Première en France : la Métropole de Montpellier lance la gratuité (en charge lente) des bornes pour véhicules électriques

Résolument engagée sur les mobilités décarbonées, la Métropole de Montpellier poursuit sa politique de la gratuité des transports : après avoir déployé progressivement la gratuité des transports en commun, c’est maintenant aux bornes de charges pour véhicules électriques qu’elle s’attaque. Un modèle inédit qu’elle met en œuvre avec l’entreprise stéphanoise E-Totem. Explications.
Cécile Chaigneau
D'ici à l'été 2025, la Métropole de Montpellier (31 communes, 500.000 habitants) va mailler son territoire de 600 bornes de recharge E-Totem pour véhicules électriques.
D'ici à l'été 2025, la Métropole de Montpellier (31 communes, 500.000 habitants) va mailler son territoire de 600 bornes de recharge E-Totem pour véhicules électriques. (Crédits : E-Totem)

Après les transports en commun totalement gratuits pour l'ensemble des habitants de la Métropole de Montpellier depuis le 21 décembre 2023, la collectivité, présidée par Michaël Delafosse (PS), renforce sa stratégie des mobilités décarbonées et franchit un nouveau cap en actant la mise en place d'un réseau de bornes de charge pour véhicules électriques dont l'usage sera gratuit, pour les quelque 500.000 habitants de la Métropole, suivant le type de puissance choisi.

Selon les derniers chiffres publiés le 1er janvier 2024 par la Plateforme automobile, les voitures électriques ont représenté 16,8% des immatriculations en 2023. L'association des professionnels des mobilités électriques (Avere) annonce plus de 1,5 million de véhicules électriques et hybrides rechargeables qui roulent désormais sur les routes françaises.

Pour accompagner ce développement, la métropole de Montpellier a choisi de recourir à un opérateur privé pour mettre en œuvre ce dispositif. A l'issue d'un appel à initiatives privées, elle a retenu l'entreprise stéphanoise E-Totem pour mailler son territoire (31 communes) de 600 bornes de recharge pour véhicules électriques, avec un engagement de quinze ans. La décision a été actée (à l'unanimité) par le conseil métropolitain du 19 décembre dernier.

« Ce type de procédure permet de tirer parti de l'expertise privée dans un domaine soumis à de fortes et rapides évolutions technologiques, explique Julie Frêche, vice-présidente de la Métropole, déléguée aux transports et aux mobilités actives. Pour ce type de services, il faut faire confiance au privé afin d'être agile... Enedis, parce qu'il faudra raccorder les bornes au réseau, et la TaM (société publique locale des transports de la métropole de Montpellier, NDLR), parce que le service sera intégré à son application MTicket, ont participé à toutes les phases de négociations. »

Opérateur global

La première phase publique de déploiement de bornes de recharge électriques sur la Métropole a démarré en 2017-2018, et à ce jour, le périmètre métropolitain compte 138 points de recharge pour véhicules électriques, « qui seront progressivement remplacés », indique l'élue aux mobilités. Le marché remporté par E-Totem portera à 600 le nombre de bornes de charge sur tout le territoire métropolitain : « 475 points de charge normale de 3 à 22 kW plutôt en cœur de ville sur les places de stationnement et dans les parkings, et 125 points de charge rapide de 60 à 180 kW, plutôt en périphérie, en proximité de grands pôles générateurs de déplacements », précise Julie Frêche.

E-Totem a fait valoir son expertise et sa maîtrise de l'ensemble de la chaîne de production : la PME stéphanoise conçoit et fabrique ses propres bornes à Saint-Etienne et à La Rochelle, mais elle propose aussi des solutions logicielles d'exploitation et de gestion du parc de points de charge et un système de tarifications variables.

« E-Totem est un opérateur global : opérateur de points charge et opérateur de mobilités, c'est à dire que nous gérons les clients utilisateurs qui souscrivent un compte via une application pour ensuite accéder aux bornes et être facturés, indique Hervé Sonneville, le président de E-Totem. Nous avons aujourd'hui plus de 8.000 bornes publiques installées en France - à Saint-Etienne, sur le Grand Paris (dans le cadre du consortium Metropolis, NDLR), mais aussi à La Rochelle, Montargis, Thionville ou Biarritz - (selon le baromètre publié par l'Avere le 10 janvier dernier, la France comptait 118.009 points de recharge publics au 31 décembre 2023, soit une évolution de +44% en un an, NDLR) et sur différents modèles économiques grâce à une capacité d'investissement que nous avons développée pour financer l'installation des bornes et la gestion de l'exploitation de réseaux dans les métropoles. »

Gratuité : une première

Les habitants de la métropole montpelliéraine pourront accéder aux bornes via l'application MTicket selon une politique tarifaire intégrant la gratuité (voir encadré) en fonction de la puissance de charge délivrée.

« La tarification variable en fonction de la puissance est une innovation de E-Totem, que nous avons déjà mise en place à Paris par exemple mais sans aller jusqu'à la gratuité, souligne Hervé Sonneville. A Montpellier, nous poussons le modèle jusqu'au bout, c'est à dire la gratuité, ce qui est une première. »

Le dirigeant explicite le modèle économique appliqué à Montpellier par E-Totem pour permettre cette gratuité sur les charges lentes : « Comme partout où nous sommes, nous prenons le risque de l'investissement pour financer nous-mêmes l'installation des bornes - autour de 50 millions d'euros à Montpellier - mais nous faisons le pari de la monétisation sur les charges rapides et ultra-rapides. Plutôt que rémunérer la collectivité, nous proposons une tarification qui bénéficie aux utilisateurs. Nous payons une redevance d'occupation du domaine public de 100 euros par point de charge et par an (soit 60.000 euros par an, NDLR) qui est moins élevée à Montpellier qu'ailleurs, ce qui nous permet d'assurer cette gratuité sur la charge en petite puissance et d'atteindre un équilibre économique. Nous misons sur un trafic cible avec un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros qui déclenchera des redevances complémentaires pour la Métropole si nous le dépassons ».

« Au delà de ces 7 millions d'euros, 25% seront reversés à la Métropole, confirme Julie Frêche. La Métropole ne paie donc rien et ça lui rapporte ! »

Déploiement des bornes avant l'été 2025

Les deux partenaires doivent maintenant travailler sur l'emplacement de chaque borne. Après une phase de préparation, les travaux pourraient démarrer « dans quatre mois au plus tard, avec l'objectif d'avoir déployer toutes les bornes avant l'été 2025 », annonce Hervé Sonneville.

En parallèle, E-Totem installera une centaine de points de recharge dédiés aux vélos à assistance électrique avec, là aussi, une charge gratuite (avec limitation de puissance et de durée) pour tout utilisateur de l'application MTicket : « Il s'agira de bornes spécifiques mais raccordées au même point de connexion du réseau électrique que les bornes de charge pour véhicules et pilotées par la même station. Cela fait partie du modèle global de Montpellier : on mutualise des services et les équilibres économiques sont partagés ».

Quels tarifs ?

Selon la grille de tarification établie à Montpellier, recharger un véhicule électrique sur une des 600 bornes E-Totem à Montpellier coûtera :

  • En mode éco (charge lente 3,7 kW) : 0 euro via l'application MTicket pour les habitants de la Métropole (contre 0,35 euros/kWh pour autres utilisateurs)
  • En mode normal ou boost (7,4 à 2 kW) : 0,20 euros/kWh via l'application MTicket pour les habitants de la Métropole (contre 0,45 euros/kWh pour les autres utilisateurs)
  • En mode rapide (50 kW) : 0,35 euros/kWh via l'application MTicket pour les habitants de la Métropole (contre 0,60 euros/kWh pour les autres utilisateurs)
  • En mode ultra-rapide (100-150 kW) : 0,45 euros/kWh via l'application MTicket pour les habitants de la Métropole (contre 0,65 euros/kWh pour les autres utilisateurs)

Cécile Chaigneau

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Commentaires 5
à écrit le 20/01/2024 à 23:50
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Je roule en VE mais je trouve l'idée pas bonne du tout. D'un point de vue économique, ce n'est pas rentable et le coût est forcément assumé par quelqu'un donc probablement la métropole donc ses habitants. D'un point de vue pratique, c'est le meille...

à écrit le 20/01/2024 à 19:39
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mais oui!! ces bornes ont ete installees par des ouvriers pas payes avec du materiel vole sur les chantiers, et l'electricite sera fournie par edf gratuitement avec des centrales gratuites et des cgtistes pas payes!!! mais c'est ca qu'il faut, on fin...

à écrit le 20/01/2024 à 13:58
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Je me pose la question : qui va payer cette " gratuité " ? Des recharges sûrement payées par les personnes qui n'ont sûrement pas les moyens de se payer un véhicule hybride ou électrique. "Gratuité" d'un côté, augmentation des taxes de l'autre.

le 20/01/2024 à 14:59
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Dans ma commune il y a une sorte de auvent recouvert de panneaux solaires. Il y a une borne pour recharger une voiture électrique, ainsi que des casiers pour recharger des smartphones ou autres par des ports usb. On met une pièce de 0,50 € pour retir...

à écrit le 20/01/2024 à 7:52
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Montpellier ... la capitale des "bisous nours" tout est gratuit , la vie est belle ..... si vous avez une entreprise pour la succession confiez la aux dirigeants de Montpellier ....salaires gratuits , chiffre d'affaires zéro , marge gratuite ..... ...

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