« On observe une vraie prise de conscience et une quête de solutions sur la ressource en eau » (O. Depraz, ImaGeau)

En juin 2020, ImaGeau, filiale du groupe Saur et spécialiste du numérique au service de l’eau, avait lancé la plateforme Info-sécheresse pour aider citoyens, collectivités, agriculteurs et professionnels de l’eau à anticiper les épisodes de sécheresse et leur permettre d'ajuster leur consommation. Alors que la canicule frappe aux portes de l’été, ImaGeau fait le point.
Cécile Chaigneau
Olivier Depraz est le directeur général d'ImaGeau, filiale du groupe Saur et spécialiste du numérique au service de l’eau.
Olivier Depraz est le directeur général d'ImaGeau, filiale du groupe Saur et spécialiste du numérique au service de l’eau. (Crédits : DR)

Lancée il y a deux ans, la plate-forme numérique Info-sécheresse valorise plus de 100 millions de données gouvernementales en open data et permet de suivre en temps réel l'état des nappes phréatiques et des cours d'eau dans tous les départements de France métropolitaine. Elle fournit des données sécheresse qualifiées, mises à jour quotidiennement et spatialisées.

Info-sécheresse a été mise au point par l'entreprise héraultaise ImaGeau, filiale du groupe Saur. Installée au cœur de l'incubateur d'entreprises Cap Alpha à Clapiers, près de Montpellier, ImaGeau est issue d'un transfert de technologie du laboratoire Géosciences de Montpellier. Outre un bureau d'études en hydrogéologie, elle développe et exploite un logiciel métier propriétaire, baptisé EMI.

« Quand nous avons lancé ImaGeau en 2009, nous étions trop en avance mais aujourd'hui, on observe  une vraie prise de conscience sur la ressource en eau, avec une quête de solutions, observe Olivier Depraz, directeur général d'ImaGeau. ImaGeau répond à ces besoins en proposant différentes solutions, notamment pour les collectivités. »

Arrêtés de sécheresse intégrés

L'ambition de la plateforme Info.sécheresse est de participer à une meilleure compréhension du risque, et d'offrir sur un site unique toutes les données importantes liées aux situations de sécheresse.

« Depuis le lancement, nous avons souhaité ajouter du contenu pédagogique - qu'est-ce qu'une nappe phréatique, comment elle se recharge, etc. - pour le grand public sans que ça ne change quoi que ce soit pour les utilisateurs professionnels, indique le dirigeant. La nouvelle version de la plateforme citoyenne sera lancée la semaine prochaine (entretien réalisé le 20 juillet, NDLR). Elle se veut plus incitative à la prise de conscience publique pour faciliter la mise en place d'actions. Aujourd'hui, 4.500 personnes sont inscrites et 2.000 se connectent chaque jour. La moitié sont des particuliers, l'autre moitié des professionnels de l'eau, des collectivités, des agriculteurs, etc. L'autre nouveauté, c'est aussi qu'on intègre désormais les arrêtés de sécheresse avec les différents niveau d'alerte sur les consommations en fonction de la disponibilité des ressources. Et nous avons rajouté les données sur les ruisseaux à celles des rivières et des fleuves.»

« Beaucoup et anormal »

Les ruisseaux, les rivières ou les fleuves, c'est ce qu'on appelle les "eaux superficielles" (de superficie). Le 20 juillet, Info.sécheresse annonçait 257 arrêtés de vigilance en France métropolitaine, 232 en alerte, 196 arrêtés en alerte renforcée, et 148 arrêtés en crise, ces derniers essentiellement dans l'ouest, le centre et le sud-ouest.

« 148 arrêtés de crise, c'est beaucoup et anormal, commente Olivier Depraz. Sur les eaux superficielles, les champions du stress hydrique sont le sud-est et l'ouest, les Pays de la Loire et le sud Bretagne. »

Sur les eaux souterraines, la plateforme enregistrait 91 arrêtés en vigilance, 28 en alerte, 33 en alerte renforcée, 21 en crise, « surtout en Vienne, autant pour les eaux souterraines que superficielles », souligne Olivier Depraz.

« On n'a pas eu les pluies d'automne et d'hiver, et avec le phénomène de canicule, la végétation puise dans les ressources, analyse-t-il. Pour un 20 juillet, les cartes sont très orange et rouge, et à peu près partout ! Ça va évoluer car des pluies sont annoncées, mais sur cinquante années de pluviométrie, on constate que cette raréfaction de la pluviométrie arrive une fois tous les 50 ans... »

Collectivités : une accélération de la demande

Avec ses applications EMI Vigilance, destiné aux instances régaliennes en charge de la surveillance des ressources en eau, et EMI Exploitation, qui cible les exploitants d'eau en général pour la maintenance de leurs installations, ImaGeau travaille avec 285 collectivités à ce jour, principalement en exploitation.

« L'an dernier, nous avons intégré, à la demande, la prédiction sur une soixantaine de nappes phréatiques, ce qui permet à nos clients de suivre et d'anticiper les hauteurs des nappes jusqu'à vingt jours. Aujourd'hui, on atteint des seuils critiques en PACA et dans l'Est de la France, ce qui revient à des schémas classiques sauf que ça a commencé plus tôt. »

Olivier Depraz témoigne d'une « accélération de la demande dans les collectivités ». Les hydrogéologues d'ImaGeau conseillent les clients et des équipes peuvent être envoyées pour mettre en œuvre des actions : « La première chose que l'on fait, c'est regarder comment la collectivité exploite sa ressource, le captage,... Comme solution, on peut proposer une interconnexion avec des voisins pour partager la ressource, faire préconiser des économies d'eau aux agriculteurs, ou utiliser des eaux non conventionnelles (eaux usées et traitée, NDLR) pour certaines taches comme l'arrosage des jardins publics ».

Sobriété hydrogéologique

Parce que l'eau est (malheureusement) un sujet d'avenir puisque ses ressource sont en péril, ImaGeau annonce « un plan ambitieux de sobriété hydrogéologique, et donc des projections de croissance importantes ». L'entreprise emploie aujourd'hui 18 personnes et a réalisé un chiffre d'affaires de 1 million d'euros en 2021.

« Des concurrents arrivent et le marché se dynamise, souligne Olivier Depraz. Nous recrutons trois business développeurs, deux hydrogéologues et trois développeurs informatiques... En 2022, nous devrions atteindre 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires et nous visons une croissance à deux chiffres dans les cinq ans. »

Cécile Chaigneau

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