Après les masques, Prism diversifie son offre avec des solutions de désinfection

Spécialiste de la protection contre le risque sanitaire et microbien, Prism limite la casse sur le marché du masque en lançant des gammes complètes d’équipements médicaux (charlottes, chaussons…). Pour asseoir son développement, la société héraultaise, qui commercialise depuis le printemps des appareils de nettoyage et de désinfection, vise un déploiement international.
Le fondateur et dirigeant de Prism, Christian Curel, était au salon Medica à Düsseldorf (du 13 au jeudi 16 novembre 2023), référence dans le secteur de la santé, pour  étudier le marché allemand.
Le fondateur et dirigeant de Prism, Christian Curel, était au salon Medica à Düsseldorf (du 13 au jeudi 16 novembre 2023), référence dans le secteur de la santé, pour étudier le marché allemand. (Crédits : DR)

Un an après avoir tiré la sonnette d'alarme sur la filière française du masque qu'il jugeait en grand danger, Christian Curel, le fondateur de la société Prism (Protection contre les Risques Sanitaires et Microbiens), dénonce toujours la même politique de dumping qui favorise les masques d'importation.

« Cette année, sur la dizaine de sociétés françaises spécialisées dans les masques, deux ont été liquidées et une troisième est en redressement judiciaire, s'inquiète le dirigeant. La clause de préférence européenne ne s'applique que très peu pour les appels d'offres hors santé et certains fabricants sont contraints de baisser leurs prix, donc de vendre à perte. Je ne décolère pas quand je vois que, deux ans après la clause ministérielle, le ministère des Armées n'a pas voulu refaire d'appel d'offre et a commandé, en septembre dernier, 16 millions de masques d'importation ! »

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Des perspectives encourageantes...

Malgré un contexte ultra tendu, Christian Curel dit avoir réussi à amortir la casse sur son activité de production de masques en ciblant, dès le début, le secteur de la santé. Mais il dit néanmoins avoir perdu 75% de son chiffre d'affaire en 2022 et avoir dû licencier la moitié de ses collaborateurs.

« En janvier 2022, avec les intérimaires, nous étions 25 contre 13 aujourd'hui, déplore-t-il. Depuis juin dernier, la production se fait de manière aléatoire car les hôpitaux publics et privés avec lesquels nous travaillons ont encore du stock. Mais dès 2024, ces stocks auront diminué et les masques chinois achetés pendant la crise sanitaire arriveront en péremption. Je reste optimiste et j'ai déjà en perspective, dès 2025, un important marché avec l'AP-HP (CHU d'Ile-de-France, NDLR). »

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... mais une fin annoncée de la TVA à 5,5%

Sur sa chaîne de production à Frontignan (Hérault), dont la capacité à plein régime est de 120 millions de masques par an, Prism a investi plusieurs milliers d'euros pour lancer l'industrialisation de masques FFP2 spécialement conçus pour les enfants.

« L'INRS a rédigé un rapport déconseillant le port des masques FFP2 à pli vertical et attaches derrière les oreilles dans la prévention de maladies, notamment pour les enfants immunodéprimés, détaille l'entrepreneur. Nous avons donc lancé une ligne spécialement adaptée pour eux. »

En parallèle, la société vient  d'élargir son offre avec la fabrication de charlottes et de sur chaussures. Mais la fin programmée de la TVA à 5,5%, prévue en décembre 2023, pourrait une nouvelle fois plonger la filière dans le désarroi.

« Passer à une TVA à 20% serait un nouveau coup dur pour la filière française car le prix de nos masques subira de fait une augmentation et nous serons encore moins compétitifs dans les appels d'offres qui ne jouent que sur les clauses de prix, s'inquiète Christian Curel. Nous avons sollicité de Bercy un rendez-vous, nos demandes restent sans suite. »

Traitement des punaises de lit

Pour se diversifier tout en restant dans son secteur d'activité, Prism commercialise depuis le début de l'été une gamme de nettoyeurs à vapeur - deux versions, les DVAP 2000 et 5000 vendues entre 3.000 et 5.000 euros -, pour désinfecter les surfaces. Très polyvalents, ces nettoyeurs peuvent être utilisés dans de nombreux contextes : secteurs hospitaliers et médicaux, restauration, hôtellerie, centres de fitness, écoles, bureaux...

« Le nettoyage par vapeur diminue le risque de développement des résistances bactériennes dues aux détergents chimiques, assure l'entrepreneur. Les protocoles sont facilités et nous avons volontairement conçu une gamme simple d'utilisation et très robuste, contrairement à nos concurrents qui ont misé sur l'electronique dans la poignée mais ont des pannes fréquentes. »

Face au buzz sur les punaises de lit, Prism a mis au point un appareil spécifique de traitement, toujours par vapeur : « La vapeur agit efficacement aussi bien sur les larves, les œufs et les punaises adultes sans ajout de produit chimique, affirme Christian Curel. Cette méthode est très efficace et non toxique ».

Traçabilité de désinfection

La société héraultaise a déjà écoulé une trentaine d'appareils mais elle mise surtout sur ses valeurs ajoutées à venir, comme un tuto en ligne dont il suffit de scanner le QR code pour accéder aux fiches techniques ou à la vidéo.

« Nous préparons également le lancement, début 2024, d'une application sur smartphone qui permettra de faire la traçabilité de désinfection des dispositifs mais aussi de mesurer les performances économiques, confie Christian Curel. Notre équipe R&D travaille aussi sur de nouvelles caractéristiques pour la poignée de nos appareils et nous allons développer une gamme d'accessoires complémentaires. La gamme de désinfectants représente aujourd'hui 30% de notre chiffre d'affaires mais nous avons de fortes ambitions sur ce marché, notamment à l'international. Nous allons commencer par l'Europe et nous avons d'ailleurs déjà démarré en Suisse avec un distributeur et nous avons profité de notre participation au salon Medica à Düsseldorf, une référence dans le secteur de la santé (du 13 au jeudi 16 novembre 2023, NDLR) pour  étudier le marché allemand. »

Pour se donner la capacité d'élargir ses gammes de produits et de booster son département R&D, Prism vient de doubler son capital, passant ainsi la barre du million d'euros. Si tout se passe selon ses prédictions, l'entreprise, qui a réalisé 1,5 millions d'euros en 2022, pourrait recruter une quinzaine de collaborateurs d'ici fin 2025.

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