Le port de Sète poursuit ses aménagements en faveur du fret ferroviaire avec l’opérateur VIIA

Intermodalité ferroviaire, maritime et fluviale. C’est l’ambition que poursuit le port de Sète qui continue à se doter d’équipements à même de la servir. Alors qu’une plateforme ferroviaire a déjà été livré fin 2021, VIIA (opérateur d'autoroutes ferroviaires du groupe SNCF) démarrera en mai les travaux d’une nouvelle phase. Il s’agit notamment d’équiper la plateforme de la technologie de chargement horizontal Modalohr, qui ouvrira le champ des possibles à d’autres chargeurs et donc à plus de fret ferroviaire.
Cécile Chaigneau
Le port de Sète veut passer de 10.000 à 40.000 remorques transitant par le ferroviaire chaque année à horizon 2025.
Le port de Sète veut passer de 10.000 à 40.000 remorques transitant par le ferroviaire chaque année à horizon 2025. (Crédits : Port de Sète)

C'est le mantra écologique du port de Sète : à horizon 2025, l'objectif est de passer de 10.000 à 40.000 remorques transitant par le ferroviaire, soit autant de camions retirés de la route... L'année 2022 aura été, pour l'infrastructure portuaire sétoise, celle de la mise en exploitation de sa nouvelle plateforme ferroviaire (6 ha), livrée par VIIA (opérateur d'autoroutes ferroviaires du groupe SNCF) fin 2021 et dont l'objectif est de relancer les lignes régulières de fret.

L'investissement global pour la plateforme sera de 20 millions d'euros, répartis entre la Région Occitanie, propriétaire du port, et le port (8 millions d'euros) et l'opérateur VIIA (10 millions d'euros, soutenus par des subventions de l'Etat).

Les travaux du futur terminal multimodal, que va démarrer VIIA en mai et qui seront livrés au premier trimestre 2024, permettront l'implantation d'un nouveau système de chargement horizontal, Modalohr.

En 2024, + 30% de volume de trains

Les services de fret ferroviaires sont, pour l'heure, ouverts aux semi-remorques préhensibles (permettant un chargement vertical par grue) et aux conteneurs. La technologie Modalohr, déjà opérée en Occitanie sur le terminal exploité par VIIA au Boulou (Pyrénées-Orientales) mais aussi à Calais (Pas-de-Calais) ou Bettembourg (Luxembourg), utilise des wagons pivotants et permet de réduire le temps de chargement et déchargement des semi-remorques. Elle ouvrira de nouveaux marchés car tous les chargeurs peuvent utiliser ce système de chargement.

« En 2022, la plateforme ferroviaire a permis l'organisation de dix départs de trains par semaine : trois aller-retour à destination de Calais, cinq pour Valenton dans le sud de Paris et deux à destination de Poznań (Pologne, NDLR), explique Frédéric Delorme, président de Rail Logistic Europe (le pôle fret et logistique ferroviaire du groupe SNCF, dont VIIA est l'une des cinq sociétés) et président de Fret SNCF, en déplacement à Sète le 21 avril dernier. En 2024, avec le nouveau terminal et le mode de chargement Modalhor, le trafic passera à cinq aller-retour pour Calais, six pour Valenton, deux pour Bettembourg et deux pour Poznań. Soit une augmentation de 30% du volume de trains. »

En 2022, ce trafic, en lien avec les autoroutes maritimes reliant la Turquie (Yalova) à Sète, a déchargé 110.000 remorques à travers cinq escales maritimes par semaine. Depuis le 5 avril dernier, une 6e escale en provenance d'Izmir a été mise en place, passant le potentiel de remorques à 160.000 par an.

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A Sète, « un travail collectif »

« L'Occitanie est clairement une des régions françaises ayant développé une logique de cohabitation et de démonstration de ce que le fret ferroviaire peut apporter pour l'industrie locale tout en réduisant le transit des camions sur la route, souligne Frédéric Delorme. Aujourd'hui, il y a une réelle demande sociétale et de la part des entreprises de transports qui souffrent d'une pénurie de chauffeurs routiers. En Occitanie, on observe un intérêt pour l'industrie sur le port de Sète ou de Port-la-Nouvelle, pour le transport multimodal via les autoroutes ferroviaires et deux plateformes importantes à Sète et au Boulou, mais aussi pour l'industrie régionale à Toulouse ou dans l'Ariège... La présidente de Région Carole Delga veut une région à énergie positive et je rappelle que le rail émet neuf fois moins de CO2 et consomme six fois moins d'énergie pour une tonne de marchandise transportée... On ne dit pas que le rail doit remplacer toute la route, mais il est disponible, décarboné et frugal en énergie nativement, et il permet de dé-saturer la route. L'exemple de Sète est représentatif car c'est aussi un travail collectif : la Région s'implique, les ports de commerce mais aussi l'armateur DFDS (armateur danois qui a regroupé à Sète ses activités du port de Sète et du port de Toulon, soit 80.000 remorques et conteneurs qui transitent par l'infrastructure sétoise chaque année, NDLR), les dockers, les douanes.

L'opérateur VIIA est par ailleurs mobilisé au Boulou où il va investir « sur la ZAE d'Encavaillès pour y faire une zone de délestage où pourront stationner les semi-remorques et les trains le temps du chargement, soit 1h30 pour un train complet, ce qui évitera de saturer la gare ferroviaire du Boulou », explique Frédéric Delorme.

Cécile Chaigneau

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