« Je viens du jeu vidéo et je suis là pour que ce cursus soit reconnu par les professionnels » (D. Peyronnet, ArtFx)

ENTRETIEN - Dominique Peyronnet est la nouvelle directrice du campus ArtFx Montpellier. Cette experte du jeu vidéo, qui a fait sa carrière dans des studios puis dans différentes écoles, vient avec la mission de faire monter en puissance ce cursus dont la première promotion sort aujourd’hui.
Cécile Chaigneau
Dominique Peyronnet, nouvelle directrice du Campus ArtFx Montpellier, est une experte en jeux vidéo.
Dominique Peyronnet, nouvelle directrice du Campus ArtFx Montpellier, est une experte en jeux vidéo. (Crédits : DR)

Dominique Peyronnet a débuté sa carrière en tant qu'infographiste 2D-3D dans le secteur du jeu vidéo chez Infogrammes, où elle devient directrice artistique des jeux PC et consoles. En 1999, elle cofonde le studio de développement de jeux vidéo indépendant Widscreen Games à Lyon, qui a compté jusqu'à 120 salariés. Un temps freelance, elle intègre en 2014 l'École Bellecour, à Lyon, comme directrice pédagogique du pôle Entertainment. Entre 2017 et 2021, elle reprend une activité de chef de projet et productrice sur des projets de courts métrages d'animation en VR au sein du studio Fauns.

Le campus montpelliérain de l'école ArtFx, présidée par Gilbert Kiner, emploie 50 collaborateurs et accueille 600 étudiants français et internationaux. Tous les cursus proposés par ArtFx y sont dispensés, de la prépa à la 5e année : animation 2D/3D, effets spéciaux, jeu vidéo, programmation en jeu vidéo et effets spéciaux. A partir de la rentrée prochaine, démarrera le nouveau Mastère Cinéma, formant à la fois à la prise de vue réelle et aux effets visuels.

LA TRIBUNE - Depuis le 6 mai dernier, vous êtes la nouvelle directrice du Campus ArtFx Montpellier, site historique de l'école créé en 2004 (l'école compte également un campus à Lille-Pleine-Image et Enghien-les-Bains). Quelles sont vos missions ?

DOMINIQUE PEYRONNET - J'ai la charge de la gestion, du bon fonctionnement, de la mise en application de la pédagogie, de l'évolution et du rayonnement du Campus de Montpellier, en collaboration avec les autres campus du groupe.

Quelle est votre feuille de route ?

Artfx jouit déjà d'une réputation d'excellence, avec des formations très pointues et reconnues. Mon rôle est de pérenniser cette excellence et continuer à la développer en adéquation avec le monde professionnel. Nous voulons donner à nos étudiants un accès privilégié aux nouvelles technologies, comme la prévisualisation temps réel, les nouvelles technologies digitales, les murs de led, etc. Nous développons des partenariats avec des entreprises pour faire des investissements. Dans l'industrie du cinéma, on observe une importante évolution digitale. Et le jeu vidéo peut apporter au cinéma digital car il utilise beaucoup des moteurs temps réels du jeu vidéo. Les technologies sont vraiment en train de fusionner et nous amenons les étudiants à collaborer ensemble.

La première promotion du Mastère Jeu vidéo sort en ce moment. Quels sont les enjeux pour ce cursus ?

Le cursus jeu vidéo est passé en format master en 2019 avec reconnaissance de l'Etat, et la première promotion, de 25 étudiants, sort en effet maintenant. C'est un cursus extrêmement demandé mais ArtFx a fait le choix de n'avoir qu'une classe de 25 places environ alors que l'école reçoit le quadruple de candidatures car il n'y a pas la place pour tout le monde dans l'industrie du jeu vidéo. Les étudiants qui vont le game-art, c'est à dire ceux qui conçoivent les visuels, les personnages, les décors, etc., n'auront pas de problème pour trouver un poste, mais pour les game-designers, ceux qui conçoivent les règles et les mécaniques de jeu, il y a sur le marché une difficulté d'insertion pour les juniors. C'est pourquoi nous nous assurons d'une certaine maturité des candidats, d'une sensibilité artistique, d'une sensibilité à l'écriture et au développement de concepts, et d'une bonne compréhension sur la différence qui existe entre jouer à un jeu vidéo et le développer...

Vous avez été choisie notamment pour votre expertise sur le jeu vidéo, justement. Sur quoi souhaitez-vous intervenir ?

La réputation de l'école sur le jeu vidéo a besoin d'être développée. Les étudiants n'ont pas encore la même visibilité que dans nos autres cursus. Nous allons accroître notre participation à des salons, des festivals, différents prix. Nous allons communiquer et développer les partenariats. Je viens en effet du jeu vidéo, et je suis là aussi pour que ce cursus soit reconnu par les professionnels. ArtFx est classée 7e école mondiale par les Rookies, une plateforme où les étudiants peuvent montrer leur projet et qui remet des prix, l'une des grandes références du secteur. A Montpellier, nous bénéficions d'un écosystème favorable, porté par la locomotive Ubisoft et une quinzaine de studios de jeux vidéo indépendants, avec une vraie volonté politique de la Métropole de développer le secteur des ICC (industries culturelles et créatives, NDLR).

Qu'est-ce que la crise sanitaire du Covid-19 a changé pour la filière de l'animation, des effets spéciaux, du jeu vidéo ou du cinéma ?

Beaucoup de choses ! On le sait désormais, on a observé une forte croissance de la demande car les gens, qui étaient confinés et avaient peu accès à la culture ou au cinéma, se sont retrouvés sur les plateformes de diffusion, ce qui a généré une implosion de production de séries, où on a beaucoup recours au digital. Et les gens ont beaucoup joué aux jeux vidéo, la production a été multipliée par 150%... Dans ce domaine d'activité, nos étudiants n'ont pas de mal à trouver un poste, l'école affiche un taux d'insertion professionnelle de plus de 95% dans les six mois en France et à l'étranger. Ils seront 125 nouveaux à intégrer notre Campus de Montpellier en septembre prochain en première année.

Cécile Chaigneau

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