Le cinéma poursuit sa révolution (numérique) et l’école ARTFX suit le mouvement

L’école montpelliéraine ARTFX, spécialisée dans les métiers de l’animation 2D et 3D, des effets spéciaux et du jeu vidéo, lance un nouveau mastère Cinéma pour former les techniciens du cinéma à l’intégration en temps réel de prises de vue réelles et d’images numériques. Une formation inédite et encore « unique au monde », assure le président d’ARTFX, Gilbert Kiner. Explications.
Cécile Chaigneau
L'école ARTX lancera, en septembre 2021, un nouveau mastère Cinéma, apportant une double compétence à ses étudiants, associant expertise en prise de vue réelle et images numériques.
L'école ARTX lancera, en septembre 2021, un nouveau mastère Cinéma, apportant une double compétence à ses étudiants, associant expertise en prise de vue réelle et images numériques. (Crédits : ARTFX)

On connait la technique du fond vert, permettant au cinéma l'incrustation de décors en tout genre. Une nouvelle technologie est en passe de la détrôner et nécessite de nouvelles compétences.

Durant les vingt dernières années, le cinéma et l'audiovisuel ont connu une triple révolution : une créativité plus grande grâce aux effets visuels, une fabrication plus complexe et plus riche grâce aux outils numériques, caméras de prise de vue, logiciels de montage et d'étalonnage et projecteurs numériques, et une diffusion beaucoup plus large grâce aux plateformes digitales.

« Les métiers du cinéma évoluent énormément et le processus de création des œuvres est de plus en plus bouleversé par le numérique et le temps réel, souligne Gilbert Kiner, le président de l'école montpelliéraine ARTFX, fondée à Montpellier il y a plus de quinze ans et qui forme aux métiers de l'animation 2D et 3D, des effets spéciaux et du jeu vidéo. Il existe ainsi aujourd'hui une nouvelle technologie qui consiste à remplacer les fonds verts par des écrans à LED géants sur lesquels on diffuse une image active... Il est maintenant temps d'intégrer ces nouvelles technologies aux métiers traditionnels. »

Des profils hybrides très recherchés

C'est donc pour répondre aux nouveaux enjeux du secteur des industries culturelles et créatives que l'école ARTX lancera, à la rentrée 2021, un nouveau mastère Cinéma, apportant une double compétence à ses étudiants, associant expertise en prise de vue réelle et images numériques.

« Cette nouvelle formation, unique au monde, proposera aux futurs talents, en complément des écoles de cinéma traditionnelles, d'acquérir une double compétence : celle des métiers classiques du secteur et celles des effets spéciaux numériques, de la production virtuelle et du temps réel. Cette agilité sera indispensable demain, à la pratique des métiers du cinéma et de l'audiovisuel. »

Cette formation, en cinq années, adressera plusieurs métiers : scénariste et dialoguiste, assistant réalisateur/réalisateur/direction d'acteurs dans un environnement digital (afin d'intégrer le potentiel des effets visuels dès l'écriture et la réalisation d'un projet), assistant opérateur, digital imaging technician et chef opérateur, assistant décorateur et chef décorateur (pour préparer les futurs concepteurs de décors réels et virtuels aux environnements numériques, en temps réel comme en post-production), et enfin pré-production et post-production manager. Autant de profils hybrides, qui commencent à être très recherchés pour la conception et la fabrication de films et de séries.

Trucages numériques

Gilbert Kiner a confié le contenu pédagogique de cette nouvelle formation à Luc Pourrinet, responsable pédagogique du cursus cinéma chez ARTFX. Ce dernier, qui a rejoint l'école en 2020, avait créé sa propre société de production (SOS Postprod) et fut notamment membre de diverses commissions d'aide au long métrage et à l'écriture, à la Région Ile-de-France et au CNC entre 2000 et 2012, et directeur technique de la FEMIS (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son) de fin 2016 à fin 2019.

« L'avenir du cinéma passe effectivement aussi par l'image et les trucages numériques, déclare Luc Pourrinet. Pour donner un exemple, les équipes de la série emblématique Mandalorian - produite par Disney et diffusée par Disney Plus - utilisent toutes les nouvelles technologies du cinéma. Plus près, il y a aussi la série quotidienne de France 2 Un si grand soleil qui est très à la pointe. Leur méthodologie est une véritable source d'inspiration pour ARTFX ».

La formation démarrera officiellement en septembre 2021, mais Gilbert Kiner a déjà permis à une dizaine d'étudiants du site montpelliérain de suivre ce cursus, qui sera également accessible à des professionnels en formation continue : « Nous travaillons par exemple avec la structure Les Tontons Truqueurs (basés à Baillargues, NDLR) qui collaborent avec France Télévisions sur de l'intégration d'images en temps réel dans les fonds verts. Ils se formeront chez nous », ajoute-t-il.

La Plaine Images : un campus à l'anglo-saxonne

Aujourd'hui, l'école montpelliéraine accueille quelque 660 étudiants (60% formés aux effets spéciaux, 30% à l'animation et 10% aux jeux vidéo), mais aussi 86 étudiants sur le site La Plaine Images (à cheval sur les communes de Roubaix et de Tourcoing), ainsi qu'une dizaine à Enghien-les-Bains (Val d'Oise) où une petite structure a vocation à rapprocher les étudiants en fin d'études des studios d'Ile-de-France.

ARTFX a ouvert ces deux derniers sites en octobre 2020, « pour répondre aux besoins en graphistes de haut niveau partout dans le monde », explique Gilbert Kiner.

« Ce sont des métiers en plein expansion et la montée en puissance des plateformes type Netflix fait que la demande de production est exponentielle, ajoute-t-il. Les plateformes savent que pour durer, il faut un catalogue de qualité. Or si on ne produit pas suffisamment de graphistes, elles iront produire en dehors de l'Europe, en Chine par exemple... »

A La Plaine Images, site dédié aux industries culturelles et créatives, ARTFX a lancé le projet d'un vaste campus à l'anglo-saxonne de 12.000 m2 et 6.000 m2 de bâtiments, avec studios cinéma, salles de projection et hébergements (500 chambres) intégrés. De quoi accueillir à terme quelque 600 étudiants. Le projet nécessite un investissement global de 37 millions d'euros, porté entre autres par le promoteur immobilier montpelliérain Opalia. Selon Gilbert Kiner, le permis de construire a été obtenu et les travaux devraient démarrer en octobre prochain pour une livraison permettant d'investir le campus en septembre 2023. L'école devrait alors y employer 90 personnes pour 40 ETP.

Cécile Chaigneau

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