Narbonne rééquilibre son mix énergétique avec une centrale solaire thermique de 3.200 m2

Le réseau de chaleur urbain de Narbonne, dans l’Aude, vient de compléter son mix énergétique gaz-biomasse avec une centrale solaire thermique. Il poursuit ainsi sa décarbonation avec désormais 75% d’énergies renouvelables qui l’alimentent. Narbosol, développée et installée par le Bordelais NewHeat, est la 4ème centrale solaire thermique de plus de 1.000 m² en France sur un réseau de chaleur urbain.
Cécile Chaigneau
A Narbonne, la centrale solaire thermique Narbosol comprend 3.232 m2 de capteurs solaires représentant une puissance crête de 2,8 MW thermiques, et alimentera en chauffage et eau-chaude sanitaire plus de 900 logements, sept écoles, un collège et quelques autres bâtiments publics.
A Narbonne, la centrale solaire thermique Narbosol comprend 3.232 m2 de capteurs solaires représentant une puissance crête de 2,8 MW thermiques, et alimentera en chauffage et eau-chaude sanitaire plus de 900 logements, sept écoles, un collège et quelques autres bâtiments publics. (Crédits : NewHeat)

Une installation de 3.232 m2 de capteurs solaires représentant une puissance crête de 2,8 MW thermiques, un rayonnement solaire transformé en chaleur, stocké dans une cuve de stockage d'eau chaude de 1.000 m3, et plus de 900 logements, sept écoles, un collège et quelques autres bâtiments publics alimentés en chauffage et eau-chaude sanitaire.

Telles sont les performances attendues de la nouvelle centrale solaire thermique, baptisée Narbosol, que la ville de Narbonne inaugurait le 21 octobre, et qui vient compléter son réseau de chaleur urbain dans le quartier Saint-Jean-Saint-Pierre.

Cette nouvelle infrastructure intervient dans le cadre du contrat de fourniture de chaleur signé fin 2019 entre Narbosol, la Société Narbonnaise de Chauffage (SNDC, filiale de DALKIA et délégataire du réseau) et la Ville de Narbonne pour une durée de 25 ans.

C'est le Bordelais NewHeat, fournisseur de chaleur renouvelable (créé en 2015, 20 salariés), qui a conçu et installé cette centrale thermique, la 4ème centrale solaire thermique de plus de 1.000 m² en France sur un réseau de chaleur urbain.

« Le principe de la centrale solaire thermique est très simple, précise Hugues Defréville, co-fondateur de NewHeat. Il s'agit de panneaux solaires en tôle d'acier noir qui chauffent au soleil, à l'arrière desquels on fait circuler de l'eau dans des serpentins. Le rendement est de 80%, contre 15% dans le photovoltaïque. »

La chaleur solaire pourra atteindre près de 2.300 MWh par an soit 18% de la production annuelle totale du réseau. Ce volume d'énergie fournie, en remplacement du gaz, correspond à une réduction annuelle de plus de 500 tonnes d'émission de tonnes de CO2.

Effacer complètement le gaz

Déjà alimenté en majorité par les énergies renouvelables grâce à sa chaudière biomasse de 2,5 MW, le réseau de chaleur narbonnais franchit ainsi une nouvelle étape vers sa décarbonation, passant de 64% à plus de 70% d'énergies renouvelables dans son mix énergétique.

« Narbosol prendra notamment le relais de la chaudière biomasse de 2,5 MW durant les mois d'été, explique Hugues Defréville. Car une chaudière biomasse ne peut pas fonctionner à moins de 30 ou 40% de sa puissance et comme les bâtiments ont moins besoin de moins de puissance à partir de mars-avril, elle s'arrête. Une centrale solaire thermique produit plus en été puisqu'il y a plus de soleil, mais elle produira aussi le reste de l'année. »

Fabrice Tenneson, directeur régional Méditerranée chez Dalkia, confirme : « En 2008, la centrale biomasse est venue verdir le réseau de chaleur urbain en fournissant 65% de la chaleur, le reste étant fourni par le gaz. La centrale solaire thermique complète ce verdissement avec 10% supplémentaires d'énergies renouvelables. En été, Narbosol pourra effacer complètement le gaz. Dans ce mix énergétique, on engage prioritairement le solaire, puis la biomasse et en dernier recours le gaz. Mais en hiver, où les besoins en chauffage sont importants, la seule centrale solaire ne suffit pas ».

La centrale solaire est implantée à une extrémité d'une branche du réseau de chaleur, qui se déploie en étoile à partir de la chaufferie centrale, ce qui a permis de choisir un terrain municipal en périphérie du quartier pour l'installer. Elle est opérationnelle depuis le 15 septembre dernier, « même si elle ne tournait pas en pleine puissance », souligne Hugues Defréville, et a déjà fourni 100 MWh.

Ce dispositif de centrale solaire thermique aurait-il vocation à s'étendre au-delà du quartier Saint-Jean-Saint-Pierre ?

« La vocation d'un réseau de chaleur urbain est de se densifier, dans la limite de production du réseau, dans les limites de la DSP et dans les limites de franchissement d'ouvrages », répond Fabrice Tenneson.

Un million d'euros du Fonds Chaleur

Narbosol s'inscrit dans le cadre d'une opération de financement organisée par NewHeat en 2020 et portant sur cinq centrales de production de chaleur solaire et récupération, comprenant la mise en place d'un financement bancaire global d'un montant de 13 millions d'euros (dont 2 millions d'euros pour le projet narbonnais) auprès de banques. Les Fonds Régionaux de la Transition Énergétique Terra Energies, AREC Occitanie et OSER ENR sont également présents à cette opération en tant qu'actionnaires minoritaires.

Le dossier Narbosol est lauréat de l'appel à projets « Grandes installations solaires thermiques » du Fonds Chaleur de l'ADEME qui le finance « à hauteur de 55% du projet, soit un peu plus d'un million d'euros », précise Hugues Defréville. Il est également soutenu par la Région Occitanie à hauteur de 100.000 euros dans le cadre de son plan de soutien au développement des énergies renouvelables.

« Nous essayons de faire modifier ce mécanisme du Fonds Chaleur par le ministère car dans d'autres filières d'ENR, c'est chaque MWh produit qui est aidé et on aimerait que les centrales solaires thermiques bénéficient elles aussi de ce système, indexé pourquoi pas sur chaque tonne de CO2 évitée », indique le dirigeant de NewHeat, qui rappelle que les besoins en chaleur représentent près de la moitié de la consommation énergétique française.

Il existe actuellement 800 réseaux de chaleur urbain en France, et quatre d'entre eux sont alimentés par des centrales solaires thermiques de plus de 1.000 m2, dont désormais deux sont opérées par NewHeat, Pons (Charente-Maritime) et Narbonne.

Lactalis, briqueterie,...

NewHeat a d'autres projets de centrales solaires thermiques à venir. L'entreprise a signé en janvier dernier (et lance les travaux maintenant) pour la plus grande centrale solaire thermique d'Europe à usage industriel (15.000 m² pour alimenter une tour de séchage) chez Lactalis près de Verdun, d'une puissance de 13 MW.

Son 6e projet démarrera fin 2022 sur une briqueterie en région Rhône-Alpes : « On récupère la chaleur des fumées du four, on ajoute une centrale solaire thermique et la chaleur produite alimentera le séchoir ».

Enfin, elle a reçu le soutien de l'Innovation Fund pour DECARBOMALT, qui sera le plus grand site de production de chaleur solaire à usage industriel en Europe en 2023 (20 MW, 4000 t de CO2 évitées par an) en Croatie.

Cécile Chaigneau

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