Dans le Gard, des formations diplômantes pour enrayer la pénurie de secrétaires de mairie

Pour susciter des vocations sur un métier en tension - un tiers des secrétaires de mairie des communes de moins de 2.000 habitants vont partir à la retraite d’ici 2030 - l’Université de Nîmes et le Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale du Gard organisent des formations spécifiques. Avec, à la clé, la certitude de trouver un emploi.
L’Université de Nîmes a créé, il y a deux ans, un DU Secrétaire de mairie et une 3e session vient de s’ouvrir avec une quinzaine de stagiaires.
L’Université de Nîmes a créé, il y a deux ans, un DU Secrétaire de mairie et une 3e session vient de s’ouvrir avec une quinzaine de stagiaires. (Crédits : DR)

Occupé à 94% par des femmes, le métier de secrétaire de mairie ne fait plus rêver. Sur quelque 23.000 secrétaires que compte le territoire national, plus de 1.900 postes sont vacants et près d'un tiers des agents partira à la retraite en 2030. La région Occitanie n'échappe pas à la règle : dans les deux ans à venir, les projections font état de 287 postes vacants sur 3.924 communes concernées.

Face à ce constat inquiétant et suite à la proposition de loi du sénateur François Patriat (Côte d'Or), une loi a été promulguée en décembre dernier, visant à revaloriser le métier.

« Cette loi va dans le bon sens, se réjouit Elizabeth Montez, directrice générale du Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale du Gard (CDG 30). Il fallait enfin reconnaître ce métier passionnant mais souvent corvéable à merci. »

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Fin des recrutements en catégorie C

Qualifié de couteau suisse, le métier nécessite en effet de multiples compétences dans un spectre d'activités large englobant vie quotidienne, volet administratif, droit public et réglementations. Dans les communes de moins de 2.000 habitants, la secrétaire de mairie joue d'ailleurs un rôle essentiel, à la fois auprès des habitants et des maires dont elle est souvent l'unique collaboratrice. Pourtant, le métier reste déconsidéré et mal rémunéré, 60,4% des postes appartenant à la catégorie C, la moins rémunérée de la fonction publique.

A compter de janvier 2028, les maires de communes de moins de 2 .000 habitants devront nommer un agent classé au moins en catégorie B, soit une rémunération indiciaire médiane plus élevée (1.920 euros bruts). Les fonctionnaires de catégorie C seront éligibles à ce dispositif de promotion dérogatoire. Autres nouvelles dispositions : le métier prend désormais l'appellation de Secrétaire Général de Mairie (SGM) et les recrutements sont ouverts aux contractuels dans les communes jusqu'à 2.000 habitants (contre 1.000 auparavant).

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Plus de repères et de connaissances

Alors que le Gard compte près de 200 secrétaires de mairie, une vingtaine de départs à la retraite est déjà prévue d'ici 2026 selon les projections faites à partir des dossiers de demande de retraite. En 2023, 35 appels à candidature ont été publiés par les employeurs.

Aussi, depuis deux ans, l'Université de Nîmes a mis en place un DU Secrétaire de Mairie. Cette formation de treize journées (91 heures) vise soit à faire monter en compétence les agents publics, soit à initier les personnes fraîchement recrutées ou en reconversion dans la fonction territoriale. La troisième session vient de s'ouvrir avec une quinzaine de stagiaires.

« Ce DU répond à un besoin urgent, exprime Christophe Gache, chargé du développement de la formation à l'Université de Nîmes. Il vient renforcer la profession en lui donnant plus de repères et de connaissances. »

La formation (coût 1.000 euros) bénéficie du soutien de l'institut de droit public de l'ordre des avocats de Nîmes et de la collaboration du CDG30. Cet organisme a, de son côté, noué des partenariats avec France Travail et la Région Occitanie pour proposer une formation complémentaire au DU.

« Les CDG, qui ont une mission obligatoire en matière d'emploi, accompagnent les collectivités territoriales et les établissements publics de moins de 350 agents, explique Elizabeth Montez. Face à la pénurie de secrétaires de mairie dont les missions évoluent en fonction des réglementations - finance, urbanisme, marché public...-, nous organisons chaque année un module de 25 jours de formation théorique et 24 jours de stages en collectivités. »

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Un taux d'intégration de plus de 83%

En 2023, sur les 57 candidatures réceptionnées dans le Gard, 12 candidats ont été retenus, la Région finançant les formations. Depuis leur mise en place, le bilan est d'ailleurs très positif : en 2022, l'ensemble des stagiaires gardois a trouvé un emploi, et en Occitanie, sur 180 demandeurs d'emploi, 71% ont intégré un emploi dans la fonction publique, 12% dans le privé et les 18% restants ont suivi une autre voie.

Reste à savoir si ces mesures seront suffisantes pour redresser la barre et enrayer la désaffection pour ce métier. Déplacements lourds pour les secrétaires de mairie occupant souvent des temps partiels dans plusieurs communes, régime indemnitaire pas adapté, grille salariale encore jugée insuffisante pour une réelle amélioration de la rémunération, coût de la revalorisation pour les territoires évalué à 16 milliards d'euros... Les freins à lever sont encore nombreux.

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L'association des maires de France sur le coup

La loi visant à revaloriser le métier de secrétaire de mairie a été publiée au Journal officiel le 31 décembre 2023. L'Association des maires de France a réagi en déclarant que « cette loi marque une réelle avancée pour ce métier unique : une requalification des compétences en catégorie B, un dispositif ad hoc pour accompagner ces promotions et enfin une mesure salariale spécifique très attendue ». La loi vient répondre à l'une des 26 propositions présentées par l'AMF en octobre 2021.

Dans un communiqué de presse du 21 décembre 2023, l'AMF a salué « une réelle reconnaissance pour un métier essentiel aux communes rurales » et rappelait vouloir « continuer de plaider en faveur d'une revalorisation salariale plus ambitieuse et rester pleinement mobilisée pour la confirmation de ces avancées après la publication de cette loi, et surtout dans la prise rapide des décrets d'application ».

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