"Concrétiser la dynamique de transition énergétique sur les territoires" (Sylvain Vidal, EDF Occitanie)

Auparavant directeur d’EDF Archipel Guadeloupe, Sylvain Vidal a succédé à Gilles Capy à la tête de la délégation régionale EDF d’Occitanie le 15 juin dernier. Le dirigeant réaffirme la volonté du groupe de prendre sa part dans le plan de redémarrage et de relance de l’économie sur les territoires, notamment au travers des projets autour de l’hydrogène.
Cécile Chaigneau
Sylvain Vidal est le nouveau directeur EDF Occitanie depuis le 15 juin 2020
Sylvain Vidal est le nouveau directeur EDF Occitanie depuis le 15 juin 2020 (Crédits : DR)

Arrivé 15 juin dernier pour prendre la tête d'EDF Occitanie (9 200 salariés), Sylvain Vidal a entamé son tour des territoires. Celui qui a passé plus de quatre ans en Guadeloupe (où il a vécu le passage du cyclone Irma et géré ses conséquences sur le réseau électrique) avant d'arriver dans la région, s'installe dans ses fonctions en pleine crise Covid.

Quels sont les enjeux majeurs pour le groupe EDF sur les territoires, alors que le monde traverse une crise sanitaire et économique inédite ?

Sylvain Vidal : « L'enjeu le plus important, c'est la transition énergétique. Ce qui peut se traduire par la production d'une énergie de plus en plus décarbonée en amont et la possibilité de consommer mieux et moins à l'aval, c'est-à-dire une électricité décarbonée, des mobilités électriques, le développement de l'hydrogène, et bien sûr la rénovation énergétique des bâtiments. Pour ce qui est de la production, en Occitanie, elle est totalement décarbonée, avec 50 % en nucléaire à la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne, NDLR), 35 % en hydraulique dans les Pyrénées et le Massif Central, et 15 % en énergies renouvelables, éolien et photovoltaïque... J'arrive à un moment où on observe un alignement politique sur la transition énergétique entre l'Europe, l'État et ici la Région Occitanie, qui ambitionne de devenir la première région à énergie positive d'Europe à horizon 2050. Dans le Plan de relance, environ 30 % des 100 Mds € sont fléchés sur la transition écologique et énergétique. Notre objectif, c'est de concrétiser cette dynamique sur le territoire et donc de capter une partie de ces financements. »

Quels sont les ambitions de production d'ENR sur le territoire ?

« Nous avons une croissance de production d'environ 8 à 10 % par ans, et actuellement 200 MW en projets, à des niveaux de maturité différents, sur les cinq prochaines années, portés par notre filiale EDF Renouvelables, dont la plupart des acteurs sont implantés en Occitanie Est (Colombiers près de Béziers, pour le centre européen de conduite et de supervision des parcs éoliens et solaires, et Montpellier depuis septembre, NDLR). Il y a évidemment en Occitanie un important potentiel en solaire et éolien. Le sujet sensible, c'est l'acceptation des projets. Aujourd'hui, il faut être capable de mener une concertation le plus en amont possible sur un territoire qui connaît une forte attractivité touristique, et qui est plutôt vallonné, ce qui signifie donc une possible visibilité des éoliennes de loin... Du côté de l'hydraulique, la sensibilité porte plutôt sur la question du régime des concessions hydrauliques : les gros barrages sont dans un régime de concession d'État, or l'Europe a demandé, dans tous les pays, de mettre les concessions qui arrivent à échéance en concurrence. La posture partagée en France est que la mise en concurrence directe n'est pas la solution car un barrage est un bien commun qui gère l'eau sur un territoire, avec des enjeux de sécurité ou de tourisme. Des discussions sont en cours entre la France et l'Europe sur le modèle juridique. Ce secteur est générateur d'activité. Par exemple, en Occitanie, EDF a des projets de stations de transfert d'énergie par pompage, notamment en Aveyron, dans la vallée de la Truyère sur la centrale Montézic, avec 800 M€ de travaux à la clé si on a le feu vert. L'hydraulique peut être un relais de croissance et jouer un rôle d'amortisseur en temps de crise. »

On parle beaucoup d'hydrogène. La Région s'est engagée sur le sujet, avec un plan « Hydrogène Vert » à 150 M€, et l'État a fléché sur cette énergie plus de 7 Mds € d'ici à 2030, dont 2 Mds dans le cadre du plan de relance en 2021 et 2022. Où en sont les projets d'EDF en Occitanie ?

« L'enjeu, c'est donc fabriquer de l'hydrogène par électrolyse à partir d'électricité décarbonée. L'hydrogène est surtout utilisé dans l'industrie et pour les mobilités lourdes, bus, bennes à ordures, camions... EDF est positionné sur ce sujet avec filiale Hynamics. A Montpellier, le nouveau maire a confirmé le projet de bus à hydrogène, avec dans un premier temps 21 bus, ce qui est la taille critique limite pour un projet industriel. Un électrolyseur sera installé, probablement à proximité du dépôt de bus. Pour une vingtaine de bus, il faut un électrolyseur d'1 MW, soit un investissement d'environ 1 M€. Nous sommes en discussion avec Sud Énergies (filiale de la SERM, ndlr) et nous travaillons actuellement sur le montage de la société de projet avec la Métropole de Montpellier... Au Grau-du-Roi, dont le port Camargue est le 1e port de plaisance d'Europe, nous avons identifié les besoins du territoire en mobilités maritimes et terrestres, et le projet prévoit une navette fluviale qui permettrait de désengorger le centre-ville en transportant des touristes depuis un parking jusqu'au port, et hors saison, serait un bateau de pêche. Nous travaillons avec la collectivité pour trouver une taille critique permettant de s'engager sur un électrolyseur. »

Où en est le projet Flexitanie ?

« Ce projet, porté par notre filiale DREEV en partenariat avec la Région Occitanie et l'Ademe, consiste à déployer dans toute l'Occitanie un démonstrateur d'une centaine de bornes de recharge électrique "Vehicle-to-Grid" (bornes de charge bi-directionnelles permettant de restituer l'énergie stockée dans un véhicule vers le réseau quand les véhicules sont à l'arrêt, NDLR). Nous sommes en train de prospecter les clients potentiels, des industriels ou des collectivités. Les 100 bornes, qui seront fabriquées par le groupe ABB, nous permettraient d'atteindre les 100 MW, taille critique que nous espérons atteindre mi-2021. »

Qu'observez-vous avec la crise sanitaire et économique du Covid-19 et comment le groupe a-t-il agi ou réagi ?

« La consommation énergétique en Occitanie a baissé de 15 % pendant le confinement, et en septembre de 3 à 4 %... Le groupe n'a pas sollicité le chômage partiel ni le PGE. Les personnels de centrales, d'Enedis sur les réseaux ou de Dalkia ont continué de travaillé, et beaucoup de salariés ont fait du télétravail, notamment les plateaux clientèle, ce qui n'avait encore jamais été expérimenté. Nous avons arrêté les coupures pour impayés chez les particuliers jusqu'en septembre. Pour les TPE-PME qui ont pris le PGE, nous avons proposé un étalement de paiement. Et pour nos fournisseurs payés à 60 jours, nous avons mis en place un dispositif de paiement immédiat. »

Cécile Chaigneau

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