Autoconsommation collective : Sunchain met en œuvre le 1e projet français à Perpignan

La technologie de la blockchain est au cœur du dispositif d’autoconsommation collective qui va être expérimenté par la spin-off catalane Sunchain sur les bâtiments du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales, en collaboration avec le gestionnaire de réseau Enedis.
Cécile Chaigneau

La start-up Sunchain, spin-off du bureau d'études catalan Tecsol, travaille à l'expérimentation de nouveaux schémas de production et de consommation de l'énergie solaire grâce à la technologie numérique sécurisée de la blockchain.

Cette semaine, le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité Enedis a annoncé qu'il allait accompagner une dizaine de projets d'autoconsommation collectivité d'électricité cette année en France (et quelques dizaines en 2018). Parmi eux, et le premier à être mis en œuvre : celui porté par Sunchain pour le compte du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales.

Une annonce qui intervient peu après que le projet de loi relatif à l'autoconsommation d'électricité a été définitivement adopté (le 15 février dernier), ratifiant ainsi l'ordonnance du 27 juillet 2016.

Consigner les flux d'énergie

À la différence de l'autoconsommation individuelle, pratiquée par environ 14 000 clients actuellement selon Enedis, « l'autoconsommation collective rassemble plusieurs consommateurs (particuliers, immeubles, bâtiments tertiaires, entreprises, etc.) qui se partagent l'électricité qu'ils produisent grâce à des panneaux solaires ».

« Le premier projet se situera dans les Pyrénées-Orientales avec la société spécialisée dans le solaire Tecsol et le Conseil départemental », a précisé Jean-Baptiste Galland, directeur de la stratégie d'Enedis.

Ce projet mettra en œuvre pour la première fois la technologie de la blockchain pour comptabiliser les échanges d'électricité entre bâtiments, s'appuyant sur le savoir-faire de Sunchain.

L'organisation de cette autoconsommation collective de l'énergie produite requiert en effet de consigner les flux d'énergie et d'argent. C'est là que la blockchain joue son rôle de « technologie de stockage et de transmission d'informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle ».

La blockchain permet ainsi de mesurer l'énergie solaire consommée par chaque utilisateur, par exemple chaque logement d'un immeuble collectif ou chaque bâtiment d'un ensemble tertiaire.

Énergie solaire et digital

« Sur le réseau, on injecte des kw/h produits par la centrale photovoltaïque et on émet un certificat qui part dans la blockchain, explique André Joffre, fondateur du bureau d'études catalan Tecsol, qui a fait le pari, avec Sunchain, de la combinaison "énergie solaire et digital". On fait la même chose pour les kw/h reçus par les consommateurs. En rapprochant ce qui est produit et ce qui est consommé, on constitue des blocs pour mesurer ce que consomme chaque compteur. Au fil du temps, on fera des bilans horaires, journaliers, hebdomadaires ou mensuels des consommations de chaque compteur. Cela permettra de communiquer à Enedis la part provenant du réseau et celle provenant du solaire. Enedis transmettra ces éléments aux fournisseurs d'électricité pour qu'ils facturent ce qui aura été consommé sur le réseau. »

Les utilisateurs sont ainsi incités à consommer l'énergie produite par les panneaux photovoltaïques, et donc, par exemple, à faire tourner leurs appareils électriques de préférence dans la journée, quand l'ensoleillement est au plus fort et la production d'énergie à son maximum.

Le projet d'expérimentation mis en œuvre avec Enedis à Perpignan se fera sur les cinq bâtiments tertiaires du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales, qui se partageront la production d'électricité d'une centrale photovoltaïque.

« On discute actuellement sur l'implantation de la centrale solaire sur les toits des bâtiments, déclare André Joffre. Nous souhaiterions que le dispositif soit opérationnel d'ici la fin de l'année, idéalement à la rentrée de septembre. »

L'autoconsommation plébiscitée

Tecsol travaille sur d'autres projets à venir dans les Pyrénées-Orientales, « plutôt en 2018 », précise André Joffre : un collectif de 1 000 logements ainsi qu'un lotissement de 300 lots, alimenté par une centrale solaire installée sur pilotis sur un bassin de rétention d'eau.

« L'autoconsommation intéresse la planète entière, souligne André Joffre. Notamment là où les réseaux de distribution d'électricité sont de moins bonne qualité, typiquement comme aux Etats-Unis. On observe qu'il y a de plus en plus de demandes. On retrouve, dans ce nouveau mode de consommation de l'énergie, les mêmes ressorts que ceux qui motivent les partisans des circuits courts... Et demain, on espère aller plus loin si la loi l'autorise : par exemple, recharger sa voiture sur une borne publique en utilisant sa propre électricité. »

Cécile Chaigneau

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Commentaire 1
à écrit le 22/04/2017 à 12:53
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C'est un projet innovant et intéressant à titre expérimental, mais cela interroge sur l'objectif. On comprend l'importance pour les gestionnaires du réseau Enedis ou autre (et pour RTE ?), puisque les échanges d’électricité devraient s’accroitre. ...

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