ESS : 60 % des entreprises régionales innovent

Selon une enquête de la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire, réalisée auprès de 258 PME et dévoilée le 28 novembre, le secteur des produits et services est la plus propice à l'innovation dans la filière de l'ESS en Languedoc-Roussillon. Un répertoire des pratiques innovantes va être créé avec l'UM3.
Cécile Chaigneau
258 entreprises de l'ESS en région ont répondu à l'enquête de la CRESS-LR.

L'ambition de l'enquête menée entre juin et octobre 2014 par la CRESS-LR (chambre régionale de l'économie sociale et solidaire) auprès d'un panel de structures de l'ESS en Languedoc-Roussillon (environ 400 sollicitées) était d'évaluer les pratiques innovantes des entreprises du champ de l'ESS, et de donner à voir quelle représentation ces entreprises ont de l'innovation au sens large.

« Il nous a semblé intéressant de voir, dans la profondeur du tissu de l'ESS, comment les acteurs se positionnaient sur l'innovation, notamment les entreprises déjà anciennes, indique Laurent Bastide, chargé de mission à la CRESS-LR. Nous avons retenu une conception très large de l'innovation, incluant tout ce qui est nouveau, ce qui affiche une forme d'originalité et une pertinence, et ce dans tous les domaines : produits et services, management, modèle économique, mode de gouvernance, forme de coopération et de partenariat, dispositif de communication, etc. »

Résultat : 60 % des entreprises ont déclaré avoir produit au moins une pratique innovante au cours des cinq dernières années.

« C'est un pourcentage important mais à relativiser du fait du caractère large retenu de la définition de l'innovation, observe Laurent Bastide. En fait, nous avons été surpris par la proportion élevée des acteurs qui ont dit "non"... Mais il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit d'un travail sur les représentations qu'ont ces structures de l'innovation. Or, souvent, elles considèrent par exemple qu'un travail d'adaptation à un marché n'est pas une innovation. »

Deux domaines d'innovation émergent nettement : les produits ou services (68 %), et les formes de coopération ou de partenariat avec d'autres acteurs (56 %).

« Dans le registre des produits ou services, beaucoup tournent autour de la mobilité des personnes, du recyclage des déchets, ou encore du sport et de la santé », note Laurent Bastide.

Les partenariats ou coopérations qui se nouent ont la plupart du temps vocation à « répondre aux évolutions, besoins et contraintes, comme par exemple atteindre d'une taille critique ou mutualiser des moyens ».

Laurent Bastide énumère quelques exemples : une association qui a mis en place une organisation horizontale sans hiérarchie, un club sportif d'aviron qui met en place une gouvernance exclusivement féminine. Ou encore le bailleur social gardois Neolia et l'entreprise d'insertion EVI-BTI qui ont créé un partenariat : les salariés en insertion remettent à niveau les logements pour personnes à mobilité réduite, et en contrepartie, le bailleur social donne un accès prioritaire à son parc de logements aux salariés en insertion. L'initiative sera d'ailleurs promue ce jeudi 4 décembre à Arles (13), dans le cadre des « 2e Rencontres ESS logement et habitat », organisées par les CRESS Languedoc-Roussillon et PACA.

Parmi les facteurs favorisant l'émergence des pratiques innovantes, c'est l'expertise du ou des porteur(s) de projet qui arrive nettement en tête (entre 52 % et 36 % des cas selon les domaines d'innovation), devant les financements publics. Là aussi, une petite surprise pour les enquêteurs.

« L'essence même de l'ESS, c'est que c'est une entreprise collective, explique Laurent Bastide. Or, on réalise que l'entrepreneuriat collectif ne veut pas dire que la dimension individuelle n'est pas présente. »

Enfin, pour ce qui est des parties prenantes à l'origine des pratiques innovantes, quel que soit le domaine d'innovation considéré, c'est la direction de la structure qui arrive nettement en tête : entre 76 % et 57 % des cas.

« Ce qui montre qu'au niveau de l'organisation, le rôle de la direction est important, décrypte le chargé de mission. Le second facteur à l'origine des pratiques innovantes, ce sont les administrateurs, c'est à dire les élus. Preuve qu'ils ne sont pas totalement déconnectés ou absents quant à l'origine des innovations, leur intervention agissant plutôt sur les registres du mode de gouvernance et de l'organisation du travail. »

Que faire maintenant des résultats de cette enquête ? Depuis cinq ans, la CRESS-LR a mis en place un observatoire de l'ESS, en lien avec l'université Paul Valéry (qui a créé un master dédié à l'ESS), réalisant travaux statistiques et enquêtes.

« Notre idée, avec l'université, c'est de créer un répertoire des pratiques innovantes sur la base de cette remontée de "matériaux", précise Laurent Bastide. On va les mettre à disposition des acteurs régionaux dans un répertoire, l'ambition étant de les modéliser pour favoriser la communication voire l'essaimage de ces pratiques. Qu'elles puissent inspirer les acteurs de l'ESS. »

Cécile Chaigneau

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