et sur les communes de la plaine littorale. Ainsi, 80 % de la population héraultaise habite-t-elle sur cette bande littorale où la population augmente en moyenne de 1,68 % par an entre 1962 et 2013 quand la tache urbaine, elle, évolue en moyenne de 2,65 % par an, soit 1,6 fois plus.

Des collectivités plus ou moins vertueuses

Même si c'est à l'échelle des EPCI que les chiffres doivent plutôt s'observer, l'étude livre un top 10 des communes les plus et les moins consommatrices d'espaces entre 2003 et 2013. Une période au cours de laquelle chaque nouvel habitant de l'Hérault aura consommé 300 m2 en moyenne.

En données brutes, c'est Béziers qui tient le haut du panier, avec 198 ha consommés en dix ans pour seulement 3 846 habitants supplémentaires, quand Montpellier a consommé 172 ha pour 32 051 nouveaux habitants.

Au rang des bons élèves, figurent Montpellier (54 m2/hab), Palavas-les-Flots (76 m2/hab), Castelnau-le-Lez (85 m2/hab), La Grande Motte (91 m2/hab) ou Pérols (92 m2/hab). Parmi les mauvais élèves, Lodève arrive en tête avec 1 618 m2/hab, devant Montarnaud (1 379 m2/hab), Colombiers (1 179 m2/hab), Saint-Jean-de-Védas (1 155 m2/hab) ou Pézénas (1 132 m2/hab).

Diviser la consommation par deux d'ici 2020

A l'heure de l'élaboration et de la révision d'ensemble des SCOT de l'Hérault (une centaine seront caduques en mars 2017), le préfet Pierre Pouëssel a souhaité interpeller les acteurs publics sur leurs stratégies en matière de politique urbaine. Objectif affiché : réduire de moitié le rythme de consommation de l'espace d'ici 2020, conformément au projet agricole départemental de l'Hérault élaboré par la Chambre d'agriculture.

« Un rôle accru sera donné à la commission départementale de préservation des espaces naturels (CDPENAF, ndlr) qui sera saisie pour avis de l'ensemble des documents d'urbanismes en cours de révision, annonce Matthieu Grégory. L'enjeu, c'est de rénover la ville sur la ville. »

Cécile Chaigneau

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