Pourquoi il y a saturation sur le marché de l’emploi du cinéma et de la télévision en Occitanie

SERIE. Épisode 3 – Avec désormais trois séries quotidiennes tournées en région (à Sète, Montpellier et Saint-Laurent-d’Aigouze), l’Occitanie a pris le leadership sur ce segment. Tant et si bien que les sociétés de production peinent à trouver des compétences sur les territoires. Trois nouvelles formations dédiées, financées par la Région, sont en cours à l’école montpelliéraine Travelling. Troisième (et dernier) volet de notre série sur l’économie des tournages en Occitanie.
Cécile Chaigneau
L'école Travelling, près de Montpellier, forme actuellement quelque 200 élèves aux métiers du cinéma et de la télévision.
L'école Travelling, près de Montpellier, forme actuellement quelque 200 élèves aux métiers du cinéma et de la télévision. (Crédits : Travelling)

La quotidienne Si belle la vie avait donné le ton en s'attribuant Marseille comme décor. Depuis, le concept a fait son chemin, et l'Occitanie a déroulé le tapis rouge, prenant un vrai leadership sur ce segment, vertueux à de multiples points de vue.

La région s'affiche tous les soirs de la semaine sur le petit écran. Il y aurait presque embouteillage... La série Demain nous appartient (tournée à Sète) est diffusée à 19h10 par TF1 depuis juillet 2017, Un si grand soleil (tournée à Montpellier et sur le littoral héraultais) à 20h45 par France 2 depuis septembre 2018, et la dernière arrivée, Ici tout commence (tournée à Saint-Laurent-d'Aigouze dans le Gard) à 18h30 sur TF1 depuis novembre 2020.

« En 2020, l'arrivée d'une 3e quotidienne tournée en Occitanie, c'était une nouvelle bonne surprise ! », s'exclame aujourd'hui Marin Rosenstiehl, le responsable de la commission du film chez Occitanie Films (satellite de la Région Occitanie pour la promotion du cinéma et de l'audiovisuel), faisant ainsi allusion à Ici tout commence, l'histoire d'une dynastie de grands chefs et d'une école formant les futurs grands noms de la gastronomie, et que TelSète (filiale de Newen, groupe TF1) a commencé à tourner en juillet 2020.

D'énormes besoins

Car outre les bénéfices image indiscutables d'une série diffusée en prime time, les installations de tournages de quotidiennes pour la télévision garantissent une activité pérenne pour un territoire.

« L'impact des longs métrages sur un territoire est toujours très aléatoire, selon si les équipes de tournage sont là pour deux ou neuf semaines, souligne Marin Rosenstiehl. Globalement, et même si chaque film a ses spécificités, un téléfilm représente un budget de 600.000 euros quand il se tourne intégralement en Occitanie. Une série en prime time, comme Candice Renoir (série policière, 7 saisons, sur France 2, NDLR), c'est 3 millions d'euros chaque année (sur 10 millions d'euros de budget, NDLR). »

Cette activité en croissance contribue à faire progresser favorablement l'emploi sur la région. Tellement favorablement qu'en 2020, le marché de l'emploi s'est tendu en Occitanie et que Marin Rosenstiehl parle de « légère saturation ».

« On ne trouve plus suffisamment de techniciens, machinistes, électro, scripts, assistants caméra, etc., observe-t-il. Sur une série quotidienne, il faut compter 200 personnes par jour en trois équipes, mais ce sont des intermittents donc la production a, en réalité, besoin de 500 à 600 personnes par an à disposition. Ce sont d'énormes besoins ! Dans notre fichier professionnel, nous avons aujourd'hui environ 1.000 techniciens référencés (et autant de comédiens et comédiennes, NDLR). Ce sont désormais des métiers en tension. »

Former des électriciens, machinistes et accessoiristes

Pour répondre à cette explosion d'activité, les différents partenaires, dont France TV, Pôle Emploi ou Occitanie Films, se sont mis autour de la table à la fin de l'été 2020 pour mettre en place des formations en région. Et la Région s'est engagée à financer trois formations opérées par l'école Travelling à Mauguio : électriciens, machinistes et accessoiristes.

Travelling est une école (privée) du cinéma et de la télévision, installée il y a quatre ans à proximité de Montpellier, au moment où démarrait la première série quotidienne Demain nous appartient.

L'école annonce actuellement un peu moins de 200 élèves en cycle pro ou BTS. Elle forme des techniciens de la mise en scène, de la production, du plateau et de la post-production, en passant par le script ou le maquillage. Avec une spécificité, aime à préciser son fondateur et dirigeant, Laurent Mesguich (directeur durant dix ans du festival du court-métrage de Montpellier et président encore aujourd'hui du Sunset film festival de Sète) : « une appétence pour les fictions et le tournage en extérieur ».

« Le pied à l'étrier »

« Les formations ont été réfléchies en concertation avec les besoins des quotidiennes, notamment France TV Studio, indique Laurent Mesguich. Trente-six personnes en bénéficient. Nous avons eu beaucoup de candidatures, parmi lesquelles beaucoup de reconversions, notamment des électriciens. Les électro et les machinistes sont huit semaines en formation et termineront début mars, et les accessoiristes ont démarré début février et finiront début avril... Tous auront également une formation sur l'intermittence, en lien avec Pôle Emploi. »

L'objectif est bien sûr qu'ils puissent rapidement travailler sur les quotidiennes mais pas seulement.

« Les quotidiennes ayant une activité permanente et une organisation de tournage très bien huilée, elles peuvent mettre le pied à l'étrier à des jeunes et leur permettre de se professionnaliser, souligne Marin Rosenstiehl. Les jeunes commencent en alternance et peuvent ensuite être recrutés. Rappelons que l'Hérault est le 2e département en termes de chômage en France, et que c'est une formidable opportunité d'avoir des navires amiraux comme les trois séries quotidiennes sur notre territoire... Ça crée un tissu de compétences sur la région, alors qu'on était partis d'une page blanche il y a quinze ans. Ça rassure les productions, qui ont la garantie de trouver des compétences ici ! C'est un cercle vertueux. »

Retrouvez les autres épisodes de la série :

Cécile Chaigneau

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Commentaires 4
à écrit le 24/02/2021 à 9:34
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Miser bien plus sur tout ces métiers permettrait en plus à nos jeunes d'avoir déjà un pied sur Youtube, par exemple, à savoir une des dernières possibilités à nos jeunes sans réseau de pouvoir devenir millionnaire. Il suffit de quelques centaines...

à écrit le 24/02/2021 à 8:30
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La locomotive Netflix fait des petits dans son immense sillage, il est bien évident que miser sur des écoles de la création audivisiuelle serait plus que pertinent surtout quand on voit comme le niveau de nos comédiens en France est très bas. Alors c...

le 24/02/2021 à 8:58
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Les "séries" sont un sous produit de la sous culture anglo saxonne. Autant de bêtise, de banalité, de surenchère de situations affligeantes sont insupportables à regarder. Tout ce delire ne servant qu'à garder le consommateur devant son écran p...

le 24/02/2021 à 9:16
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Hum... toi tu connais pas Dr Who ! ^^

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