La Métropole de Montpellier expérimente la cohabitation intergénérationnelle et solidaire dans son parc social

Un jeune qui loue une chambre chez un sénior du parc social d’ACM Habitat, le bailleur social de la Métropole de Montpellier. C’est le dispositif expérimental baptisé "1, 2 et Toit" qui, s’il a démarré en septembre 2022, vient d’être officiellement inauguré le 21 juin. Une cohabitation innovante, construite sur-mesure et très encadrée par les partenaires sociaux, institutionnels et associatifs main dans la main.
Cécile Chaigneau
Le 21 juin 2023, le président du bailleur social ACM Habitat, Michel Calvo (à droite), dresse un premier bilan du dispositif 1, 2 et Toit, cohabitation intergénérationnelle et solidaire dans le parc social.
Le 21 juin 2023, le président du bailleur social ACM Habitat, Michel Calvo (à droite), dresse un premier bilan du dispositif "1, 2 et Toit", cohabitation intergénérationnelle et solidaire dans le parc social. (Crédits : ACM Habitat)

Avec la crise du logement qui sévit en France et les prix qui continuent de monter, rendant l'accès à un logement difficile pour beaucoup, de nouvelles formes d'habitat émergent, notamment à destination des jeunes, particulièrement touchés par la hausse des prix.

A Montpellier, ville où les prix ont largement explosé et continuent leur ascension dans un contexte de forte tension sur le logement, le dispositif "1, 2 et Toit", projet de cohabitation intergénérationnelle et solidaire, a été lancé en septembre 2022. Il s'inscrit dans le cadre d'un partenariat entre ACM Habitat (bailleur social de la Métropole de Montpellier) et Info Jeunes Occitanie (CRIJ Occitanie), et était officiellement inauguré le 21 juin au Lab by Altemed.

Ce dispositif permet à des jeunes de moins de 30 ans en projet d'études ou de formation professionnelle de se loger chez des personnes âgées, des séniors de 60 ans et plus, vivant seul et de façon autonome dans un logement du parc social ACM Habitat. Les objectifs sont multiples : permettre à un jeune d'accéder à un logement pour un loyer modeste, cohabiter et créer du lien.

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150 à 200 euros de loyers

« ACM Habitat a décidé de partir des besoins des locataires pour produire de nouveaux outils, de s'occuper de la vie sociale des quartiers, déclare Michel Calvo, président d'ACM Habitat. Le problème avec 80.000 étudiants à Montpellier, c'est entre 5.000 et 8.000 jeunes qui ne trouvent pas de logement. L'AFEV (association de la Fondation étudiante pour la ville, NDLR) gère désormais des colocations étudiantes dans des appartements qu'ACM Habitat leur met à disposition et en contrepartie, ces jeunes donnent cinq heures par semaine de soutien scolaire ou d'animation dans le quartier. Aujourd'hui, ils sont une trentaine d'étudiants à la Mosson dans ce dispositif et nous voulons doubler ce nombre... Par ailleurs, on observe que des personnes âgées, désormais seules, sont logées par ACM Habitat depuis plusieurs décennies dans un F3 ou un F4, un logement devenu trop grand et donc en sous-utilisation. Or ces personnes souhaitent pouvoir rester dans le quartier. D'où la création de ce dispositif "1, 2 et Toit" qui permet à un étudiant d'être logé à un loyer inférieur aux loyers des locations de résidences étudiantes et nettement inférieur aux loyers des logements dans le secteur privé : il est calculé en fonction de la superficie de la chambre louée, soit entre 150 et 200 euros par mois... Aujourd'hui, six binômes ont été constitués et cohabitent, et notre objectif est d'atteindre la cinquantaine fin 2024. »

A la CAF de l'Hérault, Elodie Martinez soutient et suit ce dispositif : « D'autres binômes sont en cours de constitution pour cette expérimentation qui court sur trois ans avec un objectif de dix binômes par an minimum. Aujourd'hui, 3.600 seniors chez ACM peuvent s'emparer de ce dispositif. Ils contactent ACM et on les met en contact avec le CRIJ Montpellier qui organise des visites à leur domicile pour noter ses besoins et ses attentes, étudie les profils des jeunes, fait se rencontrer le senior et le jeune, et gère le contrat de cohabitation. C'est un dispositif innovant, encadré et sur-mesure ».

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Un partenariat institutionnel et associatif

Le dispositif, s'il n'est pas encore très répandu, a vocation à se déployer. Et reçoit l'approbation de bon nombre d'organismes sociaux locaux.

« Cette initiative traduit un besoin et une volonté de travailler ensemble, ce partenariat institutionnel et associatif étant une condition de réussite, loue Olivier-Ronan Rivat, président du CRIJ Occitanie. C'est un dispositif expérimental qui peut monter en puissance, sans en faire une usine à gaz. »

Claire Narang, directrice adjointe en charge des services aux allocataires et partenaires à la CAF de l'Hérault, affirme que « le département de l'Hérault est un département attractif et étudiant, et la CAF soutient ce nouveau projet via le fonds d'innovation pour l'expérimenter », précisant que dans le département, 150.000 foyers bénéficient de l'aide au logement, dont 28.000 jeunes, soit 400 millions d'euros versés.

L'expérimentation est également soutenue par la Carsat Languedoc-Roussillon, dont le président du conseil d'administration, Michel Guiral, déclare : « Nous avons aussi une mission d'action sociale, notamment pour lutter contre l'isolement, permettre aux personnes âgées de rester à domicile le plus longtemps possible et reculer la perte d'autonomie. Nous sommes donc favorables à ce dispositif, qui pourrait aussi se développer dans les zones rurales ».

Cécile Chaigneau

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