"Le Languedoc-Roussillon vit les prémices de la révolution NBIC"

L'Ordre régional des experts-comptables a réuni 400 décideurs économiques et politiques, le 6 mars au Domaine de Verchant à Montpellier, pour sa 5e soirée de lancement du baromètre Écozoom. En vedette : l'économiste Nicolas Bouzou, venu parler sans tabou de la fusion avec Midi-Pyrénées.
C-A. Schwerer, J-C. Gallo, N. Bouzou, P. Sauveplane, J-L. Ribes, G. Mollaret

Philippe Sauveplane, président de l'Ordre des experts-comptables (région Montpellier), a prévenu d'emblée: l'analyse des enjeux de la fusion entre Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon est "une question de lucidité". Il n'a pas déçu.

Écozoom mars 2015

Intervenant lors d'un débat animé par Jean-Claude Gallo, vice-président de La Tribune et directeur de la publication d'Objectif Languedoc-Roussillon, l'économiste Nicolas Bouzou a d'abord balayé tous les facteurs positifs tirant actuellement la croissance mondiale : la baisse du prix du pétrole et des matières premières, qui rebooste notamment le pouvoir d'achat des ménages ; la baisse de l'euro face au dollar et au franc suisse, qui renforce la compétitivité de la zone euro et de la France ; et les niveaux faibles des taux d'intérêt.

Nicolas Bouzou a ensuite noté que les plus fortes croissances s'opérent aujourd'hui dans le secteur des NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives), "ce qui suppose des choix rationnels restant à faire dans nos modes d'organisation".

"Une région comme le Languedoc-Roussillon vit les prémices de ce grand cycle de croissance lié aux NBIC à travers les progrès qu'enregistre le secteur santé : en imagerie, génétique, chirurgie, etc. Cependant, même le génie français n'arrive pas à réorganiser l'hôpital. Face à ces mutations rapides, il nous faut donc des politiques publiques plus fines, proches des réalités locales, qui permettront de régionaliser le soutien à l'innovation, la politique de formation, etc. L'axe de la fusion des régions n'a pas ma préférence, car l'Allemagne performe tout en conservant des Länders de petite taille : il n'y a donc pas de taille optimale à cet échelon."

L'économiste relève toutefois une stratégie régionale à rebours du tempo adopté par le gouvernement de Manuel Valls, avec notamment les récentes lois Macron :

"Depuis l'an 2000, votre région mise tout sur l'économie résidentielle, une stratégie visant à attirer de nombreuses populations, qui vont s'installer, consommer, etc. Or cela va à l'encontre de la nouvelle politique de l'offre impulsée au plan national depuis deux ans, qui favorise la production et l'export. Ceux qui ont tout misé sur la demande intérieure sont en porte-à-faux."

Écozoom mars 2015

L'enjeu de la fusion

Charles-Antoine Schwerer, membre du cabinet Astéres dirigé par Nicolas Bouzou, a rappelé quelques chiffres mis en évidence dans cette dernière édition d'Écozoom : avec un taux de chômage à 14 % sur 2014, la région accuse le plus fort recul de l'emploi. Trois secteurs historiques sont en panne : la construction affiche 8 % de mises en chantier en moins ; le tourisme 2 % de fréquentation en moins également ; et la production viticole chute aussi de 10 %.

 "Avec la fusion des régions, tout se passe comme si le législateur pensait faire converger les économies de 2 régions d'un coup de baguette magique, affirme-t-il. C'est totalement faux. La vraie question à se poser est : ces régions ont-elles les mêmes enjeux ? Midi-Pyrénées s'appuie sur une économie productive, qui en fait la 3e région la plus exportatrice de France, avec 44 Mds € d'excédents... certes réalisés avec un seul produit : l'Airbus. Mais le Languedoc-Roussillon n'a que son économie résidentielle. Le mariage entre les deux a un côté loufoque. Il faut encore que les gens se parlent, que les entreprises génèrent des échanges, ce qui n'a rien à voir avec une fusion."

"Nous mesurons tous les jours ces difficultés sur le terrain, confirme Philippe Sauveplane. Les entreprises souffrent, certaines ont épuisé leurs fonds propres. Des secteurs tels que la construction sont en grande difficulté. Mais il existe quelques niches, comme le numérique ou la recherche, qui constituent un terreau favorable."

Autre secteur prometteur, mis en lumière dans le nouvel Écozoom : l'ESS, qui a créé 1 100 emplois dans la région en un an. La confirmation a été apportée par le dernier témoin de la soirée : Jean-Louis Ribes. DSI (Distribution Services Industriels), sa société basée à Blagnac (31) emploie 550 salariés, dont 86 % en situation de handicap. Elle fournit la moitié des entreprises du CAC 40, et affiche un taux de rentabilité de 10 %.

Retrouvez le nouvel Écozoom dans le numéro d'Objectif Languedoc-Roussillon actuellement en kiosque.

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Commentaire 1
à écrit le 29/03/2015 à 9:56
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La réunion du Haut Languedoc et du Bas Languedoc serait loufoque selon Mr Bouzou ! Ca ne serait pas plutôt ces clubs d'économistes qui se contredisent tous que l'on pourrait qualifier ainsi ?

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