Travail saisonnier : dans les Pyrénées-Orientales, Etat, collectivités et acteurs économiques font front commun

C’est à une double problématique que s’attaque l’État dans les Pyrénées-Orientales : l’accueil et le recrutement local de travailleurs saisonniers. Une convention territoriale vient d’être signée à Perpignan, qui rassemble l’ensemble des interlocuteurs du dossier, sauf la CGT.
La pression sur les questions de recrutement et de logement des travailleurs saisonniers dans les Pyrénées-Orientales s'accentue encore durant la période estivale.
La pression sur les questions de recrutement et de logement des travailleurs saisonniers dans les Pyrénées-Orientales s'accentue encore durant la période estivale. (Crédits : Yann Kerveno)

Quelque 10.000* dans le secteur du tourisme et 10.700* (pour 1.700 équivalents temps plein) pour l'agriculture. C'est le nombre de travailleurs saisonniers employés chaque année, dans les Pyrénées-Orientales, par ces deux secteurs économiques qui, en particulier l'été, doivent augmenter leurs effectifs pour faire face à l'activité estivale croissante.

Collectivités locales, services de l'État, syndicats de salariés, fédérations patronales, acteurs du service public de l'emploi, de l'insertion et du logement vont tenter de faire front commun pour apporter des solutions au vaste dossier du travail saisonnier dans les Pyrénées-Orientales.

« Nous avons abordé ce dossier sous l'angle de la qualité de l'accueil parce que le travail saisonnier est aussi un levier d'accès ou de retour à l'emploi », explique Rodrigue Furcy, préfet des Pyrénées-Orientales, le 23 juin dernier, au moment de la signature d'une convention territoriale pour améliorer l'accueil et l'hébergement des travailleurs saisonniers et développer le recrutement local. Or dans ce département, les indicateurs sociaux sont assez dégradés, en particulier celui du chômage. Cette convention a donc deux objectifs : permettre aux personnes sans travail du département de trouver un emploi et accueillir les autres, venues de l'extérieur, dans de bonnes conditions. »

Lire aussiEconomies d'eau, recrutement de saisonniers,... : Station T veut répondre par l'innovation aux enjeux du tourisme

Gommer les inquiétudes du retour à l'emploi

Il pointe du doigt plusieurs obstacles : la garde des enfants et la mobilité, ou encore l'inquiétude quant aux effets de la reprise d'activité sur les prestations sociales. Autant de freins auxquels s'attaque le "pack reprise" imaginé entre les différents partenaires signataires de la convention. Destiné aux bénéficiaires du RSA qui prennent un emploi saisonnier, il prévoit un accompagnement complet, depuis le dispositif de "période de mise en situation en milieu professionnel", des aides à la montée en compétences, et la mise en place d'une expérimentation appelée "100 % rassuré".

« C'est une vraie innovation, qui soit permettre de gommer toutes les inquiétudes qui peuvent naître d'un retour à l'emploi, en particulier autour de la question du maintien ou non des prestations sociales perçues », plaide le préfet.

Les indus générés par les systèmes de déclarations seront neutralisés pour six mois pour 200 personnes ressortissant de la Caisse d'allocations familiales. Sont aussi prises en compte les problématiques de mobilité avec la mise en place d'un bus à horaires atypiques, le bus emploi déployé par la Mission locale jeune, qui ralliera les stations balnéaires à la métropole, et l'adaptation des bus de l'agglomération aux horaires du travail saisonnier. Enfin, des facilités seront offertes pour la garde des enfants.

Lire aussi« Pendant la saison, les droits des saisonniers ne doivent pas être en vacances ! » (Muriel Abadie)

« Pas d'être accueillis au bout des vignes »

Pour les travailleurs saisonniers venus d'ailleurs, l'enjeu est concentré sur les questions de logement. Sur la seule ville de Perpignan, il y aurait 4.000 "lits froids", comme on nomme aussi les lits inexploités. Mais ce n'est pas tant le manque de logement que leur prix, de 400 à 600 euros la semaine, qui les rend inaccessibles.

Deux chargés de mission sont affectés à la recherche de logements à remettre sur le marché pour les travailleurs, tandis que l'Éducation nationale doit conventionner les internats de lycées à cette fin. Les treize communes "classées touristiques" du département devront elles aussi produire un effort particulier sur ce sujet et la Maison du travail saisonnier aura pour mission de piloter cette gestion des logements saisonniers...

Grande absente du raout préfectoral sur le travail saisonnier, la CGT qui n'a pas souhaité signer.

« Cette convention est caduque de fait, la préfecture a été incapable de recruter ses chargés de missions et de toute façon, la convention n'est pas contraignante, regrette Nicolas Ribo, dirigeant du syndicat. Quant aux saisonniers de l'agriculture, ils n'ont pas forcément besoin d'un logement en dur mais il faut qu'ils puissent avoir accès à un terrain équipé de sanitaires de douches, et pas d'être accueillis au bout des vignes. Nous serons vigilants, cet été comme l'an passé, et nous irons à la rencontre des saisonniers pour vérifier leurs conditions d'accueil. »

* Sources : l'INSEE et le recensement agricole Agreste 2020.

Lire aussiLe logement, un casse-tête pour les travailleurs saisonniers au Pays basque

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.