Sport business : les clubs régionaux sous pression

Avec 15 équipes professionnelles, les clubs de sport régionaux de l’Occitanie-est génèrent une économie allant au-delà de leur seule enceinte sportive. Football, rugby, handball, basket,... De Montpellier à Nîmes en passant par Perpignan, l’arrêt des saisons en cours entretient le doute sur les budgets.
A Montpellier, le MHR (8e de Top14, propriétaire : groupe Altrad) estime ses rentrées d'argent amputées de plusieurs millions d'euros par la crise liée au Covid-19.

Ils ne savent pas quand leur saison va reprendre et encore moins dans quelles conditions. Pourtant, les clubs sportifs professionnels doivent élaborer différents scenarii alors qu'approche le début théorique de leurs saisons.

Activité générant le plus d'argent, et de retombées économiques, le football professionnel sait, d'ores et déjà, qu'il peut compter sur une hausse des droits télé (sa principale ressource) à la faveur de la renégociation de contrats de diffusion s'élevant désormais à 1,15 Md € par saison.

En ce sens, Nîmes Olympique (18e de Ligue1, propriété de Rani Assaf) peut souffler. Maintenu, le plus petit budget de L1 perdra certes de l'argent cette saison (4 M€ environ) du fait de l'arrêt prématuré du championnat et du non-versement par Canal+ et BeIn Sport de leur dernière échéance, mais, sous réserve d'une reprise normale de la saison à venir, il peut compter sur ces droits futurs pour envisager son mercato.

8 M€ de pertes estimées pour le club de foot de Montpellier

Un mercato qui promet d'être relativement prudent, comme au Montpellier HSC (8e de Ligue1, propriété de la famille Nicollin) où 90 % des joueurs restent sous contrat.

"Espérons que le championnat reprenne fin août ou au pire début septembre pour que Mediapro (principal diffuseur de la prochaine saison, ndlr) puisse prendre le relais et nous fasse un premier versement au mois d'août. Si on n'a pas ça, ça commencera à être compliqué. Je peux tenir deux, trois, quatre mois, mais pas indéfiniment", expliquait récemment au Figaro Laurent Nicollin qui estime les pertes de la saison écoulée à 8 M€ environ.

Côté rugby, le MHR (8e de Top14, propriétaire : groupe Altrad) estime lui aussi ses rentrées d'argent amputées de plusieurs millions d'euros...

Mais le grand perdant de l'ovalie semble être l'USAP (Perpignan). Deuxième de Pro D2 lors du coup d'arrêt du championnat, le club catalan se voit privé de ses chances de retrouver l'élite.

"Nous tablons cette année sur une perte allant de 1 à 2 M€ pour un budget de 10 M€. Pour nous aider, les partenaires privés doivent pouvoir être encouragés fiscalement à soutenir le sport, comme c'est le cas dans les œuvres de mécénat", estime François Rivière, président et actionnaire majoritaire du club.

« Un championnat à huis clos signerait la mort du handball »

Qu'en sera-t-il des sports dit "mineurs" et pratiqués en salle tels que le handball ? David Tebib, président de l'USAM à Nîmes (3e de Starligue) et dans l'Union des clubs professionnels, avoue être dans le flou.

"Ce qui est certains, c'est qu'un championnat à huis-clos signerait la mort du handball en France, déclare-t-il. Qu'en sera-t-il de nos partenaires privés ? Il est trop tôt pour en parler mais nous préparons déjà à nos partenaires fidèles de belles surprises."

Le président de l'USAM ne s'avance cependant pas sur la participation de son équipe à une coupe d'Europe et il affirme avec franchise : "C'est une superbe aventure humaine. Cela fait rayonner la ville mais il n'y a pas de modèle économique sauf à participer au carré final. La question de notre participation n'est pas taboue mais, comme une révision du salaire des joueurs, ce n'est pas le moment de se la poser".

A l'inverse, son homologue du MHB à Montpellier (4e, budget : 7,5 M€), Julien Deljarry, souhaite disputer cette compétition.

"Nous ne savons pas dans quelle situation financière se trouvent nos partenaires privés. Il est cependant rassurant que les collectivités locales qui sont nos premiers partenaires financiers nous aient d'ores et déjà assurés du même soutien que celui accordé l'an dernier", salue le dirigeant, qui envisage un serrage de vis de l'ordre de 10 % sur chaque poste de dépense et un budget tournant aux alentours de 6,5 M€.

Le BLMA en survie

Du côté du sport féminin, parent pauvre du professionnalisme, la problématique économique est exacerbée. Ainsi, Franck Manna, le président du BLMA (3e de la Ligue féminine de Basket et privé d'une ½ finale d'Euroligue) avoue avec sincérité s'être conditionné "en mission de survie", pour un club affichant 2,4 M€ de budget.

A l'instar de David Tebib à l'USAM, le président Manna estime qu'il n'est pas l'heure d'aller voir les partenaires privés (35 % du budget). En outre, pour ce dirigeant, la gestion du club ne se limite pas à la bonne marche de l'équipe professionnelle qui n'est qu'une part émergée de son activité, d'abord éducative.

Ainsi Franck Manna resitue-t-il le cœur de son activité qui n'est seulement une entreprise de spectacle : "Le BLMA, ce n'est pas qu'un club de 10 joueuses professionnelles. Ce sont aussi 400 jeunes licenciées à qui nous nous devons d'apprendre les valeurs du sport collectif".

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